Durant la dernière conférence des rencontres, portant sur « la e-inclusion des jeunes générations », l’élément qui a retenu le plus notre attention n’est pas venu de la table ronde. Il faut dire que nos discussions avec les gens d’ATD Quart Monde nous avaient déjà sensibilisés à la fracture numérique en France. Ce qui a attiré notre attention ainsi que celle de la salle, c’est l’intervention d’une personne de l’auditoire, qui a évoqué la fracture numérique que les pays d’Afrique subissent aujourd’hui.

Mamadou Bachir Bah est étudiant à Grenoble et Président de l’Association des Guinéens de l’Isère (AGIS). Il nous rappelle tout d’abord l’importance de l’outil informatique dans sa vie d’étudiant et comment depuis deux ans qu’il est en France, il a dû travailler pour rattraper son retard dans la maîtrise de cet outil afin qu’il puisse étudier dans de bonnes conditions. Il évoque aussi comment les Africains venant en France pour leurs études supérieures sont souvent confrontés aux mêmes difficultés et comment par exemple ils se retrouvent handicapés dans les disciplines informatiques alors que dans les autres domaines ils performent très honorablement. N’ayant parfois jamais vu un ordinateur, ils ont souvent besoin de faire d’importants efforts pour se remettre à niveau. La raison de cette situation semble à la fois trop simple et trop banale : en Afrique, la difficulté d’accès au numérique n’est souvent qu’un fossé de plus qui se creuse, et vient s’ajouter aux problèmes d’accès à l’éducation, à l’énergie et plus généralement au développement.

Mamadou évoque alors sa discussion avec le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, lors de sa visite à Grenoble en décembre dernier. En particulier, leur échange a porté sur la création du Fonds de Solidarité Numérique (FSN) à Genève. Ce fonds devrait disposer de ses propres moyens afin de financer des projets en Afrique visant à réduire la fracture numérique et à l’utilisation des technologies de l’information et des communications dans les projets de développement.

Plus modestement, Mamadou nous parle à l’échelle de l’association AGIS du lancement de l’opération « Un livre pour la Guinée ». De nombreux jeunes ont réagi à l’initiative en suggérant de remplacer le livre par un ordinateur : « avec un PC, on aurait des milliers de livres accessibles via internet ».

Essi Gnaglom / Cédric Roussel

Essi Gnaglom

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