Jeudi 27 mai, pour la dernière Ecole du blog de la saison, le réalisateur et documentariste Cyrille Blanc est venu présenter le making-off du film Né Quelque Part de Mohamed Hamidi. Un making-off qui casse les codes traditionnels, façonné à la manière d’un véritable documentaire.

20h30. La salle de projection du Bondy Blog est pleine à craquer. Plus une chaise de libre. Certains sont même obligés de rester debout quand d’autres décident de s’asseoir par terre. L’enthousiasme est palpable. Tout le monde est impatient de voir le making-off de Né quelque part, premier film réalisé par Mohamed Hamidi. Cyrille Blanc, le réalisateur du making-off, se présente et nous fait part de sa joie d’être présent face au public : « C’est génial de pouvoir vous montrer ces séquences … D’habitude les gens regardent ça à la maison et on n’a pas de retour ». Le réalisateur est passionné par le travail de l’image et de la vidéo. Pour lui, son activité de documentariste est un métier qui s’apprend sur le terrain « en faisant, en faisant, en se trompant, en se trompant et en montrant à ceux qui ont l’habitude [de faire ce genre de travail] ». Il existe plusieurs méthodes pour rentrer dans cette profession, Cyrille Blanc nous en révèle deux : « Soit tu passes par l’école et le BTS soit t’y vas au punch, [c’est-à-dire qu’il faut] aller voir les réalisateurs et leur proposer ». Pour cette dernière, il nous l’assure « un jour, ça paie ! C’est une méthode qui marche ».

P1070667Ce qu’il a essayé de faire pour ce making-off c’est une œuvre hybride entre le making-off traditionnel et le documentaire : « Il ne s’agit pas d’un documentaire traditionnel où il faut tout écrire. Là, il y avait déjà un scénario donc c’était assez facile de construire un plan de travail. (…) L’écriture est un peu limitée mais tu dois apporter tes touches personnelles ». Une question surgit du public et l’interrompt : « Du coup ce n’est pas un making-off ? ». Et à Cyrille Blanc de répondre : « On l’appelle making-off mais on est allé sur le terrain pour faire des allers-retours entre le film, l’histoire du film et la réalité. On est allé voir des jeunes sur place avec des comédiens du film. (…) Dans un making-off traditionnel, on prend deux-trois stars et des séquences rigolotes. Là, on a suivi l’histoire et des thématiques : le retour au bled, la maison et le départ. On a pris des extraits forts et réalisé quelques interviews pendant le tournage ». En somme, il a confronté le tournage et le vécu personnel des acteurs à la réalité des gens sur place.

Le documentariste nous explique ensuite les principales difficultés qu’il rencontre lors de ce genre de projet. Outre le budget, il faut réussir à s’aligner sur le planning des acteurs : « Les comédiens sont toujours très contents de participer. Les réalisateurs, eux, sont plus débordés (rires). Parfois, on a l’impression de travailler à contre-courant en face de 50 personnes qui tournent toutes dans un seul sens ». Il nous apprend à quel point faire une simple interview peut se transformer en véritable « bras de fer » : « Parfois, il faut six ou sept autorisations pour faire une interview pour le documentaire. Et des fois, ça bloque à cause de l’assurance. (…) Par exemple, avec Tewfik (NDLR : l’acteur principal), j’aurais voulu aller à Marrakech mais la production n’a pas voulu » en raison du planning. « Il faut batailler par rapport aux contraintes du tournage mais j’avais le sentiment d’être un témoin privilégié et de pouvoir leur demander ce qu’ils pensent à chaud ».

Le making-off de Né quelque part aura nécessité un mois de travail en amont avec la lecture du scénario et la préparation du plan de travail, ainsi que quatre semaines sur le terrain. Si on est attentif aux paroles du documentariste, le montage aura été « une toute autre histoire ». Il a dû choisir, parmi plus de 15 heures de rush, les séquences les mieux adaptées aux thèmes pour finalement obtenir un making-off/documentaire de 35-40 minutes. Cyrille Blanc nous révèlera qu’il avait initialement proposé son travail à des chaînes de télévision françaises (France 2/France 3). Il leur avait proposé de faire un documentaire avec des collégiens de Bondy et des gens de Nedroma (Algérie) et sa région mais il n’a pas eu l’accord des chaînes. « Ce making-off version documentaire pourrait être diffusé mais ce n’est pas un format fait pour la télé. Historiquement, le making-off sert à la promo et avec le DVD, ça sert de bonus ».

Claire pose une dernière question avant la projection : « Y a-t-il une évolution au niveau des making-off ? ». Réponse du documentariste : « Je l’espère … En tout cas, les producteurs ont été surpris [quand ils ont vu le résultat final]. Je pense qu’il y a une vraie niche, un vrai truc à creuser … »

Kozi Pastakia

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