En fin de semaine dernière, deux temps forts ont marqué Snapchat : le Black Friday et PNL à Paris. Faire le plein de souvenirs ou vider son portefeuille ? Team Lidl oblige, il a fallu faire un choix.

D’ailleurs, les bonnes places sont chères. Que ce soit sur la date du mardi ou du mercredi, dès 17 heures, la file d’attente devant l’AccorHotels Arena est déjà bien formée. “Finalement, ça crée du lien. On demande au mec d’en face s’il a du feu, on finit par parler musique, puis séries…”, nous raconte Lina, 22 ans. Le public profite aussi de l’attente pour marquer sa présence sur Facebook, commencer sa story sur Instagram, utiliser le filtre créé pour l’occasion sur Snapchat ou le hashtag #PNLTour sur Twitter. “J’ai pris plusieurs petites batteries portatives pour être certain d’être connecté toute la soirée”, confie Adam, 13 ans. Oui, vous avez bien lu, 13 ans. C’est son premier « gros concert ». « Ce sont des places pour le concert qui a été annulé en juin dernier. Depuis plusieurs mois, j’attends ce soir comme quand on attendait le Père Noël y a quelques années à peine”, sourit-il.

Avant de continuer, petite parenthèse pour les non-initiés. Cliquez bien sur chacun des liens hypertexte. C’est pas du prétexte, ils vous permettront de mieux comprendre leur univers. Vous êtes prêts ? C’est parti !

D’abord, il n’est pas question d’un énième acronyme tout droit sorti du code civil ou du jargon éducatif. PNL ça veut dire « Peace N’lovés ». PNL est incarné par deux rappeurs, deux frères : Ademo et N.O.S. Depuis 2015, ces Corbeil-Essonnois sont arrivés dans le monde de la musique comme une véritable tempête, principalement avec leur usage du cloud rap. Littéralement, il s’agit de productions nuageuses, bien différentes des cartons classiques du rap français. « Ils sont très bons dans le choix des prods, la réalisation, l’esthétique des clips, l’écriture des textes, leur communication. Bref, tout ! Et ils sont indépendants… c’est ouf ! », s’exclame Haytem, 18 ans, aussi excité qu’une puce avant le concert.

Des dizaines de titres plus tard et un public qui ne cesse de s’agrandir, PNL a lancé sa première tournée en juin dernier. Celle-ci s’est achevée sur Paname cette semaine. Les deux frères ont joué à guichets fermés. En tout, ils auraient donc rassemblé plus de 35 000 personnes, l’équivalent d’une ville comme Agen, en Nouvelle-Aquitaine.

Lina a opté pour des places en fosse : « Déjà, parce que c’était moins cher », précise la jeune fille, « ensuite parce que l’ambiance est différente, on est là tous ensemble, proches des gens, de la scène, des artistes, on est tous ici pour la même chose : s’enjailler ». Sonia aussi était en fosse mais elle n’en garde pas le même souvenir : « Ça a gâché le quart de mon concert. Les gens sautent de partout, on est bousculé du début à la fin, c’est très particulier ».

Haytem est originaire de Tremblay-en-France. Comme Adam, ce concert, c’est son tout premier. Fan inconditionnel de PNL, il tenait à commencer par eux. « Ça fait longtemps que j’attends qu’ils proposent une date à Paris parce que je voulais vraiment vraiment les voir et puis mon pote a eu la bonne idée de m’offrir des places pour mon anniversaire. Meilleur cadeau de l’histoire du cadeau !”

Les protégés de PNL assurent la première partie : S-pion, DTF, MMZ et d’autres. Pendant l’entracte, en fosse, le public s’impatiente. Dans les gradins, à la porte S plus précisément, un magicien divertit la galerie. En échange d’un tour de magie express, il invite les gens à le suivre sur Snapchat. En quelques minutes, il gagne de nouveaux abonnés. Les retardataires sont arrivés, le public est chaud, le concert peut vraiment commencer.

Très vite, la salle se transforme en véritable fumoir. Côté gradins un cendrier artisanal est partagé. Sur scène, des fumées participent aussi au décor. La scénographie impressionne : un coeur humain, un écran géant et un arbre qui fleurit au fil de la soirée, c’est ce qu’il a fallu à PNL pour assurer le show. Pas besoin de danseurs, de pirouettes ou d’invité surprise. En fonction des morceaux, l’écran géant affiche des pyramides, des planètes, des routes, des mangas, des jeux… d’ailleurs, les deux frères font une partie en direct. “La mise en scène était spectaculaire, le jeu de lumière était parfait, chaque morceau emmenait dans un univers” analyse Haytem.

Malgré l’immensité de la salle, entre chaque titre, PNL prend le temps de communiquer avec le public. Des questions simples sont posées pour mesurer l’ambiance, la connaissance des paroles. Certains titres sont connus par coeur, comme « Jusqu’au dernier gramme ». Viennent ensuite les confidences : « On avoue que ce soir on est un peu stressés parce qu’il y a de la famille dans salle ».

À plusieurs reprises, ils empruntent les Smartphones des fans en fosse pour envoyer un Snap ou juste une photo en direct de la scène. Ils piquent aussi deux drapeaux : ceux de l’Algérie et de la France, « ah là je suis bien ! », lance Ademo, en clin d’œil à ses origines. Son frère complète : « Tous les drapeaux sont magnifiques, QLF« . QLF c’est une expression inventée par PNL. Elle se traduit par “que la famille”, trois lettres qui renvoient à des valeurs de partage, d’unité, de solidarité. Et grâce à PNL, les milliers de personnes présentes à Bercy ont eu l’impression, le temps d’un concert, d’appartenir à la même famille.

Sarah ICHOU et Azzedine MAROUF

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