Quand je repense à mes manuels scolaires, je constate une chose. La guerre d’Algérie, on en parle pas du tout au collège, ni en classe de seconde au lycée, mais seulement en classe de terminale. Pour vérifier j’ai demandé à mon cousin en classe de quatrième au collège et il n’en a jamais entendu parler. Ce n’est pas au programme de cette année ni de l’année prochaine : « je ne connais rien de la Guerre d’Algérie en vrai. J’aurai aimé en savoir d’avantage surtout en cours… », me confie-t-il.

De mère algérienne, l’histoire de mon pays m’a toujours intéressée et je dois avouer qu’au collège et même dans mes premières années lycée, parler de la guerre d’Algérie tournait toujours au conflit élèves-profs. Les Algériens, mais pas que, demandaient sans cesse aux professeurs la raison de chapitre ou même sous-chapitre sur la guerre d’Algérie ? Pourquoi aucune ligne quand sur les deux Guerres Mondiales, les camps d’exterminations, nous avions des dizaines de pages, tous les ans ? La réponse des professeurs d’histoire était toujours la même : « Ce n’est pas moi qui fait le programme et rédige vos livres d’histoire… ». D’autres, en revanche osaient affirmer, « personnellement, je n’aurai jamais fait le programme scolaire de cette façon. Certains sujets sont trop détaillés quand d’autres sont oubliés… ». Bien entendu, cela devait «  rester secret, je ne suis pas sensé dire cela alors notre conversation restera dans cette salle de classe » précisaient les profs.

Personnellement, je me suis informée sur cette guerre avant tout par ma grand-mère maternelle qui passait des après-midi à me conter son passé en Algérie, durant la colonisation française Du coup, j’ai été à la bibliothèque, j’ai surfé sur le net et je me suis nourrie de toutes ces informations par mes propres recherches. Le premier manuel scolaire qui parle de la guerre d’Algérie est celui d’histoire pour terminale. Chapitre 5, Le Tiers-Monde de la décolonisation à la fin des années 1970 / les indépendances africaines. Me voilà devant une double-page intitulée « Les Français et la guerre d’Algérie ». Une introduction qui commence par une date : le 1er novembre 1954, puis un tableau de repères chronologiques, un extrait de Camus, Trêve pour les civils, un extrait de témoignages des rappelés, une photo du général de Gaulle acclamé par les Algériens, une autre des soldats du contingent qui écoutent la condamnation des putschistes par de Gaulle ainsi qu’un tract diffusé en métropole fin mars 1962 au titre évocateur, Le cessez-le-feu n’est pas la paix .

Il y a aussi des définitions. Harki : musulman servant comme auxiliaire dans l’armée française. Autodétermination : droit offert à une communauté de choisir son statut politique. FLN : mouvement combattant fondé en novembre 1954 pour l’Indépendance de l’Algérie. Mais dans le fond, rien n’est vraiment détaillé sur les actions, notamment français, comme les actes de torture, ou encore l’épisode des Algériens jetés dans la Seine…

Un ami me confie : « J’aurais aimé en savoir plus sur la guerre d’Algérie d’une manière générale, concernant la question impérialiste française,  j’aurais aimé plus de transparence dans les programmes scolaires sans qu’il soit bridé. Mais j’ai eu la chance de faire une licence d’histoire ou j’ai appris beaucoup à ce sujet parce que la question impérialiste française était un gros morceau du premier semestre d’histoire contemporaine en première année ».

Moi aussi, j’aurai aimé en savoir plus, j’aurai aimé débattre avec mes camarades en cours sur cette guerre comme nous le faisions sur les Trente Glorieuses. Malheureusement, peut-être pour ne pas enrager certains élèves, qui de nos jours, sont pour une bonne partie d’origines diverses, le programme a été raccourci. Cependant, pour d’autres actes commis par les indépendantistes algériens à l’égard du colonisateur, le devoir de mémoire doit perdurer. Cela n’est pas très équitable comme traitement de l’Histoire.

Inès El laboudy

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L’enfant de la guerre

Episode fratricide la guerre d’Algérie à Bondy

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