Azzedine, comme beaucoup d’élèves de première, se pose la question de l’après et du grand bain qui l’attend une fois le bac passé et obtenu. Une interrogation fondamentale pour laquelle il aurait souhaité plus de préparation.

Je suis inquiet, inquiet pour mon avenir, inquiet de ces questions qui dans ma tête restent sans réponses, inquiet de ce qui peut m’arriver après le lycée. Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est que je ne suis pas le seul à partager ce sentiment. Au lycée, les profs disent souvent :« Profitez bien d’être lycéen, car après ce ne sera plus pareil … ». Ce qui me dérange c’est le « après », on nous parle de « après » comme si nous y étions préparés. On nous prépare au bac comme si c’était la ligne d’arrivée alors qu’en réalité ce n’est que le départ. Un départ dans un monde flou pour beaucoup, car combien de jeunes ont un bac en poche sans savoir ce qu’ils veulent faire avec ?

Le taux de chômage ne cesse de grimper chez les jeunes, depuis novembre dernier ce taux a atteint près de 25 % (chez les 15-25 ans selon l’Insee). Certains disent qu’on est victime de la « crise », mais je préfère croire que ce n’est pour une fois pas totalement de la faute à la « crise ». Mais aussi la faute aux instituts académiques tels que le lycée et le collège qui nous encadrent et nous orientent pas suffisamment. L’éducation nationale dit nous passer 72 h d’accompagnement personnalisé par année pour permettre parmi : le soutien et l’approfondissement des connaissances, l’aide à l’orientation.

Mais la vérité c’est que sur environ 50 heures reçues pour le moment seulement une a été consacrée à l’orientation, le reste des « A.P » (heures d’accompagnement personnalisé) sont juste des cours de français ou de Sciences économiques et sociales déguisés. En demandant à plusieurs de mes amis venant de différents lycées, combien d’heures consacrées à l’orientation ont-ils reçu, c’est avec étonnement que l’on m’a répondu : « Aucune, on fait que du cours nous, pas le temps de parler de ça, on est déjà assez en retard sur le programme ». Les professeurs sacrifieraient donc les heures consacrées à notre futur pour rattraper les cours. Les professeurs préféreraient donc mettre un terme à leurs programmes plutôt que mettre à terme à nos nombreuses questions.

Et c’est là où réside le principal problème, tout ce qui a pour but l’orientation est relégué au second plan, mais je ne porterai pas le blâme aux enseignants plus longtemps, leur travail est de faire en sorte que nous soyons prêts pour le Bac. Ce manque d’encadrement se traduit par des conséquences influant non seulement sur les études post bac, mais aussi sur les études avant le bac.

Dès la 3e nous sommes face à des choix tels qu’aller dans l’orientation professionnelle ou générale, des choix qui ont un impact sur les dizaines d’années à venir. On demande à un enfant de 14 ans de choisir ce qu’il veut faire pour ses 50 prochaines années, on pourrait donc s’attendre au collège à nous donner 2 à 3 heures par mois pour réfléchir à notre dilemme de fin d’année. Au lieu de nous aider à préparer notre passage en seconde, on nous prépare à passer le brevet, un délaissement qui créer un dépassement, car si en troisième tout va bien, en seconde ce n’est pas toujours le cas. Effectivement, en 2014 c’est 4 % des lycéens qui se sont fait réorienter de seconde générale vers une seconde professionnelle (pour 2 165 000 lycéens en filière générale, chiffres : Education nationale). Une à deux années perdues qui auraient pu être évitées si l’élève avait été mieux informé et orienté.

Pour palier ce problème, l’éducation nationale devrait créer des ateliers d’encadrements obligatoires dès la 3e et privilégier les heures d’aide personnalisées consacrées à l’aide à l’orientation, afin de ne pas laisser au dépourvu les élèves sans but et ainsi éviter le redoublement et la réorientation qui représentent un coût pour l’Etat. L’objectif bac est important, mais l’objectif « je veux savoir ce que je veux faire après le lycée » est primordial. Un bac c’est bien, mais quand tu sais ce que tu veux faire avec c’est mieux.

Azzedine Marouf

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