« Il faut qu’ils comprennent que je n’ai pas envie de mettre ma santé en jeu et foutre ma vie en l’air pour décrocher un diplôme ! » déclare Manon, avec colère, devant la mobilisation qui se joue, impuissante face à l’échéance des examens de la faculté de Créteil en ce mois de mai 2021. La jeune étudiante cristolienne de 23 ans, fait partie des élèves qui ont pris part aux manifestations sur le campus droit de l’UPEC visant à empêcher la tenue des examens qui ont commencé la semaine dernière et qui sont toujours en cours, malgré le Covid-19, et une année compliquée pour nombre d’étudiants.

C’est beaucoup trop dangereux pour nous de faire confiance à chacun.

En cause notamment le protocole sanitaire jugé insuffisant pour permettre un bon déroulement des épreuves comme l’explique l’étudiante en troisième année de licence : « Je tiens à dire que nos revendications sont purement sanitaires, si on demande à être en distanciel ce n’est pas pour tricher ou quoi. Je suis moi-même malade, il y a pleins d’étudiants ici qui sont à risque dont une amie diabétique ». Elle poursuit : « C’est beaucoup trop dangereux pour nous de faire confiance à chacun, parmi les étudiants je ne sais pas qui respecte ou non les règles donc je ne veux pas prendre de risque et mettre mes proches en danger ».

Entre présentiel et distanciel : des avis partagés

Quelques semaines auparavant le doyen de la fac annonçait via un communiqué destiné à tous les étudiants le maintien des examens en présentiel, au lendemain des annonces du premier ministre. Par la suite, un clivage se crée entre les étudiants de licence, certains sont en faveur du présentiel quand d’autres s’égosillent pour des partiels en distanciel. Ajouté à cela, les désirs de certains étudiants en Master 1 qui partagent quelques cours avec les licence 3.

Des avis partagés parmi les étudiants qui font que les associations étudiantes présentes sur le campus se retrouvent rapidement prises de cours. « On voulait éviter de se retrouver dans la même situation qu’au premier semestre où le protocole sanitaire n’avait pas du tout été respecté », raconte Anna. Cette maman de 34 ans qui après une licence d’éco-gestion obtenue au Portugal a décidé de débuter le droit « par passion pour cette matière, mon rêve serait d’être avocate ».

La salle n’avait pas été nettoyée ni même aérée, c’est beaucoup trop dangereux pour nous.

Amère de devoir passer ses examens en présentiel, elle se souvient des des examens du début d’année. « Vous savez au premier semestre on passait certains examens les uns sur les autres, sans qu’il y ait de siège vide entre nous. Je me rappelle d’une fois où on est rentré dans un amphi pour notre examen directement après les élèves qui étaient avant nous. La salle n’avait pas été nettoyée ni même aérée, c’est beaucoup trop dangereux pour nous. » se souvient-elle.

Des conditions inappropriées pour les examens selon les étudiants

Alors lundi 3 mai un rassemblement d’étudiants a eu lieu dans la cour de la faculté de Créteil pour obtenir le report de l’examen prévu ce jour en distanciel, les élèves présents trouvent du soutien en la personne de l’UNEF qui s’est mobilisé à leurs côtés pour obtenir gain de cause.

La manifestation est organisée dans les règles, avec une déclaration en préfecture. Bien qu’elle soit sceptique à l’idée de prendre part à ce mouvement, Anna décide finalement de se ranger du côté des manifestants : « Moi j’ai 34 ans monsieur, je n’ai pas l’âge des autres étudiants, je suis déjà une vieille (rires). Mais je repensais aux examens du premier semestre, et là rien n’avait changé, rien n’avait été mis en place pour qu’on s’assure que dans les amphis il y ait de l’espace pour tous les étudiants », détaille-t-elle. Manon quant à elle ajoute : « A la fin de certains examens au premier semestre, quand on finissait on devait venir rendre nos copies et émarger, on se retrouver agglutiner les uns sur les autres, zéro distanciation et les surveillants qui nous pressaient de descendre rendre les copies ».

 


Tensions et échanges vifs au sein de la faculté de Créteil à l’approche des examens. 

Ce jour-là les étudiants obtiennent le report de l’examen prévu, néanmoins les tensions se font ressentir entre les partisans du distanciel et ceux du présentiel, les deux camps se prennent à partie dans différentes parties de l’établissement et le service de sécurité se voit rapidement débordé.

J’ai des traces de coups sur le corps, je suis réellement éprouvée.

Sur le campus de droit qui n’avait jusqu’alors jamais connu de blocus de son histoire, les tensions s’intensifient au cours de la semaine qui précède les examens. « Moi je n’ai pas signé pour la violence, je ne suis clairement pas là pour ça ! J’ai des traces de coups sur le corps, je suis réellement éprouvée. En rejoignant ce mouvement je voulais m’assurer de passer des examens dans de bonnes conditions. Mais là je me désolidarise totalement de toute cette violence», clame Manon.

À Créteil, les examens ont bien eu lieu malgré les réclamations de beaucoup.

Face à cette situation qui s’enlisait et devenait de plus en plus instable, quelques épreuves ont été reportées, notamment au vu des tensions entre étudiants. Néanmoins, la majorité des examens semble se tenir en présentiel, malgré les protestations de nombreux étudiants. Espérons désormais que malgré ces tumultes les deux étudiantes et leurs camarades réussiront à décrocher leur précieux diplôme après cette manifestation marquant le point d’orgue d’une année éreintante.

Félix Mubenga 

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