À 38 ans, Claire Biju-Duval, documentariste de Romainville (93), fait le tour des classes pour rendre hommage et remettre en scène Chaplin. 

9 h 00 sonne, une femme fait irruption dans la salle de classe… Les cheveux châtains, mi-longs, le visage fin, cette titi parisienne se faufile timidement entre les chaises, les tables face au tableau lançant des regards bienveillant. C’est Noël avant l’heure dans cette école élémentaire de Noisy-le-Sec (93), elle vient les bras chargés de goûters sous la clameur des enfants assis autour des tables en U. Ils fêtent la fin d’une aventure, le tournage d’un film rendant hommage au célèbre Charlot. clown tristeOriginaire de Boulogne Billancourt, elle clown tristepart vivre 10 ans dans l’Aube … Ça s’en va et ça revient comme un boomerang, comme disait l’autre. Mais c’est à Romainville (93) que Claire Biju-Duval décide de jeter l’ancre. Elle suit une scolarité normale, jusqu’au bac. « C’est au moment de l’orientation en terminale que j’ai fait mon choix. Il y avait trois choses qui me plaisaient : la magistrature, la psychiatrie et le cinéma… J’étais passionnée depuis toute petite, par les films des années 50′ avec des acteurs comme Franck Capra, Charlie Chaplin, James Stewart ».

Ses yeux clairs s’allument  quand il s’agit de parler de cinéma. Les films en noir et blanc la berce et influence sa poursuite d’étude. Elle se lance alors dans un BTS audiovisuel pour se rapprocher un peu plus de sa vocation. « Je me suis lancé dans la  réalisation parce que j’aime bien raconter des histoires ! sourit-elle. Quand j’étais petite je voulais être écrivain pour enfant. J’ai réussi à trouver un compromis car j’utilise l’image pour raconter des histoires. Petite, le cinéma était pour moi une échappatoire parce que j’ai été élevé dans une famille extrêmement traditionnelle. Je viens plus précisément du documentaire, le cinéma du réel, je fais des films sur la vie des gens. J’adore m’ouvrir sur le monde, traiter des sujets que je ne connais pas du tout. »

le voleurLe ton change, l’assurance monte quand on rentre dans le vif du sujet : la réalisation. En parallèle, avec l’aide de son association « l’Atelier 76 », une équipe de professionnels du cinéma, ils lancent un projet : Ciné-pousse. Il s’agit d’un atelier de cinéma de réalisation de film destiné aux enfants de classe élémentaire de la Seine-Saint-Denis, pour les ouvrir à l’art et la culture à travers le cinéma burlesque. C’est la troisième année qu’elle parcoure les classes du département, en novembre elle jette l’encre et sa bobine sur la CLIS (Classe d’inclusion scolaire) à Noisy-le-Sec. « C’était  la première fois que je travaillais avec des enfants en situation d’handicap. Je suis arrivé dans cette classe CLIS car on travaillait sur des projets similaires avec l’institutrice. Le Trianon [salle de cinéma, celle de la Dernière séance] de Romainville et l’inspection académique nous a donc mis en contact. Ciné-Pousse est le fruit d’un besoin de vouloir transmettre des choses car enfant j’aurai aimé qu’on le fasse pour moi ! ».

le restaurateurClaire Biju-Duval se lance un challenge de taille, sans pédagogie, juste armée de son savoir faire, elle part avec l’objectif de réaliser un court-métrage sur Charlot avec une classe d’élèves handicapés. « La vraie question c’était : de quoi seraient-ils  capable ! On a adapté au fur et à mesure… On voulait tourner à l’extérieur mais on a dû oublier cette idée car le temps concentration et les déplacements étaient compliqués. Normalement on devait les faire tourner tous ensemble comme les années précédentes mais au moment des répétions on s’est rendu compte que ce n’était pas possible… Déjà jouer eux mêmes seuls un rôle, c’était quelque chose d’énorme. Les points positifs c’est qu’on a réussi à aller jusqu’au bout, ils se sont surpassés. Ça me fait plaisir de voir les gamins fiers de ce qu’ils ont accompli » livre la réalisatrice avec émotion.

L’expérience qui semblait ardue au départ, s’est avéré un moment clef pour les enfants. De janvier à mai les élèves ont appris les différentes étapes de la réalisation d’un film : de l’écriture au tournage… Ils ont surtout appris à connaître l’autre, l’accepter et par la suite se faire confiance. Pour certains le gain en autonomie est flagrant. Être mis sur le devant de la scène alors qu’ils s’enferment facilement est un grand pas en avant !

Lansala Delcielo

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