Mardi 16 juin, 13h45, je n’ai toujours pas d’article pour la sortie, aujourd’hui, du film « Les lascars ». Depuis deux jours, cherchant à l’interviewer, j’harcèle sur ses deux téléphones mon ami Ismaël, qui est un des pères fondateurs de la série du même nom diffusée auparavant sur Canal +. Enfin un message de sa part. Il m’explique être très occupé, il a une interview à Radio Nova jusqu’à 17 heures, suivie d’une projection du film en avant première à La Défense à 19 heures. Je réussis à me placer entre ses deux rendez-vous, à 17h30, à la station de métro Strasbourg-Saint-Denis.

Il arrive avec 30 minutes de retard en s’excusant, on monte direct dans son bureau. Il me présente l’équipe des « Lascars ». Ils ont l’air sympa, il y a les graphistes, l’un des scénaristes, certains jouent à la console, les autres sont derrière leurs gros ordinateurs Appel. L’ambiance est détendue, on ne dirait pas que leur film sort sur grand écran dans à peine 24 heures. On se met dans une pièce à côté pour effectuer l’interview.

Je demande à Ismaël de se présenter : « Moi, c’est IZM dans la série. Pour le film, je suis coscénariste, je m’occupe de la direction des vois avec Albert Mazot et je suis la voix de José Frelate qui est un des personnages principaux. »

Comment l’aventure des « Lascars » a commencé ?

A la base, on est une bande de potes qui évoluaient dans le mouvement hip hop. Il y avait Lalo, El Diablo, numéro 6, Alexis, Lucien, Pozla et moi-même. Beaucoup d’entre nous venaient du graffiti comme Numéro 6 et El Diablo qui avaient décidé de faire l’Ecole des Gobelins afin de vivre de leur art. Un jour, un producteur, Noël Kaufman, propose de faire un projet hip hop à Alexis et Numéro 6. El diablo, lui, faisait des bandes dessinées dans « Psychot ». On a adapté le bref d’El Diablo en dessin animé, ce qui à donné naissance à la série. Elle a d’abord eut une diffusion sur Canal +, puis sur MCM.

Pourquoi une série aussi courte ?

On avait pas mal de liberté, on n’avait pas de scénario à suivre. Les bandes dessinées d’El Diablo tenaient sur une page, c’est cela qu’on a voulu reproduire.

Comment avez-vous eu l’idée de faire un film ?

A la base, le producteur Noël Kaufman voulait faire un film en 2000 déjà, sur la base de la première saison de la série. Mais ça demandait beaucoup d’argent. Ça coûte cher, car dans chaque épisode il y avait des nouveaux personnages et de nouveaux lieux à dessiner. Pour le film, il a été très difficile de trouver le financement, c’est pour cela qu’il y a fallu neuf ans entre la première saison et la sortie, aujourd’hui, du film. Entre-temps, il y a eu la deuxième saison de la série.

Qu’as-tu fais entre la première saison et le film ?

C’était la débrouille, j’ai effectué beaucoup de petits boulots comme pion, éducateur dans des foyers et j’étais sur des projets musiques également »

Revenons au film, quel en a été son budget ?

Le film a coûté 7 millions d’euros, ce qui n’est pas élevé pour un film d’animation.

Etais-tu obligé d’introduire des voix connues : Vincent Cassel, Omar et Fred ou encore Diams ?

Il faut des professionnels, des vrais comédiens pour donner leurs voix à des personnages dans un film d’animation. On n’est plus sur un bref d’une minute. De plus, ils ont accepté direct le projet ce qui nous a aidé à trouver le financement du film. Il ne faut pas se mentir, le fait d’avoir de tels artistes fait vendre.

Comment s’est passé le tournage avec ces célébrités ?

C’était un exercice nouveau pour eux d’effectuer des voix, à part pour Vincent Cassel. Et ce sont tous de vrais bosseurs. Nous avons d’abord enregistré les voix en studio puis les graphistes se sont mis aux boulots ; ils avaient une grande liberté, ce qui a permis d’enrichir les personnages. Je tiens à dire que nous avons choisi des artistes qui avaient une certaine crédibilité dans la rue et qui correspondait à notre univers.

Le film va-t-il sortir dans d’autres pays comme ce fut le cas pour la série ?

Tout d’abord, il sortira dans les pays francophones, Suisse, Belgique, Luxembourg, il y a des projets d’adaptions pour la Pologne et l’Allemagne. Après, tout dépendra du succès du film en France.

Penses-tu qu’il y aura un « Lascars 2 » ?

Encore une fois, cela dépend du succès en France, j’aimerais bien qu’on réalise la troisième saison de la série et un deuxième film pour le cinéma.

Et le premier qui sort mercredi, tu en dis quoi ?

En toute modestie, le film est très bien, allez le voir.

Il est 18h45, je remercie Ismaël pour son interview, je file à Bondy à la réunion hebdomadaire du Bondy Blog et puis je taperai mon papier ce soir (hier soir).

Propos recueillis par Ibrahim Diallo

Ibrahim Diallo

Articles liés