Si les Algériens habitent un peu partout dans l’île, les échoppes maghrébines sont concentrées dans la rue Jean Talon, entre le marché et la station Saint-Michel. Leur nombre a progressivement augmenté durant les années 1990, les années noires du terrorisme algérien. Ils parlent français et la plupart sont diplômés, ce qui en fait des candidats jugés valables à l’immigration au Québec, beaucoup plus permissif dans le domaine que la France, pays historique de l’émigration algérienne.

Immigrer dans la Belle Province est jugé un poil plus avantageux que le transfuge en région parisienne. D’après les témoignages recueillis, il y a moins de racisme au Nouveau Monde. Certains se sont sentis en effet un brin indésirables durant leur séjour en France « mais du racisme il y en a partout, même en Algérie », tempère un de mes interlocuteurs. Malgré leurs diplômes, beaucoup d’Algériens doivent recommencer à zéro, en occupant des emplois à mille lieux de leurs compétences, comme celui de boulanger. Alors que les boulangeries sont rares dans le reste de Montréal, le quartier algérien en possède un bon nombre où on vend du pain fait selon la tradition française, signe que malgré un petit reproche fait à la France pour ses visas donnés au compte-goutte, on ne rechigne pas à rappeler « qu’on partage cette grande sagesse avec les Français: notre amour pour le pain qu’on fait découvrir aux Québécois », dixit Omar le boulanger.

Les Algériens de Montréal subissent-ils des discriminations ? Vivent-ils bien leur religion ? Comment sont-ils perçus du reste de la population ? En gros, « ça va ». À peine reconnaît-on que les attentats du 11 septembre ont provoqué un grave amalgame dans des pans entiers de l’opinion publique. Mais même cela, ce serait « la faute des médias ».

Idir Hocini (Québec)

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