Siva est né au bord de l’Océan Indien, au Sri Lanka. Il est venu en France à l’âge de 16 ans. Depuis 1979, date de son arrivée, il n’y est retourné qu’une seule fois, en 2003, pour assister aux obsèques de son père. « C’était un voyage risqué car nous ne sommes pas en sécurité là-bas », raconte-t-il. Ce père de famille n’a commis aucun crime. Il appartient juste au peuple tamoul réprimé par le régime cinghalais qui dirige le pays. Le conflit armé que traverse l’île depuis plusieurs décennies a fait fuir ses proches concentrés au nord-est et dans une partie de la capitale, Colombo. « J’ai peur de repartir dans mon pays natal », ajoute-t-il. Les Tamouls constituent la minorité. Beaucoup d’entre eux luttent pour leur autonomie.

Pour autant, Siva ne s’est jamais privé de vacances : il trouve une manière de se ressourcer en voyageant en Europe (Angleterre, Allemagne, Suisse) et en Amérique du Nord, là où tous ses frères, sœurs, oncles, tantes et cousins sont dispersés. Cette année, Siva a envoyé ses deux aînés au Canada et un autre enfant à Londres. Les deux derniers partiront à leur tour, en août, dans la capitale anglaise. « Entre cousins, ils se parlent en tamoul, leur langue commune. C’est un bon moyen de la pratiquer ! », se félicite le père. « En plus, ils sont curieux de comprendre les autres langues ». Un bagage linguistique en prime.

Siva conserve la culture tamoule, sa religion hindoue, et s’efforce de la transmettre à ses enfants. Pas seulement : il dirige l’association Franco-Tamoul de Bondy qui vient de fêter, en juillet, son 4ème anniversaire et qui permet de « garder les coutumes » et de « renforcer le lien » entre les 150 familles résidentes dans la commune. « Je les connais toutes, précise-t-il. Tous les jours, je reçois de la visite aussi bien pour atténuer les effets du dépaysement que pour aider les familles dans leurs démarches administratives, ce qui facilite leur insertion dans la société française ».

Siva reçoit d’autant plus de Tamouls que les familles arrivées en masse dans la ville en 2006 font aussi appel à lui. « Ils ont emménagé dans un même quartier par le bouche à oreille pour rester ensemble », explique-t-il. La plupart d’entre eux sont en France depuis plusieurs années, travaillent dans la restauration, sont propriétaires de petites boutiques mais ils retrouvent, chez Siva, le goût de leurs origines. Avec tout ça, il reste peu de temps à ce dernier pour passer son été ailleurs qu’à Bondy. Patron d’une société de nettoyage, il prendra peut-être quelques jours de vacances pour rejoindre avec sa femme un des ses frères… en Allemagne. Histoire de lutter contre le mal du pays.

Nadia Boudaoud

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