Ce matin, j’avais rendez-vous à la gare de Bondy avec Fatimata, une étudiante de 21 ans en licence de Droit à la fac de Paris 5. Je voulais la rencontrer parce qu’elle s’est lancée dans de longues études et qu’elle ne reçoit aucun soutien. Cette Bondynoise a toujours habité près d’une cité et appartient à une fratrie de 6 enfants. « Je suis la seule de la famille à suivre des études supérieures ». Ses trois frères et sœurs aînés travaillent alors que son père est au chômage. Les deux autres vont encore à l’école.

Fatimata est déterminée à aller aussi loin qu’il le faudra pour devenir avocate. Pas facile de tenir le cap quand on vit à plusieurs à la maison avec juste une bourse d’étude pour tout se payer. « Ma mère compte sur moi et je ne veux pas la décevoir », me confie-t-elle. Son caractère y est aussi pour beaucoup. Cette battante cherche des raisons à tout. Alors j’insiste : – Pourquoi avoir choisi le Droit ?

– J’aime défendre. D’ailleurs ma meilleure amie me surnomme l’avocate du diable.

En attendant le train en direction de Haussmann Saint-Lazare, nous rencontrons par hasard une voisine de Fatimata. « Elle est Rwandaise et suit des études de médecine », me lance-t-elle fièrement. Dans une allure sobre et croisant les bras, la voisine demande des nouvelles de la famille. Voilà qu’une troisième personne se rapproche, de style hippie, pantalon pattes d’éph’ et sac en bandoulière kaki. C’est une copine de lycée que Fatimata n’avait pas vu depuis 2 ans :

– Qu’est-ce que tu deviens ?

– Je travaille comme attachée de presse

Les deux anciennes camarades en profitent pour s’échanger leurs numéros avant de se quitter.

Par ses études, Fatimata veut d’abord acquérir un esprit critique et un bon niveau culturel. Elle ajoute : « on dit souvent que les jeunes de banlieue ne savent pas parler. Je veux prouver le contraire ».

Sans chercher à la décourager, je lui demande si elle s’attend à se retrouver sans emploi à la fin de ses études. Elle me répond : « je ne baisserai pas les bras. Même si je dois faire plus d’efforts que mes camarades de classes parisiens pour avoir un bon niveau. Je me donne un maximum de moyens pour réussir mon concours du barreau ».

Par Nadia Boudaoud

Nadia Boudaoud

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