La place Jean Jaurès de Montreuil se remplit peu à peu ce lundi 17 juin autour de l’estrade installée pour le premier meeting du Nouveau Front Populaire. « Il ne faut pas jouer avec l’extrême droite, ce sont les héritiers du fascisme ! », tonne Paco Zegbe, militant de gauche venu spécialement pour soutenir le rassemblement des différents partis de gauche après l’annonce des législatives anticipées. Une union qui entend faire fi de ses antagonismes et contrer la menace de voir l’extrême droite au pouvoir.

Prêcher au-delà des convaincus

À 18h30, l’évènement rassemblait quelques convaincus de gauche et des habitués de la place Montreuilloise. « J’espère qu’il y aura du monde, il faut construire une nouvelle gauche pérenne et pas seulement pour ces élections », s’inquiète une habitante de Montreuil. Il a fallu attendre encore un peu pour que la place accueille une petite foule rassemblant les drapeaux aux couleurs des partis politiques de gauche.

De partout, l’espoir tant attendu d’une force de gauche unie se fait entendre. « L’union de la gauche, j’y crois un peu plus que la précédente. Aujourd’hui, on est face à un vrai danger », clame un ancien militant du Parti Socialiste.

La gauche n’est pas parfaite, mais nous n’avons que celle-là

Sur l’estrade, les figures de la gauche se relaient : Murielle Guilbert (Solidaires), Edwy Plenel, Rima Hassan, Mathilde Panot. Des thématiques autour de la justice sociale et fiscale, du service public, de la jeunesse, de l’écologie et des discriminations imprègnent les différentes prises de parole. « La gauche n’est pas parfaite, mais nous n’avons que celle-là », constate la militante féministe, Caroline de Haas, appelant à une mobilisation massive pour le 30 juin prochain.

Un appel à la société civile

« Les syndicats lycéens rejoignent le front populaire », scande sur la scène, Manès Nadel, militant lycéen. Associations, syndicats et citoyens se sont également joint au Nouveau Front Populaire afin de faire entendre leurs voix. Et, dans l’espoir de construire une gauche qui tient ses promesses. « Si vous oubliez la Kanaky, si vous oubliez la Palestine, on retournera dans la rue », prévient le lycéen. Présentée par Julia Cagé, enseignante, chercheuse, co-autrice du livre « Une histoire du conflit politique : Élections et inégalités sociales en France », l’événement avait pour objectif d’allier personnalités politiques et société civile.

Je suis là parce que notre France à nous, ce n’est pas l’extrême droite

Dieynaba Sy, conseillère municipale à Noisy-le-Sec, qui avait déploré l’absence des forces civiles, se réjouit de les voir incluses dans l’Union. « Maintenant, je suis dans cette coalition et je fais partie de l’ensemble des forces vives de gauche », dit-elle en soulignant l’importance de cet appel. Elle est rejointe par Mariam Cissé Doucouré, maire adjointe à Villiers-le-Bel. « Je suis aussi présidente de plusieurs associations et une maman engagée. Nous venons des quartiers, le Front Populaire a fait appel à la société civile, ce n’est pas rien. Je suis là parce que notre France à nous, ce n’est pas l’extrême droite. »

Une Union en demi-teinte

Pourtant, les divisions, déjà présentes au sein de La France Insoumise, se sont fait ressentir. À Montreuil, 10ᵉ circonscription de la Seine-Saint-Denis, le député sortant Alexis Corbière a été écarté pour laisser la place à Sabrina Ali Benali, médecin urgentiste et militante de terrain.

« Je suis venue pour soutenir la candidature de Sabrina. Il y a enfin quelqu’un qui représente une voix des quartiers, qui est d’ici. J’espère que la gauche sera réunie autour de cette candidature », confie une maman, habitante de Montreuil. Elle est également ravie de l’investiture d’Aly Diouara dans la cinquième circonscription, « ce sont des luttes davantage antiracistes et décoloniales, c’est sous ce prisme que je m’identifie ». 

On a besoin d’acteurs associatifs qui ont vécu les quartiers et qui puissent nous représenter

D’autres personnes présentes se réjouissent d’une meilleure représentation des quartiers populaires. « On a besoin d’acteurs associatifs qui ont vécu les quartiers et qui puissent nous représenter », s’exclame un homme de 35 ans. Une jeune travailleuse se dit également contente d’avoir une autre candidate, « C’est bien d’avoir des ténors, mais pour des élections législatives, c’est important d’avoir des gens à qui on ne donne pas la parole. »

Une foule emportée par l’espoir

Ce meeting s’achève avec l’intervention des représentants politiques laissant toujours apparaître, malgré l’Union, les divisions du groupe. Pendant sa prise de parole, Rima Hassan clame « l’Union ne peut pas tenir dans la trahison ». Mais tient à souligner l’importance de ce nouveau front, « l’extrême droite raciste menace de s’abattre sur notre pays. Cette alliance est une riposte ». 

Si le manque de consensus est évident, les militants n’oublient pas l’urgence première, soutenir « l’alliance de la gauche, seul espoir face à l’avancée de l’extrême droite ». 

L’événement s’achève, encore marqué par ces divisions, mais la foule reste unie. « Siamo tutti antifascisti ! », crie-t-elle au milieu des applaudissements. « Nouveau Front Populaire », le slogan est scandé jusque dans les couloirs du métro envahi par le cortège.

Lisa Sourice

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