Parce que l’école à la maison creuse sans pitié les inégalités, le conseil départemental de Seine-Saint-Denis tente de combler un peu l’énorme fracture numérique. Pour faire face à l’impossibilité qu’éprouvent certains enfants à suivre les cours à distance, faute de matériel adapté, la collectivité départementale a entrepris de fournir plusieurs milliers de tablettes à ceux qui en ont besoin, le temps de la crise.

Tahar*, 14 ans, élève au collège Solveigh Anspach, à Montreuil a bénéficié du dispositif. « La tablette me sert à faire mes devoirs, envoyer des fichiers pour des exercices que j’envoie directement aux professeurs », explique l’adolescent.

Son camarade Samy, en classe de troisième, est dans le même cas : « J’avais un ordinateur à la maison, mais je ne pouvais pas l’utiliser parce qu’il était infecté de virus, du coup j’utilise la tablette pour les devoirs et ça se passe très bien. »

Matériel inadapté voire inexistant, un seul ordinateur pour plusieurs enfants… Les symptômes de la fracture numérique sont nombreux et une action s’avérait indispensable pour ne pas ajouter à cela le décrochage scolaire. Emmanuel Constant, vice-président à l’éducation du CD93, explique la démarche : « Les chefs d’établissements ont recensé les besoins et contacté les familles. On a donc distribué un peu moins de 1500 tablettes. En tout, on en a 15 000 de prêtes. En règle générale, on a une vingtaine de distributions de tablettes par établissement pour les élèves qui en sont dépourvus. »

Avoir une tablette, c’est bien, savoir s’en servir, c’est mieux

Récupérer une tablette règle une partie du problème mais n’élude pas quelques questions. Est-ce que tout le monde sait l’utiliser ? Est-ce que le réseau internet fonctionne aussi bien chez tout le monde ? Les serveurs d’e-learning sont-ils si accessibles que ça ? Pour certains, ce n’a pas tout de suite été facile.

La maman de Nadia Maria,  élève au collège Victor Hugo à Noisy-Le-Grand, nous raconte : « Au début, on a eu beaucoup de problèmes, je ne sais pas si c’était à cause du réseau. On lui a passé le PC pour savoir si ça vient du réseau de chez nous, mais non, c’était un problème de serveurs du e-learning. »

Alors, la famille de Nadia Maria contacte le collège : « Le directeur nous a proposé une tablette où le e-learning est déjà installé. Elle a eu du mal au début mais elle a pu travailler avec ».

Pour soulager les serveurs, l’établissement de Nadia Maria a fini par établir des plages horaires, pour éviter que tous les élèves se connectent en même temps.

Samy avoue lui aussi, avoir rencontré des difficultés : « Je ne sais pas comment faire pour écrire sur la tablette, avec les traitements de texte comme ‘Libre Office’. Je ne connais pas l’application du coup, j’écris sur une feuille et après je l’envoie aux profs. »

Tahar poursuit dans le même sens : « Quand j’ai reçu la tablette, je ne savais pas trop comment l’utiliser. J’ai regardé toutes les applications qu’il y avait dessus ».

Hervé HINOPAY

*Le prénom a été modifié

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