Bondy Blog : Quelles sont les raisons de la mobilisation d’aujourd’hui ?

Hervé Ossant : La question des retraites d’abord et ce système par points qui sera injuste et inefficace. Il y a eu une première bataille pédagogique. On a fait de nombreuses formations et réunions pour expliquer ce qui se préparait. Le gouvernement essaie de faire le flou mais le rapport Delevoye a été remis en juillet et on a plus que les grandes lignes de cette réforme. On a eu 23 réunions depuis 1 an et demi avec eux mais ce gouvernement se moque du monde et prend les gens pour des imbéciles. C’est 20 à 30 % de baisse pour toutes les retraites qu’il faut prévoir avec cette réforme.

Et puis la clause du grand-père (ndlr : autre nom de la clause d’antériorité selon laquelle la nouvelle législation ne s’appliquerait qu’aux nouveaux embauchés), c’est quelque chose qui est inacceptable, on ne peut pas raisonner en ces termes quand la priorité de ce quinquennat, ça devait être la jeunesse.

Notre système est le meilleur au monde mais Macron veut faire la même réforme qu’en Suède ou le taux de pauvreté des plus de 65 ans est de 15% alors qu’il est de 7,5% en France. On n’arrête pas de nous parler des régimes spéciaux mais la stratégie c’est de diviser pour mieux régner. On essaie de créer un clivage inter-générationnel avec la clause du grand-père et un clivage inter-professionnel avec les régimes spéciaux mais cette réforme, elle va toucher tout le monde.

Une société de l’individualisation, c’est ça que l’on nous promet. Et pourtant dans ce pays, il y a de l’argent seulement on assèche les services publics pour pouvoir dire ensuite qu’il n’y a pas d’autre choix que de les privatiser. Et puis il n’y a qu’à voir le grand absent dans les débats et dans les médias c’est le patronat. Il est où, M. Geoffroy Roux de Bézieux (le président du Medef, ndlr) ? Pourquoi parler et prendre des coups quand le travail est bien fait ?

BB : Quel est l’ampleur de la mobilisation en Seine-Saint-Denis ?

Il faut savoir que l’on a fait un grand nombre de réunions locales en amont. Il y a 37 cars qui sont partis du département, on est sur une fourchette haute. Et puis il y a 7 organisations syndicales qui ont décidé d’une marche départementale mercredi prochain des Quatre-Routes à la Courneuve jusqu’à Bobigny afin d’obtenir une audience auprès du préfet.

BB : Les classes populaires vont-elles être plus impactées ?

Evidemment, les petites retraites vont être plus impactées. Sur le département on a des problématiques de service public, d’emploi et de salaire. Les 23 mesures du premier ministre sont insuffisantes par rapport au département où les demandes et les souffrance sociales sont fortes. On a demandé au préfet des Etats généraux des services publics, que l’on se mette autour d’une table avec tous les acteurs du département. Les solutions, c’est collectivement que l’on pourra les trouver. Comment on met fin à cette rupture d’égalité ? C’est aussi ça le sujet.

BB : Quelle est la suite des événements ?

Une intersyndicale nationale se réunit demain matin et après il y aura des AG partout dans les entreprises.  Il faut que les salariés décident ensemble de ce qu’ils souhaitent faire. On va voir s’il y a des entreprises qui sont sur la reconductibilité. Tout est ouvert pour pouvoir peser. Ce qu’on veut c’est que ce qui est proposé soit retiré et qu’on puisse discuter. Aujourd’hui c’est tellement coercitif qu’il n’y a pas de marge de manœuvre. Cette réforme, c’est un projet de société du chacun pour soi. Nos homologues nous disent de ne pas être le doigt là dedans. En Belgique, ils ont réussi à faire reculer le gouvernement sur ce système à points. Ensemble nous pouvons y arriver.

Propos recueillis par Latifa OULKHOUIR

 

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