« Pour l’instant, l’effectif des classes ne dépasse pas 24 élèves, mais avec les réformes, la situation des lycées de banlieue empire. Il y  a de moins en moins d’adultes dans l’enceinte, des profs comme des femmes de ménage. Le niveau baisse. On a l’impression qu’il faut apprendre de moins en moins de choses, que le message est « Vite au boulot! » En effectif réduit, on est de moins en moins disponible pour des élèves de plus en plus préoccupés par des soucis extrascolaires ».

Charlotte Sechet, enseignante au Lycée depuis 6 ans.

 

 

 

« On ne voit plus les parents. A la réunion de début d’année, il n’y en avait pas un! La démission des parents fait que les jeunes n’ont plus de soutien externe et que la discipline baisse. On ne sait plus comment s’en sortir. »

Martine Guichard (à droite sur la photo ci-dessous), enseignante depuis 20 ans au Lycée.

 

 

« Nous subissons une déliquescence du sens des études. Cela dû en partie au chômage grandissant qui ne les justifie plus et à la représentation des parents qui considèrent les enseignants comme des paresseux. Après avoir remis en question l’autorité du juge et du maire, vient le tour des profs. Le lycée est devenu un lieu qui évite aux jeunes de se retrouver dans la rue. Notre mission est de tous les emmener vers le bac, en baissant le niveau des exigences si il le faut. On dérive vers une stratégie d’assistanat qui les déresponsabilise, expliquant  le 80% d’échec au BPS et la plupart des abandons lors de la première année de fac. Les étudiants subissent les frais d’un discours post-soixante-huitard, d’un diktat de bon ton qui veut offrir les mêmes chances à tous, même si cela n’est pas possible. Un concours d’entrée pour la fac leur éviterait de perdre une année. »

Grégory Corbeau (à gauche sur la photo), enseignant.

 

 

 

 

 

« Le lycée bénéficie d’une équipe enseignante très soudée, le seul moyen d’offrir des attitudes professionnelles – la ponctualité, le respect du règlement – à des élèves qui proviennent à 70% de familles défavorisées. On peut dire ce que l’on veut du 93, je trouve notre lycée plutôt calme. Nous n’avons pas en permanence les parents et leur avocat sur le dos, contrairement à d’autres établissements. Depuis quelques années, nous sommes moins confrontés au langage ordurier des cités. Mis à part quelques coups de colère, les étudiants sont serviables et polis. Malgré notre préoccupation principale, l’absentéisme, je peux dire que je suis fière de notre lycée, fière de l’Education Nationale et ne verrait pas pourquoi on la remettrait en question. »

Madame Suc, provisoire adjointe du Lycée depuis cinq ans.

Par Blaise Hofmann

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Blaise Hofmann

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