Quand un émigré épouse une belle jeune fille, c’est la fête. Durant ces célébrations, on ne lésine pas sur les moyens. Pendant des jours, l’ambiance est festive. Le mariage de P. A et A. T ne déroge pas à cette règle non écrite qui fait de Louga une ville bien singulière. Réunies en cercle autour des batteurs de tam-tam, de jeunes femmes rivalisent de souplesse sous les applaudissements de l’assistance. Il est minuit passé de quelques minutes mais ici le temps s’est arrêté depuis que le tambour-major a commencé à sortir des décibels de son tam-tam.




Ce n’est que la veille du mariage mais c’est déjà la fête. Le cameraman ne rate aucune séquence de cette cérémonie organisée en plein air dans un terrain vague jouxtant la maison de la mariée, à « Montagne », un quartier de Louga. « Il faut bien se faire voir car cette vidéo va faire le tour de l’Europe. El hadji, le mari d’Awa vit en Italie et ses frères sont en Espagne et en Allemagne. Il va sûrement la leur envoyer. Qui sait, je pourrais peut-être trouver un mari si j’y suis à mon avantage », déclare C.O, une jeune fille d’à peine 20 ans.

Les mariages des émigrés sont une occasion rêvée des jeunes filles adeptes de la chasse aux « Modou-Modou ». Il est vrai que beaucoup d’épouses d’émigrés ont « connu » leurs maris en de pareils moments. …Enfin la vidéo aidant. Le lendemain matin, la fête continue dans le même quartier. Maquillage outrancier, bijoux de valeurs au cou, les amies de la mariée ne ratent aucune occasion de faire étalage de leur beauté. Du « Lang », (séance de tam-tam organisée la veille du mariage) à la cérémonie de ce jour, elles ne font que s’habiller et se maquiller. Toujours vêtues à la dernière mode, elles cristallisent l’attention des invités.

Vers 14h30, des senteurs de riz à la viande échappent des cuisines. Les plus gourmands ont déjà l’eau à la bouche. Un groupe de femmes transportant qui, des plats sur la tête, qui, des caisses de jus dans les bras se dirigent vers les tentes. Le repas, orné de toutes sortes de condiments et assaisonné de façon extraordinaire, est d’un goût exquis. Après le repas, la tente se vide peu à peu. La mariée et ses accompagnatrices retournent au salon de coiffure. Rendez-vous est pris au Complexe Omar Bongo, un centre socioculturel situé sur l’avenue de la Gare.

Vers 18 heures, la jeune mariée reçoit ses cadeaux. La rumeur veut que la robe qu’elle porte ait été dessinée et cousue par une grande styliste du pays. « Un luxe que seules les épouses d’émigrés peuvent s’offrir », dit-on dans cette ville où ces hommes veulent apparaître comme de véritables princes charmants. Regroupés dans la salle des cérémonies du Complexe Omar Bongo, les invités sont alignées dans quatre rangées de chaises. Soudain, les lumières s’éteignent, tous se lèvent, une bougie allumée dans la main. La jeune épouse fait son entrée, accompagnée d’un ami de son mari absent. Ornée de fleurs et de diverses décorations, la tribune accueille le couple qui danse sur un rythme de musique française, imité bientôt par d’autres couples. 

Quelques minutes après, la mariée coupe le gâteau de mariage représentant un couple qui s’enlace. Un traiteur s’occupe de servir de délicieux mets aux invités installés en face de la tribune. Un véritable festin s’ensuivra. Repus et heureux d’assister à ce mariage fastueux, les gens s’invitent sur la piste de danse. C’est le début d’une soirée dansante qui prendra fin vers les coups de minuit.

Khady Lo

Précédents articles de la série :
Châteaux, coépouses, jalousie et coups de couteaux
Louga, des hommes fantômes et des femmes seules
A la recherche de l’homme idéal
Seule en attendant mieux   




Khady Lo

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