[BONDYBLOG-US] Pour notre première escale, rendez-vous est pris à l’université de Miami en Floride : grands espaces, locaux modernes et palmiers omniprésents. Sur le campus, la dernière ligne droite de la campagne à quatre jours du vote à l’élection présidentielle américaine n’agite pas les foules. Paroles de jeunes engagés.  Reportage.

Certains jours, un bus sillonne le campus de l’université de Miami. C’est celui de l’association « Get out the vote » qui vise à sensibiliser les étudiants sur les élections et à les inciter à s’inscrire sur les listes électorales. Aux Etats-Unis, le vote des étudiants et plus globalement des jeunes est un véritable enjeu. Les 18-34 ans représentent un électeur sur trois. Brianna Hernandez est étudiante en troisième année et étudie l’histoire et la science politique. Du haut de ses 20 ans, elle est membre de « Get out the vote ». « Le campus manquait de personnes poussant à avoir ses propres opinions, explique-t-elle. Il n’y avait que les membres des deux partis qui criaient leurs slogans à qui voulaient les entendre et rien d’autre. Alors, j’ai décidé de rejoindre l’association ». Brianna est plutôt fière d’affirmer que grâce à l’action de son collectif, un peu plus de 2 000 étudiants se sont inscrits sur les listes électorales et environ 200 ont voté par anticipation en utilisant les navettes mis en place pour se rendre du campus au bureau de vote le plus proche. « On aime dire que les millenials ne votent pas alors que nous, on voit que les étudiants sont intéressés et qu’il y a un éveil politique. Surtout que c’est à l’université que l’on comprend vraiment ce que ça signifie être démocrate ou républicain ». Etant membre de l’association, Brianna Hernandez n’a pas le droit de donner sa préférence politique. Les règles sont très claires : elle ne doit délivrer que des informations « non partisanes ». Etrangement, l’enthousiasme débordant de la bénévole, on le retrouvera très peu chez les militants et sympathisants politiques du campus.

Après Bernie Sanders, le soutien par défaut à Hillary Clinton

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Aaron Gluck, 20, étudiant en science politique, démocrate

Aaron Gluck, lui, affiche clairement ses opinions. Cet étudiant de 20 ans en science politique est membre de la section démocrate de l’université. Lui, se promène sur le campus pour convaincre les étudiants de voter pour Hillary Clinton. Il dit avoir toujours été passionné par la politique : au lycée déjà, il organisait des déjeuners « pizzas and politics » qui consistaient, vous l’aurez deviné, à débattre de politique autour d’une pizza. En 2012, il a fait campagne pour Barack Obama alors qu’il n’avait même pas le droit de vote. Pourquoi avoir choisi ce camp? Réponse de l’étudiant : il ne faut pas se focaliser sur l’étiquette mais sur le fond. « Si un jour les démocrates abandonnent la lutte contre les inégalités par exemple, je ne serais plus démocrate ». Aaron Gluck fait partie de ces jeunes démocrates qui ont voté, en nombre, pour Bernie Sanders à la primaire du parti : 83% des 18-29 ans avaient voté pour l’adversaire d’Hillary Clinton. « Il a réussi à me convaincre parce qu’il parlait de sujets qui nous touchent comme les frais d’université par exemple. J’avais pourtant participé à une vidéo pour dire de soutenir Hillary Clinton mais quinze  jours plus tard j’ai finalement voté pour Bernie Sanders ». Désormais, évidemment, il soutient Hillary Clinton mais, à l’écouter, on ne peut pas dire que l’enthousiasme soit à son comble. »Elle est très intelligente et a toutes les compétences mais ses discours ne sont pas inspirants comme ceux de Bill Clinton ou de Barack Obama. Elle ne fait que délivrer son message et dire ce qu’elle a à dire et ce n’est pas la chose la plus sexy de la terre. Et puis je sais très bien qu’il existe une minorité de démocrates qui ne votera pas pour elle, qui n’aime pas ce qu’elle représente ».

« Les militants républicains ont choisi ce candidat dans un moment de colère ».

Raf Paz, 20 ans, étudiant en sciences politiques à Miami, pro Républicain

Raf Paz, 19 ans, étudiant en science politique pro-républicain

Chez les jeunes Républicains ou ceux sensibles au discours du parti, l’engouement pour le candidat est moins prononcé. Raf Paz a 19 ans et étudie aussi la science politique. Il insiste sur le fait qu’il n’est pas membre de la section républicaine de l’université. Il développe ce qu’est pour lui être républicain. « Je suis conservateur dans le sens où je suis pour la baisse des dépenses publiques par exemple. Mais concernant le mariage gay, ça ne me pose pas de problème, je suis pour. La libéralisation doit être sur le plan économique mais aussi social. On pourrait discuter des heures sur ce que ce signifie être conservateur mais moi, c’est ma manière de l’être ». A la primaire, il a plutôt soutenu Marc Rubio. « Ca été le cas de beaucoup de jeunes ». Il rappelle que c’est le parti républicain qui a, pour la première fois, mis sur le devant de la scène politique nationale, des personnalités hispaniques avec Marc Rubio et Ted Cruz, tous d’eux d’origine cubaine, comme lui. Pas une seule fois, par contre, il ne prononcera le nom de Donald Trump. « S’il perd, ça sera l’occasion pour nous de nous restructurer. Ma génération va apporter une autre manière d’être républicain. Je pense que les militants ont choisi ce candidat dans un moment de colère ».

Le plus important pour gouverner, « la majorité au Congrès »

Dans le hall de l’université, Aaron Gluck ne cesse de scruter les sondages sur son téléphone. « Je n’arrive pas à arrêter ça me rend dingue ! Je vérifie toutes les cinq minutes quelles sont les nouvelles tendances ». Ces derniers jours, en Floride, l’écart s’est resserré entre Hillary Clinton et Donald Trump. Raf Paz, lui, est assez distant par rapport à cette élection. « Ca ne va rien changer de toute façon. Si le candidat n’a pas la majorité au Congrès, peu importe qui est élu car sans lui, le président ne pas gouverner. Il n’y a pas que l’élection du président qui est importante ». A juste titre, car avec cette élection, ce sont aussi les 435 membres de la Chambre des représentants qui seront élus ainsi que 34 sénateurs sur 100. Le Congrès est, aujourd’hui, à majorité républicaine.

Brianna Hernandez, elle, continuera, jusqu’au jour du vote, mardi 8 novembre, à sillonner en bus les allées du campus pour débattre avec d’autres étudiants des sujets qui les concernent. « Comme le social, ou l’action humanitaire et pas nos relations avec la Russie ».

Latifa OULKHOUIR (Miami, Floride)

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