Qui n’a jamais entendu parler de « Roberto Zucco », la pièce de théâtre écrite par Bernard-Marie Koltès à la fin des années 1980 ? Dans l’atelier théâtre 14/25 ans de la compagnie La Mandarine Blanche à Aulnay-sous-Bois, on la connaît bien. C’est normal, c’est celle qu’on va jouer les 15 et 20 mai prochains à l’espace Jacques Prévert de la ville.

Cela fait maintenant quatre ans que je fréquente cet atelier. C’est Guillaume, ancien attaché de presse à la ville, qui m’a convaincue de faire du théâtre pour vaincre ma timidité, apprendre à m’exprimer devant un public, travailler ma diction. Depuis, c’est devenu une véritable passion. La chance de pouvoir monter sur scène à chaque fin d’année, une scène qui peut accueillir 800 personnes, impressionnant !

Sophie Grandjean, ma prof de théâtre, et Alain Batis, metteur en scène de la compagnie, ont décidé de nous faire travailler un incontournable. « Roberto Zucco », c’est une histoire construite à partir d’un fait divers réel, le parcours d’un meurtrier, un jeune homme aux actes inexplicables et inexpliqués, commis dans une parfaite amoralité. La pièce retranscrit le parcours de ce personnage, pourtant ordinaire, à partir du soir où il réussit à s’échapper de prison après avoir tué son père.

« Je pense qu’il est important que le texte de Bernard-Marie Koltès soit porté par des jeunes adultes, affirme Alain Batis. C’est une pièce qui est souvent travaillée par des adolescents, étudiée au lycée et qui est même au répertoire de la Comédie Française. » Conscient de la difficulté de la pièce, Alain et Sophie n’ont pas hésité longtemps avant de nous la soumettre.

« On s’est tout de même posé des questions sur la violence du texte, mais je pense que vous êtes la tranche d’âge qui pouvait la prendre en charge grâce à votre maturité », assure Sophie Grandjean. Nous, les acteurs – amateurs –, avons effectué un travail de recherche et de lecture pour rentrer dans l’univers de l’auteur. Nous avons écouté des enregistrements d’interviews de Bernard-Marie Koltès et d’extraits de pièce ayant déjà été jouées.

Philippa Butler s’est occupé de la scénographie. « J’ai cherché un décor muable, métaphorique, une sorte de boîte à jouer que l’on peut dépouiller assez facilement. Quelque chose d’épuré pour représenter l’univers de la pièce. » C’est Alice Bedigis qui est en charge des costumes. Elle s’est inspirée du texte, a effectuée des recherches personnelles, « j’ai aussi regardé les autres « Roberto Zucco » qui avaient déjà été montés pour avoir une idée de l’atmosphère ». Alice, nous connaissant pour avoir travaillé avec nous l’an dernier, a ciblé les vêtements que l’on pourrait porter et qui colleraient le plus à nos personnages. Et puis, il y a tout le travail des techniciens du son et de la lumière, si bien qu’on est traité comme des pros !

Les rôles sont partagés par plusieurs personnes dans notre représentation. Le but étant que chacun puisse avoir un rôle à défendre. Nicolas et Roxanne interprètent le rôle titre. « C’est un personnage qui inspire la peur, c’est un monsieur tout le monde, c’est n’importe qui que l’on peut croiser dans la rue et qui pourrait péter les plombs n’importe quand », analyse Roxanne. « Au théâtre, estime Nicolas, il faut se sentir proche du personnage que l’on interprète pour être le plus crédible. »

Dans le groupe, chaque élève vient d’un quartier différent de la ville. Soit des quartiers sud, celui des zones pavillonnaires, soit des quartiers nord, celui des zones dites « sensibles ». Nous sommes donc des acteurs « divers », tant par l’âge, le niveau social que par l’origine culturelle. « On est tous là pour la même chose, il n’y a pas de raison que ca se passe mal. Cette mixité permet d’échanger et de rencontrer d’autres personnes », se félicite Roxanne.

Depuis quatre ans que dure l’expérience, et c’est désormais plus qu’une expérience, cette diversité n’a jamais posé problème. Les particularités culturelles ne font pas partie de nos discussions et ne nous ont jamais empêché de bien nous entendre. C’est ce qui fait que Shaynez peut faire sa scène avec Awa et Bruno, Nicolas avec Sarah et Luisa, Imane avec Claire, Delphine, Harmony et Marie…

A quatre jours de la première, le stress se fait sentir. Monter sur scène, c’est une chance que je ne regrette pas d’avoir saisie !

Imane Youssfi

Paru le 14 mai 2010

Imane Youssfi

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