« Les cités de Seine-Saint-Denis ne sont pas remplies de dealers ! On ne se fait pas agresser quand on y passe et on ne se fait pas tirer dessus en permanence ! », pose Isabelle Cosyns, responsable du Développement Social Urbain (DSU) chez CDC Habitat. C’est dit. Le festival “Regard Neuf 3”, qui s’ouvre ce vendredi 16 juin, a pour ambition de faire tomber les clichés et d’offrir de bons moments aux habitants des HLM de Seine-Saint-Denis.

Organisé par une vingtaine d’offices HLM du département, « ce festival montre au reste de la France que le 93 est rempli de talents », explique Isabelle. En poste depuis trois ans dans le secteur de Pierrefitte, elle œuvre depuis la conception du festival depuis sa première édition.

Zahia Ziouani comme marraine de prestige

Le festival propose une diversité d’activités jusqu’au 25 juin prochain : de l’initiation au MMA, des expositions photos ou encore du funambulisme. Et cette année, l’événement est marrainé par la cheffe d’orchestre, Zahia Ziouani. Son parcours singulier a inspiré le film « Divertimento », sorti en salles début 2023, qui casse, lui aussi, quelques clichés sur les quartiers.

Zahia Ziouani a tout de suite accepté d’être la marraine de cette édition : « Nous voulions une marraine qui connaît bien le 93 et, en plus, elle n’a pas été difficile à convaincre », raconte Isabelle. Et qui d’autre que la pantinoise en guise d’ambassadrice de luxe de cette édition.

Fille de parents algériens, la joueuse d’alto est la quintessence de la diversité du département où elle réside toujours, comme le rappelle Isabelle. « Elle est la figure de la diversité culturelle que produit le 93. D’habitude, le département est réputé pour être une terre de rap, pourtant elle a excellé dans la musique classique et elle est reconnue dans le monde entier. »

Impliquer les habitants des HLM

Dix mois auront été nécessaires pour mettre en place le festival. Dans un premier temps, il a fallu réunir des sponsors, déterminer les villes où accueillir les évènements. Un choix loin d’être évident et qui a ravi des collectivités au détriment d’autres. « Ça n’est jamais évident de choisir les lieux. Avec les deux premières éditions, nous avions laissé de beaux souvenirs chez les habitants de certains quartiers. Lorsque je m’y rends, les élus et les habitants me demandent souvent quand est-ce qu’on revient », rapporte Isabelle.

Au-delà de déconstruire les clichés qui ternissent le 93, les organisateurs du festival mettent un point d’honneur à ce que les habitants des quartiers soient pleinement investis dans ce projet. « Notre but est que les habitants des quartiers n’aient plus la crainte d’aller à Paris ou ailleurs pour avoir accès à la culture. Nous voulons aussi que les personnes vivant hors de Seine-Saint-Denis viennent aux événements et se rendent compte de la richesse et de la diversité du département. »

« La banlieue influence Paname, Paname influence le monde », dit le refrain du titre Grand Paris. Avec de tel événement, cet adage a encore de très beaux jours devant lui.

Félix Mubenga

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