Comment avez-vous réagi en prenant connaissance de l’intervention française au Mali ?

J’ai vu cela d’un très bon œil. Le Mali peut considérer la France comme son sauveur. J’en suis satisfait parce qu’il fallait absolument que les choses bougent. Les Djihadistes étaient prêts à conquérir la partie sud du pays. C’était donc le bon moment pour intervenir.

Qu’en disent les maliens de France lorsque vous vous entretenez avec eux sur le sujet ?

Il se trouve qu’il y a un foyer d’immigrés maliens au bout de ma rue. Dès qu’un événement se produit au Mali, je vais leur rendre visite pour échanger avec eux sur le sujet. C’est une sorte de lieu de rencontre entre des anciens, des nouveaux qui arrivent tout fraîchement du pays et des habitués aux allers-retours comme moi. On s’y retrouve, on y discute, on suit les informations. Le fait que chacun puisse donner son opinion est très plaisant. Lors de mon dernier passage, ils étaient  tous très reconnaissants du travail des militaires français en terre malienne.

 

Que représente le Mali pour vous ?

C’est mon pays d’origine et celui de tous mes ancêtres. J’ai même la double nationalité franco-malienne. Je l’ai découvert assez tard grâce à l’aide de mes parents qui font souvent le voyage. J’y allais quand j’étais enfant et adolescent, mais moins souvent que maintenant. Depuis huit ans, je m’y rends tous les trois à six mois en raison de mes investissements dans l’immobilier. Je mets des appartements en location et j’ai le projet de construire, dans un très beau quartier du Mali, deux bâtiments avec quatre grands magasins autour.

Avant le début du conflit, comment perceviez-vous le Mali ?

J’avais un avis très positif sur l’évolution du Mali avant que le conflit n’éclate. Je le décrivais comme une terre sainte dans laquelle on peut vivre en paix. Tranquillité et stabilité étaient des termes qui revenaient fréquemment. A mon retour de vacances, il m’arrivait de mobiliser des jeunes Maliens de France, comme moi, pour d’éventuelles associations dans le secteur de l’immobilier. Je les encourageais vivement à développer des activités dans leur pays d’origine.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Mon discours n’est plus le même. J’encourage forcément moins mon entourage à se rendre au Mali avec la situation actuelle. Je suis déçu que l’on associe le Mali à la guerre et m’inquiète pour l’avenir du pays malgré tous les dispositifs mis en place.

Quelles sont les précautions à prendre pour mettre à l’abri sa famille restée au pays quand on est en France ?

Fort heureusement toute ma famille est regroupée au Sud du Mali, à Bamako pour être précis. Ils ne sont donc pas en danger. Mais s’ils habitaient le nord du pays, je leur aurais dit de descendre dans le sud pour être sous protection. Bien entendu, j’aurais prié fort pour eux.

 

La situation actuelle aura-t-elle une incidence sur la fréquence de vos voyages au Mali ?

 

Je ne vais pas vous cacher mon angoisse même si j’ai quand même l’espoir que tout s’arrange grâce à l’intervention française. Ma mère y étant actuellement, j’ai prévu d’y aller en février pour la retrouver. Peu importe que le pays soit sous tension ou pas… Pour la petite histoire, l’année dernière au moment de l’envahissement des Djihadistes, les autorités avaient décidé de suspendre les vols en direction du Mali. J’étais l’un des premiers passagers à prendre le premier avion autorisé à rejoindre Bamako. Si c’est à refaire, vous pouvez compter sur moi.

De quelle manière le Mali pourrait retrouver une certaine stabilité selon vous ?

En plus de l’aide militaire, le Mali devra recevoir une aide financière importante. L’idée est vraiment de se débarrasser à tout jamais de ces terroristes. Il conviendra d’instaurer ensuite  un système de paix entre les tribus du nord et les citoyens du sud. Ils sont tous maliens avant tout. A eux de trouver un compromis pour qu’un drame de ce genre ne se reproduise plus.

Propos recueillis par Nordine Benali

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