Nous sommes nés la peur au ventre. Nous avons été avertis, bien avant notre naissance, que l’extrême-droite gagnerait un jour en France. Nous avons toujours attendu ce jour, sans croire qu’il n’arrive vraiment. Plus jeune, on nous a dit : “Si l’extrême-droite passe, vous devrez rentrer chez vous”. Mais rentrer où ? Nous avions posé cette question à nos mamans : “C’est où chez nous ?”. Nos mamans ne savaient plus où elles vivaient, ni où elles allaient. Elles nous avaient élevés en France, dans des quartiers de misère. Nos mamans avaient honte. Elles auraient préféré autre chose pour leurs enfants. Elles auraient voulu qu’on grandisse sans souci. Elles auraient voulu un autre quartier, un autre appartement, une autre vue depuis la tour. Elles auraient voulu qu’on puisse voir la mer l’été, faire du ski l’hiver. Elles auraient voulu qu’on puisse aller dans des écoles où le taux de réussite est à 100%. Mais nos mamans n’ont pas choisi de vivre là où elles vivent. Nous sommes nés là où on les a mises, dans des quartiers sans grade. Nous avons grandi dans des bâtiments qui, depuis, ont été détruits : parfois remplacés par des immeubles plus petits et tout aussi moches, parfois par des hôtels d’architecte, qui ont poussé nos familles, installées là depuis toujours, à aller pourrir ailleurs. Notre chemin est une ligne de fuite : il a toujours fallu partir. Nos parents ou nos grands-parents sont partis d’Algérie, du Mali, du Maroc, des Comores, du Sénégal. Lorsqu’ils sont arrivés, il y avait dans leurs sangs, les traces de la colonisation, transportées de génération en génération, puis qu’ils nous ont transmises, à leurs tours. Il y avait les traces de l’extrême-droite française. Il y avait la violence et la terreur. L’extrême-droite a tué, violé et battu nos ancêtres. L’extrême-droite leur a coupé les doigts. Elle leur a crevé les yeux. Nous sommes nés avec.

Quand nous sommes nés, nous avons baigné dans le sang de nos mamans. Il y avait, à l’intérieur de ce sang, le goût de la guerre coloniale. Nous nous souvenons de ce goût. Ce goût de la guerre est notre madeleine de Proust – nous sommes toujours rappelés à lui.

2002, Le Pen / Chirac

En 2002, quand nous avions 10 ans, Jean-Marie le Pen (tortionnaire pendant la guerre d’Algérie, cofondateur du Front National avec un Waffen SS) était au second tour de l’élection présidentielle, face à Monsieur Chirac. Dans la cour de récréation, nous étions des enfants effrayés. Nous avions peur de nous faire dégager. Où irions-nous ? Tous les jours, nous avions peur que l’extrême-droite gagne du terrain. Nous avions peur qu’elle nous fasse faire nos valises. Que devrons-nous prendre avec nous comme souvenir de la France ? Nous n’avions pas grand chose. Nous avons demandé à nos mamans : “Qu’est-ce qu’on prend si on doit partir ?”. Elles ne savaient pas non plus. Nous n’avions rien à sauver, sauf nos amitiés. Parce que la France a fondé nos amitiés. Elle nous a permis de nous connaître, nous, les millions d’enfants que nous sommes. Nous n’étions pas seuls. Nous avions grandi dans les mêmes villes délaissés par les services publics, étudié dans les mêmes écoles dont certaines salles de classe restaient sans chauffage, imaginé nos destins liés. Nous avions les mêmes rêves échoués, les mêmes envies de réussite, et parfois les mêmes désirs de foutre le feu.

2005, Zyed et Bouna

En 2005, nous avions treize ans. Nous avons perdu Zyed et Bouna, chassés par la police, alors qu’ils n’avaient rien fait. Nous aurions voulu les retenir. Nous aurions voulu leur dire à l’oreille : “Ne cours pas par ici”. Ils ont été cramés dans un transformateur électrique. Tous nos quartiers ont hurlé d’un cri. Du bout de leurs lignes de RER, nos quartiers n’ont pas voulu que les choses se passent en silence. Nous avons cramé les abribus, les voitures, tout ce qu’on pouvait.

Quand on crie, personne ne nous entend

Nous nous souvenons de la fumée dans le ciel, depuis les fenêtres du salon. La fumée parlait : “Je brûle pour qu’on puisse vous entendre”. Parce que souvent, quand on crie, personne ne nous entend. La fumée était notre seule porte-parole. Nous n’étions plus des enfants. Depuis nos appartements délabrés, nos mamans avaient peur. Ce n’est pas la vision qu’elles avaient de la France. En arrivant ici, les mamans de nos mamans les avaient prévenues : il fallait baisser la tête, faire le dos rond, respecter la loi (même si elle pouvait être violente avec nous), respecter le pays (même s’il ne voulait pas forcément de nous), ne pas se faire remarquer, ni dans la rue, ni ailleurs, ne pas se mettre en porte-à-faux avec qui que ce soit… Les mamans de nos mamans ne voulaient aucun débordement. Mais nous, les millions d’enfants que nous étions, nous n’en pouvions plus. Nous avions besoin de crier. Nous voulions venger nos mamans et les mamans de nos mamans. Elles avaient vécu toutes les misères. Nous avions vécu ces vies de galère dans nos banlieues, maltraités et épuisés par les trains qui n’arrivaient jamais, le plafond de nos appartements qui se décrochaient à cause de l’humidité ou des humiliations du racisme quotidien. Tous ces gens qui nous regardent mal dans la rue. Tous ces flics qui nous contrôlent pour rien. Nous ne voulions plus nous laisser faire. Dans les années 80, bien avant nous, des générations de Noirs et d’Arabes avaient marché jusqu’à Paris. Ils avaient créé des compagnies de théâtre. Ils avaient manifesté. Ils étaient dans des syndicats. Ils demandaient déjà la Justice. Ils voulaient qu’on les reconnaisse pour ce qu’ils sont : les Français de la première génération. Nous, nous n’étions pas encore nés et c’est en 2005 que nous avons compris ce que nous étions vraiment : des Français précaires. Nous n’avions pas de contrat à vie avec la France. Pas de CDI. Nous étions français par intermittence. Un jour sur deux. Quand nous remportons des coupes de football, nous sommes français. Quand nous faisons de la musique qui se classe dans le Top 10 des tubes français, nous sommes français. Quand nous construisons des routes ou des bâtiments, nous sommes français. Quand nous lavons les chiottes des gares, des hôtels, des bureaux de la Défense et d’ailleurs, nous sommes français. Autrement non. Nous ne sommes rien.

La télévision a commencé à être continue

Les chaînes en continu, une sorte d’incontinence réactionnaire. Les éditorialistes en continu aussi, tous décomplexés, de la prétendue gauche du Printemps Républicain jusqu’à la droite la plus extrême – tous les mêmes. Ils ne s’arrêtaient pas de parler de nous, alors qu’on ne se connaissait pas. Ils n’étaient jamais venus chez nous. Nous n’avions jamais diné ensemble. Toute la journée, ils prétendaient connaître nos vies, nos habitudes, nos désirs. Ils disaient : “Ce sont des ennemis de la République !”. Ils disaient : “Ça ne peut plus durer comme ça !”. Certaines chaînes en continu avaient été rachetées par l’extrême-droite, mais toutes partagaient les mêmes idées. Leurs mots tournaient partout autour de nous, comme des épouvantails : immigration, islam, banlieues… Nous étions des millions, et pourtant, à les écouter, nous étions quatre ou cinq connards à éradiquer. Nous étions des millions à vouloir leur répondre : “Nous ne sommes pas ce que vous dites”. Mais personne ne nous écoutait.

Cette télévision était faite pour eux, par eux.

La télévision en continu n’était pas faite pour nous. Cette télévision était faite pour eux, par eux. Pour se convaincre davantage. Tous ces éditorialistes se radicalisaient. Parfois, quand un des nôtres arrivait dans leur télévision, ils disaient tout l’inverse de ce que nous avions besoin d’entendre. Il parlait comme eux. Il voulait leur plaire. Nous n’espérions plus rien. Nous voulions simplement que les choses se calment un peu. Que plus personne ne parle de plus personne. Nous voulions tout effacer. Rester tranquilles dans notre coin. Dans nos appartements de merde. Avec nos familles traumatisées. Avec nos sœurs qui essayaient, par tous les moyens, d’exister, de faire leurs études supérieures, de trouver un travail et un logement. Celles qui portaient le voile n’avaient absolument plus aucune chance. Si l’une d’entre elles (comme Maryam Pougetoux, par exemple) avait le malheur de passer dans leur télévision, on la congédiait direct. Elle n’avait rien à faire là. Pendant des semaines, on ne parlait que d’elle. Elle devait mourir sur un bûcher médiatique. Les temps étaient ainsi. La mise-à-mort se faisait en direct et en continu. Et nous assistions à toutes ces cérémonies mortuaires. Nous voyions les nôtres mourir les uns après les autres.

2015, Charlie Hebdo

En 2015, tout a encore basculé. L’horreur. Des terroristes acharnés. Des journalistes de Charlie Hebdo assassinés, froidement, par des fous furieux, des extrémistes religieux. A 23 ans, nous ne savions déjà plus quoi dire. La France portait une blessure beaucoup trop grande pour elle. Comment l’apaiser ? Comment la guérir ? Nous regardions ces séquences, les unes après les autres. Dans leur télévision en continu, les mots étaient évidemment les mêmes, toujours les mêmes coupables, les chiens d’immigrés, les musulmans en tous genres… Les éditorialistes d’extrême-droite n’avaient plus peur de devenir des disques rayés. Nous devions faire front. Nous étions des millions à refuser leurs mots. Nous n’étions pas des terroristes. Nous ne voulions enlever la vie à personne. Nous voulions juste rappeler que nos vies comptent aussi. Nous voulions que nos imaginaires comptent aussi. Désormais, nous nous reconnaissions dans la rue et sur les réseaux sociaux. Nous nous faisions des clins d’œil, en signe de soutien. Nous nous disions : “Tiens bon”. Nous commençions à nous follow et nous liker. Nous avions vingt-cinq ans. Il se passe tant de choses à cet âge-là… Vingt ans, c’est le temps des révoltes intérieures.

La France nous parlait trop mal. Elle était insolente avec nous.

C’est le temps de trouver sa place dans le monde. Mais nous ne trouvions pas la nôtre en France. La France nous parlait trop mal. Elle était insolente avec nous. Elle nous faisait des signes de la tête pour nous montrer la sortie, comme un videur de boîte de nuit. Nous étions à deux doigts de nous résigner à partir. Certains d’entre nous sont partis, eux.

Dans le livre “La France tu l’aimes mais tu la quittes”, publié le mois dernier, les deux sociologues comptent des milliers de jeunes qui ont quitté la France. Nous nous demandions tous les jours : “Tu veux rester ici, toi ?”. Parfois, nous imaginions notre vie ailleurs. Nous étions à Londres ou à Istanbul. Nous avions des jobs de rêve à Copacabana. Nous voulions aller voir Melbourne. Nous n’avions même pas tenté New York – c’est trop cher là-bas, ce n’est pas pour nous. Nous pouvions très bien prendre un aller simple pour Casablanca, Alger ou Dakar. Certains voulaient Dubaï, comme la plupart des rappeurs ou des influenceurs qui s’inventent de nouvelles vies là-bas. Mais nous ne pouvions pas partir comme ça. Nous devions résister. Nous devions entrer en mission contre l’extrême-droite, même si le combat nous semblait perdu d’avance.

Nous étions des millions contre des millions.

L’extrême-droite avait ses entrées partout depuis quinze ans et dans nos quartiers, plus personne n’y croyait vraiment. De l’autre côté de la France, ils étaient des millions à avoir trouvé la solution : le vote pour le Front National, devenu rassemblement. Ils pensaient qu’il fallait nous dégager de toute urgence. La France avait un problème, et ce problème c’était nous. Nous étions des millions contre des millions. Sauf que chez nous, nous n’étions pas des millions à voter. La “gauche” de François Hollande avait ruiné les derniers espoirs. Nous n’avions plus envie de politique. Nous ne croyions plus rien. Nous préférions crever la bouche ouverte, plutôt que d’aller voter pour eux. Nous ne voulions plus être considérés comme leurs enfants. Nous ne voulions plus de leur paternalisme à deux balles. Plus jeunes, nous avions été des enfants des banlieues communistes. Quand nous étions petits, nous allions à la Fête de l’Huma. Nous nous souvenons des pieds mouillés, de la boue partout, du dernier concert de Diam’s, de l’odeur des stands, des frites-merguez et de la bière blonde en pichet. Nous nous souvenons de nos parents qui devaient négocier un meilleur logement social avec les élus communistes, en retour de quoi il devait s’encarter au Parti. Nous avions une conscience de classe, malgré nous : nous étions les pauvres. Et bientôt, une conscience de race : nous étions les Noirs et les Arabes. Nous étions l’ennemi de ce pays. Ce pays ne voulait plus de ses enfants pauvres, ni des Noirs et des Arabes. Nous étions devenus comme des étrangers dans notre propre pays. N’était-ce pas cela qu’il nous avait fait croire pendant des années ? Nous faisions semblant de faire bouger les choses. Nous essayions de nous mobiliser. Nous avions 20, 26 ou 35 ans. Nous allions en bas de nos bâtiments pour parler à tous ceux qui n’y croyaient plus, comme si les choses pouvaient encore changer. Nous tentions de convaincre les plus jeunes de ne rien laisser tomber. Nous organisions des choses – tout ce qu’on pouvait : des blogs, des ateliers, des sorties, des rencontres… Il fallait montrer à ceux qui ne le savaient pas encore que le monde était bien plus vaste que ça. Nous étions des collectifs, des associations, des artistes, des activistes. Nous étions des millions à nous organiser. C’était le fruit d’un travail de trente ans, mené bien avant nous. Nous faisions la course contre un monde qui s’écroule. Mais nous n’avions ni les moyens, ni la force de gagner. Le match était plié d’avance, depuis plus de dix ans.

2016, Adama Traoré

A l’été 2016, nous avons perdu Adama Traoré. Le jour de son anniversaire. C’était un jour de canicule, il faisait très chaud. Le sol, sur lequel les quatre gendarmes l’ont plaqué, devait être brûlant. Il a dû crier, puis donner ses dernières respirations. Nous ne savons pas ce qu’il a dit quand il est mort, mais à la seconde même, nous sommes devenus la génération Adama. Adama avait sa sœur Assa Traoré, puis des millions d’autres. Nous étions les membres d’une même famille meurtrie. Nous voulions la Justice. Nous étions des millions à crier dans la rue : “Pas de justice, pas de paix”, “Justice pour Adama”… En 2020, nous nous sommes rassemblés devant le Tribunal de Grande Instance de Paris. Nous étions une foule honnête. Nous étions tous ceux qui n’avaient jamais été entendus. Nous voulions faire masse.

Nous voulions leur rappeler que nous étions là. Nous voulions qu’ils comprennent que quand on touche à l’un des nôtres, ils nous touchent tous. Nous voulions qu’ils se sentent pris en étau. Nous voulions qu’ils demandent un procès aux quatre gendarmes. Puis d’autres morts, d’autres frères.

2023, Nahel

L’année dernière, nous avons perdu Nahel. L’image reste à l’intérieur de nous. La voiture jaune que Nahel conduit et le flic avec son arme, pointée sur lui, côté-conducteur. Le coup de feu, alors qu’il n’y a aucune menace en face. La voiture qui fait quelques mètres à l’agonie, puis s’éclate contre un poteau. Le corps de notre petit frère de 17 ans, tué d’une balle, qui s’écroule sur le volant. Quand la police nous tue, ce ne sont pas seulement nos corps qui tombent, ce sont aussi nos rêves. Ce sont nos envies de vie. Ce sont nos familles. Quand un corps tombe, tué par la police, nous sommes des millions à tomber. Combien serons-nous encore à mourir, quand le Rassemblement National sera arrivé au pouvoir en France ? Des millions. L’autre France ne l’entend pas. On leur a répété les mêmes choses depuis dix ans en continu, ils s’en foutent. Les Bourgeois ne l’entendent pas non plus. Ils s’en foutent. Ils pensent à leurs poches. Ils se disent : “Pour notre porte-monnaie, vaut mieux le RN que le Front Populaire”. Les fachos, plutôt que les prolos.

Nos vies sont en danger de mort, ils n’en ont rien à foutre.

Ils s’en foutent de la mort qui traîne dans la rue, ils n’y sont jamais confrontés. Ils s’en foutent de la violence dans nos quartiers. Ils regardent la télévision et ils croient à tout ce qu’ils voient. Ils ne sont pas dans l’expérience de la vie, ils sont plutôt dans la mort de la pensée critique. Ils n’espèrent rien, à part continuer d’aller en vacances, boire des verres en after-work, et basta. Nos vies sont en danger de mort, ils n’en ont rien à foutre. Nous sommes des millions de vies en danger. Alors nous devons nous positionner maintenant. Nous devons être entendus. Ce sera la vie contre la mort. La France va se diviser en deux blocs : ceux qui nous souhaitent la mort, et nous, qui nous battrons pour vivre nos vies. La France va se diviser : ceux qui ont peur de nous, et ceux qui n’ont peur de rien. Parce que nous n’avons plus à avoir peur. Nous allons renoncer à la mort et à la fuite. Nous n’allons pas partir d’ici. Nous n’irons nulle part. Nous allons occuper le terrain, comme nous l’avons toujours fait. Ceci n’est pas une déclaration de guerre, c’est un cri d’espoir. Nous ne sommes plus les enfants paniqués que nous étions quand, à l’âge de 10 ans, ils nous faisaient croire qu’ils allaient nous dégager. Nous sommes présents. Nous serons présents. Nous sommes des millions d’êtres au présent. Nous allons continuer le chemin que nous avons commencé. Ce chemin est sinueux, certes. Ce chemin n’est pas un chemin très simple. Il y a des rochers, des obstacles à éviter. Il y a des pièges dans lesquels nous allons tomber. Il faut se protéger. Mais nous allons continuer de marcher. Dans la rue, nous dirons toujours : “Free Palestine, free Congo, free Haïti”. Nous dirons toujours : “Justice pour Adama, justice pour Nahel”. Parce que nous sommes sincères. Nos combats sont sincères et pleins de larmes. Nos luttes sont portées par le cœur. Dans la rue, nous dirons toujours : “La jeunesse emmerde le RN”. Nous dirons toujours : “Les rêves, la joie et l’espoir nous appartiennent”. Parce que nous croyons en la Beauté. Même si elle ne nous a pas été servie très jeunes, la beauté est de notre côté. Nous ne sommes pas austères. Nous ne sommes pas des êtres gris. Nous ne sommes pas la terre du milieu. Nous sommes vivants et plein d’espoir pour demain. Nous avons grandi dans des cités maudites, mais nous les transformeront en bataillon de résistance.

Nous allons retourner le cours des choses. Nous ne laisserons pas faire les petits esprits, les mauvaises âmes. Nous allons construire une famille de millions d’enfants qui pensent que demain sera un grand jour. Demain ne sera pas le jour de notre mort, ce sera celui de la vie. Demain est un horizon joyeux. Quand on est un enfant, il faut croire aux horizons. Nos horizons ne seront pas entravés par l’extrême-droite. Nos horizons sont bien plus larges que cela. L’extrême-droite est un empêcheur. Elle veut se mettre en travers de nos chemins. Mais nous devons tracer notre route sans eux. Sans aucune peur d’eux. Nous devons envahir l’espace. Mobiliser toutes nos voix. Contrer le discours avec force. Opposer la Beauté. Construire notre monde. Pas comme un homme politique, mais comme un être sensible peut le faire. Avec sincérité et croyance. Nous devons être du côté de la joie. Nous devons imaginer des moments de fête. Nous devons nous retrouver. Nous devons nous reconnaître dans l’obscurité et faire le chemin ensemble. Nous devons aller vers l’inconnu.

Mehdi MEKLAT et Badroudine SAID ABDALLAH

Articles liés

  • Rassemblement contre l’extrême-droite : « On va faire barrage, tous ensemble »

    Ce mercredi, 60 000 personnes se sont rassemblées « contre l’extrême-droite » à l’appel de médias indépendants, d’associations et d’acteurs de la société civile. Un moment de cohésion en colère et en musique d’une foule anxieuse de la percée de l’extrême-droite, à quatre jours du deuxième tour des élections législatives.

    Par Ramdan Bezine
    Le 04/07/2024
  • À Bondy, les électeurs se mobilisent face au péril de l’extrême-droite

    De nouveau appelés aux urnes, les électeurs bondynois se sont présentés nombreux à leur bureau de vote. À la mi-journée, les urnes de certains bureaux étaient bien plus remplies que lors des dernières élections législatives. Certains électeurs ont pris le temps de se confier au Bondy Blog à la sortie de leur bureau. Reportage.

    Par Félix Mubenga
    Le 30/06/2024
  • Dans les quartiers Alsaciens, s’allier aux campagnes devient une priorité

    Le Rassemblement national est arrivé largement en tête des Européennes dans le Grand-Est. En plus des campagnes, la quasi-totalité des communes a voté pour la liste menée par Jordan Bardella. Le résultat des votes laisse apparaître un clivage entre les quartiers populaires alsaciens et territoires ruraux. L'association "Ma cité va voter" entend réconcilier ces territoires.

    Par Coralie Chovino
    Le 28/06/2024