On ne peut pas réduire le mouvement Hip Hop à une série de paroles et de sonorités assemblées le temps d’une chanson. Le Hip Hop est aussi un art pictural que l’on nomme en langage urbain : graffe ou graffiti. Henry Hang a tenté de nous le démontrer lors d’un vernissage, durant lequel il s’est efforcé d’expliquer, plus en profondeur, ses œuvres d’art.

Henry Hang, Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir le graffe et la peinture, sachant que tu as été auparavant rappeur et danseur ?

Henry Hang. Je savais à l’époque que la peinture allait exploser, l’art pictural est un patrimoine français de haute valeur. Aussi, je me sentais bien plus à l’aise dans la peinture qu’autre chose. Il faut comprendre que quelqu’un de 40 ans danse moins bien qu’un jeune homme de 20 ans, alors que dans la peinture c’est l’inverse, on est plus pointu à 40 ans. L’âge a joué un rôle dans ma décision.

Est-ce que tu as suivi une formation universitaire pour devenir l’artiste que tu es aujourd’hui ?

Non pas du tout. Je suis ce qu’on appelle dans le métier un autodidacte. C’est-à-dire, une personne qui s’est formée par elle-même, sans passer forcement par une école spécifique. Malheureusement, je n’avais pas les moyens d’intégrer de grandes écoles d’art, je me suis débrouillé en me cassant la tête à parcourir des musées comme celui du Louvre. Je regardais les coups de pinceaux, pour analyser dans quels sens ils allaient, j’apprenais les formes et les couleurs sur une toile.

Dans le domaine du graffe, qu’est-ce qui constitue ta spécificité, quelle est ta signature artistique ?

Je travaille comme les graffeurs, à la bombe, sur des thèmes différents, mais j’utilise surtout pour mes toiles de la peinture à l’huile. Mais il faut bien l’avouer, cette dernière n’est pas trop aimée par les graffeurs. Il faut du temps pour que la matière sèche. L’aquarelle, la gouache, la bombe, c’est ce qu’ils préfèrent utiliser. Je me distingue d’eux puisque je fais énormément de portraits, très réalistes, de chanteurs ou de danseurs.

Combien de temps faut-il pour peindre une de tes œuvres  ?

Je prends en moyenne six heures de temps pour accomplir une peinture. Bien sûr, il y a un travail au préalable à faire, l’œuvre doit être présentable. La peinture à l’huile est un peu la Rolls Royce des peintures. Il y a quelque chose de spécifique avec celle-ci.  Après avoir terminé un travail, je peux revenir dessus trois mois après, avec une technique que les plus grands peintres utilisaient. Ça me permet de faire ressortir des aspects ou des couleurs qu’on ne percevait pas avant. C’est ce qui construit ma spécificité, j’ai un pied dans l’art contemporain et un pied dans le graffiti.

Propos recueillis par Jimmy Saint Louis

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