Cette année, je rentre à l’université, à la Sorbonne. Cela sera d’autant plus nouveau pour moi à cause du Covid-19 qui change toutes les formalités d’accueil dans les établissements scolaires. Ainsi, je ne vis pas une, mais deux nouveautés. Et pour le moins que l’on puisse dire, cette rentrée a été assez mouvementée.

Une rentrée inexistante… ou presque

14 septembre, la veille de la rentrée. Ça y est ! Nous y sommes ! Je m’apprête à embrasser une nouvelle vie : la vie étudiante ! En droit plus précisément. Et, cette vie là, je l’appréhendais un peu parce que oui, la vie étudiante paraît compliquée.

Entre les cours et les nouvelles responsabilités, on est très vite débordé. La transition entre l’adolescence et la vie adulte s’est faite plus tôt que prévue. Mais bon, c’est avec l’esprit serein que j’aborde cette veille de rentrée. En bonne élève studieuse, j’ai regardé des vidéos et déjà lu quelques cours.  J’ai aussi intégré le groupe de ma promotion via Whatsapp dans lequel j’ai pu faire des rencontres.  Tout cela dans le but de réussir au mieux ma première année de droit.

J’étais donc impatiente à l’idée de commencer ! J’avais hâte de découvrir ce qui m’attendait. Ce “monde nouveau”. Ce nouvel environnement de travail, ce nouveau trajet, ces nouveaux amis, ces nouvelles  habitudes… En soi, hâte de retrouver une vie presque normale après ces 6 mois sans cours. Aussi, j’attendais cette rentrée avec impatience pour savoir ce qui allait se passer pour les langues, le sport, et le reste la vie de la fac.

Le jour de la rentrée, aux alentours de 10H00, j’apprends que celle-ci fera finalement à distance. Une espèce de frustration me traverse.

Il a fallu que je fasse partie de la minorité et non la majorité à avoir une rentrée à distance ?

J’avoue que cette pensée m’a traversé l’esprit. Toutes les autres filières ont eu la “chance” d’avoir eu une rentrée quasi-normale. Pourquoi ce choix par l’administration de ma fac ? Est-ce à cause de son règlement, différent des autres sites ?  Ou  plutôt qu’ils voulaient éviter de s’attirer les foudres de la presse et des étudiant·e·s comme leurs homologues à la tête des autres établissements ?

Via le hashtag  #balancetafac plusieurs étudiants ont dénoncé l’absence de distanciation sociale dans les amphis, où des élèves s’entassent sur les bancs, parfois sur les marches, comme avant.

Ma première réaction m’a fait réaliser que je n’avais pas encore totalement accepté que ce virus fasse dorénavant partie de nos vies.

En guise de solution, les administrateurs ont proposé un live de présentation générale de l’université : une université de prestige, dont le président fait l’éloge, accompagné des nouvelles nouveauté dont le Covid, forcément. À notre disposition des gels hydroalcoolique et des masques. Toutefois, il souligne qu’il risque d’être difficile de respecter les gestes barrières pendant un moment.

Les effets d’une rentrée Covid 

Le lendemain, c’est l’heure de ma “vraie rentrée”. Je suis sortie juste avant et je risque d’être en retard. Pour autant, rien ne m’inquiète. Ils nous ont laissé la possibilité de pouvoir re-visionner  la conférence autant de fois que l’on le veuille. La magie de la technologie ! C’est donc avec la même énergie de la veille que j’aborde ma rentrée.

Je me suis vite rendue compte que l’énergie n’était pas la même des deux côtés de l’écran. La vidéo qui était prévu pour 14H a du retard. 15 heures ? 16 heures ? Toujours rien. Ainsi, moi et l’ensemble de mon groupe Whatsapp commençons à paniquer. Où est passé notre rentrée ? On contacte l’administration, associations étudiantes afin d’avoir des réponses en vain, aucun service ne sait ce qu’il se passe. A croire qu’on avait changé de rôle.

 

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Un meme du compte « meme Panthéon-Sorbonne » qui représente bien la situation. Ce compte a d’ailleurs été créé suite à la gestion de cette rentrée. 

 

Sans réponses, on commence à imaginer les pires scénarios. Ont- ils décalé notre rentrée? Ont-ils négligé le fait de nous prévenir qu’elle a été reportée ? Après tout, avec l’expérience des inscriptions administratives on peut s’attendre à tout. Ou pire, nous ont-ils tout simplement oublié ?

C’est ce qu’on a pensé lorsque nous sommes tombé·e·s sur une photo d’une association étudiante qui se félicite d’avoir accueilli des étudiants en droit de Panthéon-Sorbonne .

 


On finalement reçu la fameuse vidéo le lendemain. Elle faisait plus d’une heure et la majorité d’entre nous n’a trouvé de grand interêt dans cette présentation. Sûrement parce que c’était trop long, et aussi parce qu’il n’y avait pas d’indications sur les fameuses inscriptions pédagogiques.

Un drame potentiel. En prenant pour en compte le nombre de personne dans mon groupe Whatsapp ça n’était pas une mais plus de 150 étudiant·e·s qui auraient raté leur rentrée. Bilan de ce 15 septembre : un énorme mal de tête. Tels ont été les syndromes de cette « rentrée Covid ».

Comme promis, l’administration a trouvé une solution afin de respecter plus ou moins la distanciation sociale. Nous avons des cours à la fois à distance et en présentiel pour permettre de diminuer le nombre de personne dans les amphis. Toutefois, on remarque une différence entre les cours en présentiel et à distance.

Entre les bugs, les demandes des proches pour telles ou telles chose à la maison, ou la distraction d’internet : je vous assure qu’on préfère nettement les cours en présentiel.

Le Covid : Un énième de révélateur des maux de la fac

Le Covid comme il l’a montré, pour nos systèmes de santé, révèlent les failles de nos structures d’accueil d’une partie de la jeunesse que sont les facs. Les universités sont bondées car on n’en construit pas assez.

Et face au manque de place, on sélectionne encore plus avec Parcoursup. La plateforme introduite en 2018 ne redistribue pas les voeux en propositions uniques, mais qui permet aux meilleurs élèves choisir parmi leurs propositions.

Une sélection, qui, d’après le journaliste et ingénieur en informatique Guillaume Ouattara s’est accentuée avec ce nouvel algorithme, particulièrement avec .

Cette année la majorité des oraux ou épreuves écrites d’habitude organisées par les établissements n’ont pas pu avoir lieu. Ces épreuves permettent aux candidats “moyens” de pouvoir plus se distinguer parmi les autres et ainsi respecter un principe d’égalité de chance.

La santé mentale à l’épreuve de la « rentrée covid »

J’avoue, j’ai menti, je n’étais pas totalement sereine cette veille de rentrée. “Je dois être la meilleure, je dois être à la hauteur”. C’est une phrase qui résonnait et qui résonne encore dans ma tête. Je rentre dans une filière considérée comme élitiste : le droit. Ajoutons à cela qu’elle est la meilleure université dans ce domaine. Par conséquent, je risque probablement de dépasser mes limites, quitte à sacrifier parfois ma santé mentale, déjà mise à l’épreuve pendant ce confinement.

Selon une étude de Santé Publique France, le confinement aurait eu un impact mitigé sur la santé mentale des individus. À la fin du confinement,  17,6% des interrogés se disent être anxieux contre 26,7%  lors des premiers jours du confinement.

Toutefois, d’autres  des études plus ciblées sur les jeunes viennent interroger ces résultats. Les jeunes ont été particulièrement vulnérables pendant la crise sanitaire.

La solitude, l’incertitude des modalités d’examens auraient eu un impact direct sur la santé mentale des étudiant· e· s.

D’après un article du Monde qui à recueilli les résultats préliminaire de l’étude, « Confis »* les étudiant· e· s présentent une plus mauvaise santé mentale comparé aux non-étudiant· e· s. Par exemple, 27% des étudiant· e· s déclarent être tristes, déprimé· e· s plus de la moitié du temps, voire tout le temps, contre seulement 16% des non-étudiant· e· s(4). Plusieurs d’entre eux ont par ailleurs renoncé aux soins pour cause de précarité.

Me concernant je me rappelle encore que « l’on a rien sans rien » bien sûr, néanmoins ne serait-il pas temps de questionner ce mode de vie ? Rythmé par le stresse et la précarité pour certain· e· s ? D’une manière plus générale, peut-on s’attarder  davantage sur le sentiment de la “génération sacrifiée” qui l’est de plus en plus avec cette épidémie ?

Mon ressenti face aux semaines à venir est un peu comme le Covid : le flou. Le flou sur la manière dont elle va se dérouler. J’espère que je ne vais pas passer toute mon année à distance malgré tout. J’ai peur qu’à distance (comme un peu au lycée), j’ai du mal à comprendre des notions et donc devoir attraper du retard déjà pris au lycée. Et pire, si tout nos cours se passent à distance, nos diplômes risquent peut-être de ne pas être valorisés auprès des autres. On se moque déjà de notre « bac Covid »,  peut-être bientôt de nous aussi.

Photographie à la Une © Facebook Panthéon Sorbonne.

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