Parti en vacances en 2008 en Algérie, Salim B. (ci-contre), Français d’origine algérienne, 30 ans, a tenté de rentrer en France avec 140 kilos de résine de cannabis à bord de son véhicule. Crédule ou intrépide, il a été appréhendé et immédiatement incarcéré en août de cette année-là à la maison d’arrêt d’Oran. Jugé en janvier 2010, le verdict est cinglant : réclusion à perpétuité. Il a fait appel de la décision, a demandé un pourvoi en cassation, mais rien n’y a fait, la sentence a été maintenue : c’est la prison à vie pour Salim. Une peine démesurée par rapport à l’infraction commise. Mais telles sont les peines applicables pour ce genre de délits en Algérie.

Avec une centaine de détenus de la prison, il a démarré une grève de la faim pour alerter le gouvernement algérien sur ces peines impitoyables mais il s’est vite rendu compte que cela ne servirait à rien sinon à dégrader sa santé. En France, à Ivry-sur-Seine, c’est sa famille qui se mobilise pour lui. Sa grand-mère âgée de 77 ans a décidé de s’établir définitivement dans sa maison d’Alger à 6 heures de route d’Oran, afin de pouvoir lui apporter son panier une fois tous les 15 jours pour un parloir de 10 minutes derrière une vitre en plexiglace.

Il n’a personne d’autre là-bas, et sans famille la vie carcérale est très rude. Pas de nourriture, pas de linge propre pour se vêtir ou pour dormir. Rien ! Ce ne sont pas les « prisons hôtels » de France, où les détenus sont nourris, logés, blanchis et peuvent même travailler. Lui est dans une cellule de 4 mètres de large et 15 de long, avec 22 codétenus. Ils dorment à même le sol et ont pour seules distractions les quelques promenades quotidiennes.

Sa fiancée, Typhanie (ci-contre), âgée de 24 ans, secrétaire médicale, ne l’a pas ni vu ni même entendu depuis deux ans et demi. Une période durant laquelle elle a mis sa vie entre parenthèses. Elle ne parvient plus à garder un travail, une mélancolie qui la paralyse. Elle reçoit uniquement des nouvelles de Salim par courriers, plus de 800 lettres d’amours mêlant espoir et désespoir. Son père ne comprend pas forcément, il a essayé de la dissuader de s’accrocher à son fiancé : « Salim est très gentil mais tu es en train de gâcher ta vie, tu devrais passer à autre chose. » En revanche sa mère la soutient dans ses démarches, attristée et outrée par ce qui arrive à Salim. Typhanie redouble d’énergie quand il s’agit de se battre pour l’extradition de sa moitié. Elle a participé à la création de comités de soutiens notamment sur le net http://tousderrieresalim.webnode.fr/ecrire-un-message-a-salim/ et via Facebook «Soutien pour l’extradition Algérie-France de SALIM condamné à PERPETUITE ». Elle enchaîne les rendez vous avec différents avocats algériens et français dont Me Gilbert Collard.

Elle lutte aussi pour pouvoir le serrer dans ses bras ne serait-ce que quelques minutes. Il faut savoir qu’en Algérie, les fiancées ne peuvent en aucun cas obtenir un permis de visite. Seuls les membres de sa famille sont autorisés à le voir. Elle se bat pour qu’on lui accorde le droit de voir son bien-aimé. Typhanie s’est donc rendue à plusieurs reprises en Algérie afin de faire les démarches nécessaires pour pouvoir se marier en prison. Elle a du se convertir à l’islam, une obligation à laquelle elle s’est pliée même si elle n’est pas croyante, car en Algérie toutes les demandes de mariage passent par le ministère des affaires religieuses qui exige que les époux soit de confession musulmane. Sinon pas de mariage.

Son dossier est toujours en cours de traitement. En attendant elle continue de militer pour obtenir son retour en France.

Noria Yatim-Kaf

Me Gilbert Collard a répondu à nos questions concernant cette affaire :
Bondy Blog : le jugement peut-il à nouveau être révisé ?
Me Collard : Non la décision rendu est ferme et définitive »
Un retour en France est-il envisageable ?
Non, il n’y a pas d’accord de transfèrement entre l’Algérie et la France.
Que peut espérer Salim ?
Son seul recours pour le moment est de faire une demande de grâce présidentielle.
En France, Salim aurait pris combien pour les mêmes faits ?
Douze ans maximum sans compter les remises de peines et les conditionnelles.
Recueillis par N. Y-K.

Soirée de soutien organisée le 14 mai
25 rue Jean-Jacques Rousseau
94200 Ivry-sur-Seine
A partir de 19h00
Musique (pleins d’artistes)/boissons/en-cas/vente de tee-shirts
Récolte de dons.

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