Le Comic Nanas Band, créé en juillet 2011, est un plateau composé de 17 filles. Chaque mercredi, 4 nanas se partagent la scène du Café Théâtre Popul’Air du Reinitas, dans le 20ème arrondissement.

Un mercredi soir, je décide de me rendre au Café Théâtre Popul’Air car j’ai envie de découvrir ces humoristes qui se font payer au chapeau. Arrêt de métro Miromesnil, je remonte une rue, longe une cathédrale, passe un pont, marche un peu et me voilà devant le café théâtre. Début de mission réussi : j’ai trouvé le lieu!

J’entre, ambiance feutrée, pas trop de monde mais une certaine sérénité se dégage. Des tables et des chaises comme dans n’importe quel café, je me demande alors où se livrent les spectacles… J’observe l’endroit, sa décoration plutôt originale m’interpelle. Je scrute chaque recoin lorsque l’on m’avertit que le Comic Nana Band va donner sa représentation. On m’invite à entrer dans le fameux théâtre, séparé du reste du café par une porte.

Je  suis un peu étonnée par la petitesse du lieu. A vue d’œil, je suppose que ce théâtre peut contenir à peu près 40 personnes. Cependant, seules 4 personnes se trouvent assises, au premier rang, prêtes à découvrir le spectacle. Je m’installe au fond, seule. Le régisseur est en place, au fond de la pièce, juste derrière les derniers bancs où le public est censé être assis. Il annonce, avec  punch, les 4 demoiselles. Place au spectacle ! Elles commencent leur représentation ensemble sur scène avec une chorégraphie collective. Leur façon de se mouvoir me met déjà le sourire aux lèvres.

Chacune, les unes après les autres, fait son sketch, seule. Des transitions, entre chaque artiste, sont finement recherchées et ajoutent un grain d’humour au spectacle. Chacune a son style ! Les spectateurs se comptent certes sur les doigts d’une main mais les rires sont au rendez-vous ! Plongée dans chacun des sketchs, j’en oublie le petit public que nous constituons. Elles ont réussi à me faire entrer dans leur univers respectif et surtout à me le faire apprécier. Je ris fort, j‘oublie que je ne peux pas me fondre dans la masse inexistante mais tant pis, je profite pleinement de ce moment !

Alexandra Pardo, 30 ans, arrive à nous faire rire tout en nous parlant principalement de politique, d’actualité.  Ses thèmes abordés ont évolué : « au début, j’ai commencé par des sketchs où je racontais un peu ma vie, l’Amérique du sud, je parlais des clichés et puis en fait, j’ai vite fait le tour. A un moment, j’ai eu envie de parler de choses qui me tenaient à cœur. C’est aussi pour ça que je fais ce métier, c’est pour dire des choses, pour parler aux gens et faire peut-être passer des messages. Pour l’instant, ce sont des petits messages. » Alexandra, d’abord comédienne dans une troupe, a dû se contenter de petits rôles. Cependant, elle nous explique son saut du théâtre au one man show : « moi, j’avais envie de jouer, j’avais vraiment des choses à dire. C’est à partir de là que j’ai commencé à écrire mes sketchs et à les mettre en scène, seule. Quand on fait du one man show, on a besoin de personne, que de soi ». La vie professionnelle de cette jeune artiste est plutôt remplie : stand up, cours de théâtre donnés via son association Fragaria, représentations au sein du cabaret qu’elle a monté avec des copains : le Poulpe Pourpre. De plus, pour éviter de raconter les mêmes choses que les autres, pour trouver son originalité, Alexandra prend le temps de roder ses sketchs dans les scènes ouvertes parisiennes : « j’ai envie que ce soit béton, je veux des sketchs blindés. »

Nadia Alami, 33 ans, se sert de sa double culture franco-marocaine pour mettre en scène les différences culturelles entre ces deux pays, vues de la part d’une marocaine : Latéfa. Ce personnage naïf et attachant nous fait pouffer de rire. Nadia a d’abord fait partie d’une troupe de théâtre mais « ce qui m’a emmené au one man show, c’est la rigueur du travail, c’est-à-dire que si on réussit ou pas, on s’en prend qu’à soi. On ne dépend pas du travail des autres et le travail en troupe ne m’avait pas trop plus parce que, des fois, le partenaire n’apprend pas son texte, il est pas forcément rigoureux. Du coup, j’ai eu envie de commencer quelque chose seule sur scène et d’être la seule responsable de mon travail», m’explique-t-elle. Ingénieur commercial dans les ascenseurs pendant cinq ans, elle travaillait 12 heures par jour, et n’arrivant pas à combiner les deux, elle a choisi de prendre un an de congé sabbatique, puis a demandé un accord pour être licenciée de son entreprise. Autant dire qu’elle se donne tous les moyens ! Nadia fait aussi des scènes ouvertes dans Paris afin de rôder ses sketchs, son spectacle étant en construction. Son objectif est de finir d’écrire son spectacle mais surtout de « montrer au public un spectacle qui [lui] ressemble et dans lequel [elle] s’amuse »

Camo, 28 ans, est partie, l’été dernier, roder son spectacle « Amour quand tu nous tiens… pas » au festival d’Avignon. « Ce fut extraordinaire de pouvoir jouer tous les jours, pendant un mois. Je m’en suis servie comme laboratoire. Le spectacle était neuf, j’ai découvert la réaction des spectateurs. Ce fut une super expérience, très fatiguante mais je sais que j’ai gagné un an de travail en participant à ce festival.» Elle nous explique le contenu de son spectacle « mon personnage est une grosse naïve qui enchaîne les taules avec les garçons mais qui prend ça toujours très bien, avec un grand sourire. » Fous rires assurés ! D’autre part, « il y a 5 ans, j’avais un autre spectacle : « Vierge et rebelle », qui était très trash, qui ne me correspondait pas tellement et j’ai décidé d’arrêter le spectacle. Je voyais que ça ne prenait pas, que les gens ressortaient choqués. Je l’ai mal vécu, j’ai tout arrêté pendant 3 ans et il y a un an et demi, j’ai repris l’écriture pour ce nouveau spectacle et j’ai foncé à Avignon pour jouer, jouer à fond, rebosser mon spectacle avec quelque chose qui me plait et que j’ai envie de défendre. » Camo, déterminée et travailleuse, a commencé à « l’école du one man show » au café théâtre Le Bout, à Pygalle. Elle a pris des cours pendant 3 ans et fait maintenant partie de la « comic académie.

Perrine, 33 ans, épanouie, fait du one man show depuis 3,4 ans. Elle est comédienne professionnelle depuis 6,7 ans. Lors d’un stage de théâtre, elle rencontre un garçon avec qui elle monte un duo. Ils ont tourné ensemble pendant 2 ans à peu près, puis se sont séparés. L’envie de continuer la scène toujours présente, elle se lance alors seule sur scène. « Dans mes sketchs, les personnages un peu looser, qui subissent les foudres des dieux, sont souvent présents. Pour écrire un sketch, je ne me mets pas sur table avec un papier, je travaille en impro et ce qui me semble bien, je le garde et je construis ensuite l’univers autour du personnage, au fur et à mesure des répétitions.» Habitée par le besoin de jouer régulièrement sur scène, Perrine offre ses sketchs tous les samedis au Théâtre Popul’Air. « Cela permet de jouer sans trop dépenser d’argent, sans avoir une production à la base et ça permet donc de démarrer. » A côté, Perrine est professeur de théâtre et de clown. Elle travaille aussi avec les éditions Hatier : « je joue régulièrement des personnages de livres pour enfants. Je vais à la rencontre des lecteurs chez les libraires. A partir d’un bouquin, je fais une mise en scène, je répète et je fais un petit spectacle. »

Ces 4 nanas, très différentes, ont un point commun : une grande amitié ! Une réelle bonne ambiance plane entre ces artistes. Elles ne gagnent pas beaucoup d’argent mais leur colonne vertébrale reste le travail. Toutes déterminées à réussir, elles travaillent dur pour nous faire rire!

Rajae Belamhawal

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