TOUR D’EUROPE 2014. Nouvelle étape, nouvelle capitale européenne pour Anne-Cécile à travers le vieux continent et les récents Etats membres : Bratislava, Slovaquie. Retrouvez son carnet de route et tous les articles sur notre page spéciale.

9h30, tout en haut de la rue Palisádi dans le centre historique de la capitale slovaque. Sous mes yeux s’étend une seconde fois le Danube, lisse et paisible malgré la pluie battante qui s’abat sur la ville. A ma gauche, le fleuve est enjambé par le Nový Most, le « nouveau pont » de Bratislava. Une épaisse couche de nuage traverse peu à peu le ciel en jetant sur le fleuve un éclat sombre et presque triste sur la rive d’en face. Quelques bateaux troublent par moment la pesanteur du spectacle. Plus loin, des tours, alignées les unes à côté des autres. Derrière moi, le château fort de Bratislava de style gothique. Il a l’air de couver la ville de ses quatre tours et fait la fierté des habitants de la capitale.

Loin des hauteurs, en redescendant dans le centre ville, on retrouve une douce effervescence. Rue Laurinská, des dizaines de jeunes ont bravé la pluie. Ils ont formé plusieurs groupes, sillonnent les rues en sifflant. Ils crient, chantent et rient aux éclats. Ils affichent un sourire radieux devant les passants. « Aujourd’hui, on fête la fin des cours ! On a terminé le lycée ! On n’y retournera plus ! » m’explique une jolie blonde, une énorme veste rouge sur le dos. Elle brandit devant moi un panneau cartonné sur lequel le nom de sa classe est inscrit accompagné de la photo de chacun des élèves de la classe. Elle me regarde sourire et sourit à son tour puis agite sous mon nez un bonnet et s’exclame : « maintenant, on parle affaire ! On veut de l’argent ! »
Les éclats de rires passés, la future bachelière m’explique qu’avec sa classe, elle récolte de l’argent pour pouvoir organiser un voyage. Ils passeront la journée à tenter de récolter les fonds nécessaires avant d’entamer la période plus intense de révision en vue des examens.

Plus loin, un commerçant termine sa mise en place et adresse aux élèves un demi-sourire attendri : « Bon parfois ils viennent dans les restaurants et retournent les tables, ils dérangent peut-être les clients… Mais bon ça c’est clair, ils récoltent de l’argent ! »

Plus tard dans l’après-midi, visite du centre commercial « Eurovea », à l’Est de Bratislava, dans le quartier Ružinov. Il y a, dans la capitale slovaque, cette étonnante abondance de statues de bronze, disposées, comme à Budapest, un peu partout à travers la ville. Des danseuses suspendues en l’air, des clowns, des anges dans les jardins. Dans le centre commercial, on retrouve les mêmes marques qu’ailleurs, H&M, Desigual, Marionnaud, Swarowski… On y retrouve aussi les mêmes parfums, les mêmes odeurs.

Avant de repartir pour une visite nocturne de la ville, mon hôte, Livia, 21 ans, me dit : «  il faut absolument goûter la bière et le Bryndzové Halušky à Bratislava ! » Dans la soirée, je fais la découverte de l’un des bars traditionnels de Bratislava, Lúčnica, dans le centre historique de la ville, là encore. Sur place, Andrej et Homola ont 29 et 24 ans et m’expliquent : « ce bar, c’est le bar traditionnel dans lequel les groupes de musiciens viennent chanter et jouer ensemble, c’est leur bar quoi ! »

La pluie s’est arrêtée mais le bar n’est pas très rempli ce soir-là. Au fond de la salle à ma gauche, un jeune s’est assis devant un piano et ses doigts parcourent les touches avec fluidité. L’air est léger, les tonalités sont entières, les accords sont aériens. Autour de lui, deux filles, qui chantent merveilleusement bien, accompagnent les accords au piano. « une chanson traditionnelle, il s’agit d’amour » me dit-on. Et voilà qu’un groupe entier de jeunes reprend la chanson, à tue-tête.

Le lendemain matin, samedi, l’effervescence dans le centre de la ville ne s’est pas estompée. On organise une course à pied, malgré le mauvais temps. Les rues sont ceinturées de barrières, les places sont investies par de grandes marques, par les sponsors. Le top départ a déjà été donné, les coureurs défilent les uns après les autres, sur un étonnant mélange de Zumba et d’un morceau traditionnel interprété à l’accordéon par un vieil homme passionné.

Bratislava me rappelle un peu Bucarest. Cette densité, cette proximité entre les gens, cette chaleur et aussi ces contrastes entre l’héritage historique du pays et le tournant européen. Comme à Bucarest et à Budapest, des trams rouillés sur fond d’affiches de grandes marques. L’identité de la Slovaquie c’est aussi cette implantation solide de l’industrie automobile que l’on retrouve au fil des rues.

 

Anne-Cécile Demulsant

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