Commençons notre tour par traverser le Miño, le plus grand fleuve de Galice : il marque la frontière avec le Portugal. On trouve ici des petits villages perdus parmi la verdure, A Granxa et O Muiño, ne comptent pas plus d’une vingtaine d’habitants. N’apparaissant même pas sur les cartes, ils dégagent une atmosphère intime, authentique, un « sentiment d’autrefois ». Depuis la plage, on peut laisser porter son regard vers l’infini. De longues bandes de sable blanc s’étirent le long de l’Atlantique.

L’eau est salée à marée montante, mais devient étrangement douce lorsque la mer se retire. Ce phénomène est dû à la confluence des eaux de l’océan et du fleuve et s’observe sur les plages de O Muiño et à Lamiña, où se pratiquent des sports aquatiques tels que le surf, le skimboard (consiste à surfer en se lançant de la plage sur une petite planche), ou le kitesurf (planche de surf tractée par un cerf-volant). Si l’on s’enfonce dans la montagne, on peut visiter le Castrum celte de Santa Tegra, peut-être un des plus grands qui existent (toutes les fouilles ne sont pas terminées). C’est un site archéologique de le culture des castros (terme désignant la culture du Nord-Ouest de la péninsule ibérique) daté du premier siècle avant Jésus-Christ et du premier siècle après Jésus-Christ. Peu influencé par l’époque romaine, il s’agit d’un village fortifié composé de maisons circulaires en pierres, d’influence celte.

Avant la conquête romaine, la Galice était peuplée par les Celtes. Deux mille ans plus tard, cet esprit continue d’imprégner ce territoire. L’une de ses manifestations est le festival d’Ortigueira (au nord de la région), qui depuis 1978 met à l’affiche aussi bien des artistes connus, que de jeunes groupes, mélangeant concerts, expositions, foires artisanales, cornemuses et batukadas. Le tout enveloppé de magie celtique. Festival qui peut rassembler plus de 100 000 personnes.

Une authentique fête galicienne ne peut se passer sans queimada, boisson faite d’eau-de-vie et de sucre. Sa préparation est particulière car une fois les ingrédients mélangés, on flambe la potion et à l’aide d’une louche, on remue le liquide en flammes pendant que le maître de la fête récite l’esconxuro (l’exhortation) pour éloigner les meigas (sorcières). La mythologie est omniprésente en Galice et il est fréquent d’entendre : « Eu non creo nas meigas, mais habelas, hainas » (en galicien, l’une des langues officielles en Espagne : « Je ne crois pas aux sorcières, y en a-t-il ? Il y en a ! »). Incrédulité et mysticisme ? On ne quitte pas la Galice sans s’offrir un plaisir gastronomique : dégustation de « fruits de mer des rias » composée de palourdes, coques, couteaux, pouce-pieds, poulpe… Le tout arrosé d’un vin blanc, ribeiro ou albariño.

Laissons la Galice et remontons vers l’intérieur des Asturies. Rendez-vous à Espinaréu, un petit village d’environ 200 habitants, accroché aux montagnes des Picos de Europa. On y trouve côte-à-côte, un restaurant traditionnel et un bar. Au déjeuner, des fabada (haricots blanc au lard) et du cabrito (chevreau). Après ce copieux repas, on peut marcher jusqu’à la rivière et se détendre au milieu de la nature. Au dîner, on picorera au bar du jambon et du cabrales (fromage qui ressemble au roquefort). La soirée est alors bien remplie.

On peut le jour suivant traverser le défilé de Xanas. On y dit que des fées d’une beauté hors du commun, habiteraient dans la forêt et séduisent les hommes. Ne pas oublier Oviedo, la capitale et contemplons la tour de la cathédrale de San Salvador. L’écrivain Clarín (1852-1901) la décrit dans La Regenta comme : « La torre de la catedral, poema romántico de piedra, delicado himno, de dulces líneas de belleza muda y perenne » (la tour de la cathédrale, poème romantique de pierre, hymne délicat, de douces lignes de beauté muette et perpétuelle). Ne percevons-nous pas les pleurs d’amour de l’héroïne, Ana Ozores, l’homologue de Madame Bovary ?

La deuxième ville des Asturies à visiter est Gijón. Là on doit contempler l’Elógio del horizonte, du sculpteur basque Eduardo Chillida. La particularité de cette œuvre monumentale, placée au bord de la falaise, est son acoustique : il faut y pénétrer pour écouter les sons de la mer et du vent. Les habitants disent que la sculpture change de couleur selon l’heure et le temps.

Notre dernier rendez-vous, principalement pour les plus sportifs : Ribadesella. Amoureux du canoë, vas à « Descenso del Sella » (la descente du fleuve Sella). Tu n’aimes pas trop le sport ? Ce n’est pas grave : tu peux aller au bord de la rivière et pique-niquer. Le soir, tu pourras danser toute la nuit au village et boire autant de sidra (cidre) que tu veux. Quoi qu’il en soit, tu devras attendre la fête du village, le 7 août…

Laissons les terres traditionnelles du nord pour nous rapprocher des villes plus cosmopolites du Pays Basque. Arrêtons-nous aux villages de Cantabrie, Castrourdiales, pour savourer leurs spécialités. Étant dans des villages de pêcheur, optons pour la célèbre besugo al horno (daurade au four) et sobaos pasiegos (brioche au beurre) pour le dessert.

Avant de partir, jetons un dernier coup d’œil aux falaises et observons la sculpture qui jaillit de la roche. On peut y voir une jeune fille qui plonge dans la mer. La légende raconte qu’elle s’appelle Sirenuca, et qu’elle s’est transformée en sirène pour avoir passé trop de temps au bord de la mer. On dit qu’elle aide les marins à toucher terre durant les nuits de brouillard. Traversons Lekeitio, une village médiéval comptant plusieurs châteaux, puis la commune d’Uribarri, qui compte l’un des plus précieux édifices gothiques biscaïen (du nom de la province) : l’église de Santa María, du XVe siècle. De là, la vue embrasse tout le littoral.

Il semble impossible de voyager dans l’Euskalerria sans aller à Saint Sébastien. Baladons-nous sur le bord de mer pour regarder l’écume s’emmêler dans le Peine de los vientos (du sculpteur Chillida, 1976, voir photo ci-contre). Ouvrons-nous l’appétit en visitant les bars : des pintxos (tranche de pain sur laquelle on applique de la nourriture) et de la bière partout. Petits, mignons et délicieux : crêpes aux cèpes, brochettes de poulet safran-citron, tartines de mousse de foie gratiné, beignets de cabillaud… Difficile de choisir !

Avec l’estomac bien rempli et l’esprit plein de doux souvenirs, franchissons la muraille du dernier village avant la frontière : Hondarribia. Asseyons-nous à Portua, un ancien quartier de pêcheurs avec ses maisons aux couleurs typiquement basques, vert, rouge, bleu… Sur la table des « kokotxas » (joues de colin à la sauce verte) et « txakolí » (vin blanc jeune et fruité), en face de la France.

Beatriz Alonso

Photographie deuxième à gauche : Ulises Ojea

Beatriz Alonso

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