Rien ne prédestinait Ibrahima Diallo, à devenir acteur. Et pourtant, le jeune boxeur belgo-guinéen est à l’affiche de « Numéro 10 », le dernier long-métrage de Prime Vidéo, réalisé par David Diane, en ligne depuis le 26 janvier dernier.

Dans ce film, il incarne Oussmane Diallo, jeune pépite du football mondial, qui se retrouve contraint de choisir entre porter le maillot des bleus ou celui du Sénégal. Une histoire un tant soit peu similaire à la sienne. De passage à Paris, l’acteur s’est confié au Bondy Blog. L’occasion pour lui d’évoquer ses premiers pas au cinéma, sa carrière de boxeur et ses projets en Guinée.

L’amour du sport avant les premiers pas sur les plateaux de cinéma

« J’ai été contacté par une fille sur Instagram. Elle m’a parlé du film en disant que je correspondais au rôle d’Oussmane. J’ai tenté et envoyé ma candidature. Après un casting par Zoom et ensuite à Paris, on m’a rappelé pour me dire que j’étais pris dans le film », résume Ibrahima.

Le moins que l’on puisse dire est que le jeune belge ne s’est pas fait prier pour saisir l’opportunité. Né d’un père guinéen et d’une mère belge, c’est du côté de Bruxelles que le jeune Ibrahima fait ses premiers pas.

Véritable pile électrique, il décharge très tôt toute son énergie dans le sport. Comme bon nombre d’enfants avant lui, Ibrahima rêve d’être une star du foot. « J’ai toujours été un fan de sport. Quand j’étais petit, je voulais faire les jeux olympiques. J’ai commencé par le foot en espérant un jour être le numéro 10 d’Arsenal ! (rires) », confie-t-il.

Fils d’une ancienne gloire de la boxe africaine, c’est tout naturellement qu’Ibrahima finit par suivre les pas de son père. À l’âge de quinze ans, il foule à son tour les rings. « J’étais un garçon assez turbulent et la boxe m’a canalisé. Ça m’a discipliné et j’ai pu terminer mes études, parce qu’au départ, j’étais très mal parti », lance-t-il. Il est pourtant difficile de croire que le jeune homme très détendu et au sourire rayonnant ait pu par le passé, être nerveux. « La boxe m’a apporté une certaine rigueur, qui m’aide dans tout ce que j’entreprends. »

La Guinée dans le cœur

Deux ans après la sortie de « Classico », Prime Vidéo revient donc avec le sujet sensible du choix de la sélection pour les footballeurs bi-nationaux. Alors même que la Coupe d’Afrique des Nations vient d’être remporté par la Côte d’Ivoire, ce sont très souvent les joueurs issus de différentes diasporas africaines qui sont soumis à cette pression du choix. Parmi eux, Nabil Fekir, Riyad Mahrez, ou encore Didier Drogba en son temps, dont les choix de sélection avaient fait couler beaucoup d’encre à l’époque.

Bien qu’il ne soit pas devenu footballeur professionnel, la quête d’identité et le métissage de ses deux cultures a longtemps interrogé Ibrahima. « Je n’ai pas été aussi tiraillé que mon personnage. Il y avait quelques similitudes, et j’ai pu entendre des choses blessantes », se rappelle-t-il. « En Guinée, certains me percevaient comme un blanc bien que je m’y rende très souvent et que je parle la langue. En Belgique, on me considérait comme un noir, en raison de mon prénom. C’est ce que traversent tous les métis. Aujourd’hui, j’accepte totalement qui je suis », assure Ibrahim.

Contrairement à son personnage, l’Afrique n’est pas une terre inconnue pour Ibrahima. Depuis tout jeune, il passe ses vacances en Guinée et reste très attaché à la terre de son père. À tel point qu’il porte haut et fier les couleurs de ce pays sur le plan sportif. Passé tout près d’une qualification aux JO de Tokyo, Ibrahima s’épanouit dans sa carrière de boxeur professionnel. Avec 10 victoires à son actif et un titre de champion d’Afrique des poids super-moyen.

Parallèlement à tout cela, il ambitionne de développer plusieurs salles de boxe sur le continent afin de promouvoir ce sport. « Ça me faisait mal de voir mes cousins guinéens vouloir tout quitter pour rejoindre l’Europe ! Il y a tellement de choses à faire en Afrique, et je souhaitais leur montrer les opportunités. Avec mon manager, on voudrait lancer des académies dans toute la Guinée puis l’Afrique. La première est actuellement en construction dans le village de Mali, la terre de mes grands-parents. »

Depuis la sortie du film, Ibrahima a d’ores et déjà été contacté pour d’autres rôles, mais reste cependant concentré sur la conservation de son titre de champion d’Afrique. L’avenir nous dira si, à son tour, il sera de ces sportifs talentueux qui ont réussi avec brio à mener une belle carrière dans le cinéma.

Félix Mubenga

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