Couchsurfing, participez à la création d’un monde meilleur, canapé après canapé. Voici un peu le slogan de ce site qui est un réseau social mettant en relation des voyageurs du monde entier sur les lieux où ils séjournent. Un concept qui permet non seulement de se faire héberger gratuitement mais aussi de rencontrer et partager avec l’autre, chez lui, autour d’une soirée ou d’un verre. Et cela sans obligation de réciprocité. L’expérience peut paraître dangereuse, surtout quand on est de nature méfiante, mais sur le profil de chaque couchsurfers (surfeur de canapé, sous entendu que l’on va de canapé en canapé), on peut se référer aux différents avis des personnes ayant été hébergées ou les ayant rencontrées.

Amine, un ingénieur de 30 ans habite à Puteaux (92). Il avait entendu parler du Couchsurfing deux ou trois fois mais en se disant que ce genre de site n’était pas vraiment pour lui. A l’époque il était encore étudiant. Mais il y a un an et demi, alors qu’un de ces amis lui parle de Couchsurfing, il découvre le site que son ami a utilisé au Japon, en Finlande et dans d’autres pays.

Amine a attendu d’avoir l’opportunité et le temps de voyager pour franchir le pas du Couchsurfing. Le premier voyage qu’il a fait seul, fut en Ouzbékistan, où le hasard a bien fait les choses puisque son premier contact avait pour métier guide touristique. C’était une jeune femme qui au départ le rencontra autour d’un verre, puis le présenta à ses amis. Très vite rentré dans l’ambiance, Amine passa rapidement à un mode amical, naturel, comme s’ils s’étaient rencontrés autrement que par internet. Le côté guide touristique s’est alors dissipé laissant place au côté social, à la rencontre avec l’autre, à la découverte de sa façon de vivre. D’ailleurs cela s’est traduit par des invitations chez les amis de cette jeune femme alors que les visites touristiques, Amine les a fait finalement seul. Son expérience de couchsurfer s’étant amorcée, Amine poursuit son aventure à Dubaï où il prend contact avec des Iraniens car il se passionne pour la Perse. Les contacts se sont malheureusement limités, à quelques informations sur les restaurants iraniens et sur les différents sites à visiter, car tous semblaient occupés par leur travail.

Tunisien de naissance, et ayant vécu jusqu’à ses 19 ans en Tunisie, il décide pour son troisième voyage de faire un séjour dans sa patrie natale : la Tunisie. « Pas très original » confie t-il, mais il y était allé au départ en passant par un voyage organisé à Djerba. Le groupe devait ensuite remonter vers Tunis, mais il décida de poursuivre son chemin en utilisant de nouveau le Couchsurfing en faisant une escale à Tataouine, au sud-est de la Tunisie. Il prend les coordonnées d’un père de famille, très agréable et ne devait passer qu’une nuit chez lui. Il reste finalement trois nuits. Pour lui, rien d’étonnant à ce que les Tunisiens soient de fervents utilisateurs du site, ils l’utilisent dans le pays pour être hébergés de ville en ville lors de leurs déplacements. Amine a donc essayé l’expérience de rencontrer autour d’un verre et d’être hébergé, mais pas encore celui d’hébergeur. Chose qu’il ne compte pas faire pour le moment car son appartement est trop petit. Il souhaite recevoir ses visiteurs dans un certain confort et préfère donc pour le moment les voir ailleurs que sur son canapé. Bien qu’il n’est jamais reçu de requête ni d’hébergement ni de rencontre autour d’un verre, qu’il explique par ailleurs par le fait qu’il n’habite pas à Paris, il a pu côtoyer les couchsurfers de ses amis qui habitent dans Paris même.

Alors qu’il peut paraître plus facile et peut-être moins dangereux pour un homme de voyager seul, des femmes tentent aussi l’expérience de partir seules à l’aventure. C’est le cas de Tifany, étudiante en droit de 21 ans habitant au Blanc-Mesnil. Fin 2008, elle découvre le Couchsurfing en lisant un article de Glamour, puis l’année suivante elle tombe sur un reportage de M6. Elle décide donc avec une amie de partir à New-York en passant par des auberges de jeunesse mais aussi en utilisant les canapés des Couchsurfers à la fin de l’été, en septembre « parce que les auberges de jeunesse c’est bien mais on y rencontre que des étrangers…donc c’est cool, on fait la fête mais la culture on ne la voit pas ! » explique-t-elle. Alors qu’elle travaille tout l’été pour se payer ce voyage, son amie n’ayant pas de job se retrouve sans argent pour partir. Tifany se retrouve seule, de l’argent de côté et un grand désir de voyager ! Qu’à cela ne tienne, elle décide de voyager seule. Mais New-York, une aussi grande ville pour elle seule c’était trop ! Alors où aller quand on a soif de découverte et de spiritualité ? se demande-t-elle. Son choix s’est finalement porté sur l’Israël, lieu touristique en vogue du moment.

Malgré la méfiance de ses parents de laisser leur jeune fille de 19 ans partir seule, celle-ci les rassura en leur présentant un voyageur israélien, Shlomi, qu’elle avait rencontré sur Paris par le biais du site. Elle l’avait rencontré autour d’un verre pour parler un peu des sites touristiques, des choses à faire sur place, mais aussi de peut-être avoir la possibilité de se faire héberger en ayant un peu plus confiance. Elle sympathisa très vite avec lui et quand il lui demanda si elle pouvait l’héberger pour sa dernière nuit à Paris, elle lui dit oui après en avoir parlé à ses parents, qui lui firent un très bon accueil. Trois semaines plus tard, elle se retrouve en septembre chez ce même Shlomi à Tel-Aviv, dans une période ponctuée de fête juives, où elle séjourna pendant cinq nuits. Accueillie à bras ouverts par la famille, elle s’est sentie comme chez elle. Elle renouvela l’expérience deux fois chez d’autres couchsurfers Israéliens. Elle n’a pas fait de demande en Palestine estimant que les villes de Ramallah et de Bethlehem étaient trop petites pour y trouver des couchsurfers et qu’elle n’y resterait de toute façon que deux jours. Elle rencontra cependant de jeunes Palestiniens avec qui elle discuta. Malgré la situation, « il n’y a pas eu de discussion politique, c’était surtout amical » me précise-t-elle.

Bien que dans l’ensemble l’expérience fut positive elle gardera en mémoire toutes ces petites anecdotes qui aujourd’hui la font rire, mais qui sur place étaient pour elle des situations parfois désagréables ou parfois angoissante ! Comme lorsqu’elle s’est retrouvée chez cet homme aux deux énormes chiens, certes très gentils mais aussi très envahissants ! Elle se souvient par exemple de ce moment où elle était sortie en laissant la porte de sa chambre entre-ouverte, et lors de son retour elle fut désagréablement surprise de découvrir sur le sol une marre d’urine accompagnée d’énormes traces de pattes qui parsemaient son lit. Elle qui n’était pas fan de ménage, s’empressa d’astiquer le sol de fond en comble et de s’occuper par la même occasion de tout l’appartement qui était loin d’être propre ! Elle fit cela tout en affichant un sourire forcé en expliquant à son hôte un peu gêné qu’elle faisait ça avec un grand plaisir…

Elle se retrouva un jour aussi, à devoir courir après ces deux même gros chiens, alors que son maître était absent, qui avaient profité d’une seconde d’inattention pour aller parcourir le désert des environs !  Fort heureusement que Tifany, après une course effrénée, a pu les faire rentrer dans la maisonnée! Elle se souvient aussi de cette fois où, après une visite nocturne pour libérer la maison, car personne n’était là, elle s’est perdu dans un quartier assez lugubre, sans clés. Ne trouvant pas quel bus prendre pour rentrer, elle finit par demander à un jeune homme qui lui inspirait plus confiance, de lui montrer son chemin. Après mainte recherches, elle finit par trouver un bus…qu’il ne l’emmena même pas à destination! Paniquée elle appela ses parents puis l’homme qui l’hébergeait. Celui-ci finit par venir la chercher en voiture et Tifany est rentrée saine et sauve! Plus de peur que de mal dirait-on!

Couchsurfing, alors tenté après ça ? Sortie avec plus d’expériences positives que négatives, Tifany voyagea l’année suivante au Brésil où elle ne put rencontrer qu’une couchsurfeuse qui vivait avec ses deux enfants. Amine, lui, espère pouvoir aller en Iran ou en Syrie pour découvrir y faire de nouvelles rencontres! Quant à moi je vais tenter ma première expérience pour mon prochain voyage, dans moins d’une semaine, en Inde ! Je serais hébergée chez une famille avec deux de mes amies. Donc à suivre…

Chahira Backtaoui

Articles liés