- Vous êtes journaliste ? 

- Ah bon ! Ca se voit tellement? 

- Non, enfin… (Grand sourire) On m’avait avertie, vous savez… 

L’accueil est adorable, plein de gentillesse, et la gardienne n’a rien de féroce, mais je suis quand même impressionné : l’entrée du Lycée Jean Zay, à Aulnay-sous-Bois, est une sorte de check-point hérissé de barrières, de portails automatiques, avec une étroite chicane où les élèves ont l’obligation de montrer leur carte au contrôle…


 

Banal, direz-vous ? Peut-être. « Vous n’avez pas vu l’autre lycée de la ville, sourit le proviseur, Didier Girotto. Là-bas, c’est un vrai bunker !» Pour lui qui a connu les dérapages des années 80-90, quand des rodéos de moto se faisaient en plein jour dans la cour des établissements, quand les véhicules des enseignants étaient régulièrement saccagés ou volés (sa propre voiture a disparu ainsi), ces barrières n’ont rien de rebutant. Au contraire : elles ont ramené le calme.


 

C’est ici que commence mon Tour de France des Banlieues. On vous a déjà parlé du projet : l’idée est de sortir de Bondy, de trouver des correspondants pour le blog dans la couronne parisienne, mais aussi ailleurs en France, du côté de Nancy, Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux… Aller dans la banlieue des banlieues, en quelque sorte. Comme sésame, on a choisi les lycées conventionnés avec Sciences Po, une trentaine d’écoles à travers le pays, toutes classées en zone d’éducation prioritaire (ZEP). J’ai quatre semaines pour tisser ce réseau avec les lycéens intéressés.


 

Mercredi après-midi, à Aulnay-sous-Bois, c’était ma première classe. Un vrai coup de pied aux fesses ! D’abord un peu méfiants, les élèves se sont peu à peu livrés et ont déversé un véritable tombereau d’idées. S’ils arrivent à écrire ce qu’ils ont dit, ce blog n’a pas fini de nous surprendre. Je vous raconterai. Aujourd’hui, je suis à Corbeil-Essonnes.


 

Alain Rebetez (L’Hebdo)

Alain Rebetez

Articles liés