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En cette journée d’élections, Elysa va voter en famille, avec ses parents et son frère. Dans le bureau de vote installé dans le préau de l’école de Mainguy-Guehenno à Bondy, l’ambiance est celle d’un dimanche matin paisible et ensoleillé. La matinée est rythmée par le bruit des froissements de feuilles et par la fameuse formule « a voté.e ! » répétée à chaque bulletin déposé dans l’urne.

Pour Elysa, il était important de venir voter en cette matinée. « Je fais mon devoir de citoyenne pour faire barrage à l’extrême droite », explique la jeune Bondynoise.

Faire barrage à l’extrême droite : c’est l’une des principales raisons qui poussent les habitants à se faire entendre à travers leurs bulletins de vote. Une situation qualifiée « d’alarmante » par certains citoyens inquiétés par les sondages d’opinion. Selon l’institut de sondage Ipsos, le Rassemblement National, représenté par sa tête de liste Jordan Bardella, plafonne en tête des sondages avec 32 % des intentions de vote.

Je ne m’abstiens plus et je fais toujours barrage à l’extrême droite

« C’est symbolique et important pour moi d’aller voter. Je me suis abstenu aux élections européennes de 1984 et j’ai été surpris de voir le Front National de Jean-Marie Le Pen obtenir un nombre de places conséquent au Parlement à cause d’une forte abstention des votants. Depuis, je ne m’abstiens plus et je fais toujours barrage à l’extrême droite en votant à chaque élection », raconte Jean-Luc, 72 ans.

En effet, le Front National, porté à l’époque par son fondateur Jean-Marie Le Pen, avait obtenu un résultat de 10,95 % permettant au parti d’extrême droite d’obtenir 10 des 81 sièges de la France au Parlement Européen.

Ne pas s’abstenir pour faire barrage à l’extrême droite, un leitmotiv qui revient fréquemment depuis quelques années et qui pousse les citoyens bondynois à se rendre aux urnes. Les jeunes primo-votants répondaient également présents à l’appel des urnes pour la première fois afin de faire entendre leurs voix. « La montée de l’extrême droite nous a poussé à voter et puis il fallait aussi qu’on le fasse, car on ne se sent pas représentés », témoignent Marwa et Safa, 19 ans, venues ensemble pour leur baptême électoral.

Une participation en hausse en Seine-Saint-Denis

À 17 heures, en Seine-Saint-Denis, le taux de participation s’élevait à 32,53 %. Une hausse par rapport à 2019, où le taux était de 29,61 %. Pour certains votants, le destin de la situation européenne actuelle ne peut pas se tenir entre les mains de l’abstention.

Si on ne se positionne pas, d’autres le feront à notre place

Kenza, 24 ans, se confie notamment sur l’importance de se faire entendre au sein de ces élections européennes. « La situation actuelle est alarmante et si on ne se positionne pas, d’autres le feront à notre place », craint-elle.

Cette volonté de s’abstenir d’une partie de la population se fait également ressentir au sein des bureaux de vote. Othman, adjoint à la culture de la ville de Bondy et président du bureau de vote de l’école Guillaume Apollinaire, témoigne de l’activité de son bureau de vote.

« Les gens votent moins que pendant l’élection présidentielle, ça reste assez calme, mais on reste un bureau où il y a quand même plus de votants par rapport aux autres bureaux », indique-t-il. Néanmoins, même si l’engouement pour ces élections reste faible, il confie ne pas avoir pris de pause depuis l’ouverture du bureau. Les électeurs arrivent les uns après les autres. Pour Othman, la journée ne fait que commencer.

Imen Labraoui et Sélim Krouchi 

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