Axelle, Amine, Déborah, Daniel, Juliette, Sarah, Mehdi et d’autres ont joué alternativement les rôles de jurés, d’accusés, d’avocats, de témoins et de parties civiles. Cette expérience théâtrale leur été proposée par le cabinet d’avocats de Jean-Pierre Mignard, connu notamment pour avoir défendu les familles de Zied et Bouna, morts au contact d’un transformateur EDF après une course-poursuite avec la police, ce qui déclencha les émeutes de 2005. Très apprécié donc à Clichy sous bois, maître Mignard qui, avec quelques-uns de ses collaborateurs, a apporté ses lumières judiciaires à la classe de première STG, aidée également par son professeur de droit.

Deux procès, deux histoires, la première relative au racket, trafic et violences, la seconde, à un braquage. Il aura fallu aux élèves deux mois d’études pour pouvoir reproduire ces deux procès. Deux mois durant lesquels ils se sont familiarisés avec le jargon juridique, les méthodes de défense, les plaidoiries. En coulisses, avant avant que le spectacle ne commence, les jeunes lycéens demandent des conseils aux professionnels. Ils en profitent aussi pour prendre les numéros de téléphones des avocats. Un jeune homme dit : « On ne sait jamais ce qui peut arriver. »

Les apprentis avocats, accusés, jurés et assesseurs entrent en scène. Le rôle du président de séance est joué par Me Mignard, accompagné de ses deux assesseurs, dont Nadia, ancienne élève d’Alfred Nobel et future avocate au barreau de Paris. Les rôles des jurés, avocats et prévenus sont joués par les élèves. Malgré le port des robes, il est difficile de s’imaginer dans un vrai tribunal lorsque l’on aperçoit une femme de ménage débarrasser les derniers couverts, le réfectoire faisant office de scène pour l’occasion. Toutefois, l’alchimie opère dès que le président déclare ouvert le procès. Le silence règne alors dans la salle. Le président lit le serment, l’un après l’autres les jurés se lèvent et disent « je le jure ».

C’est le début des prises de parole, les avocats acteurs plaident les éléments qui pourraient excuser les actes de violence commis par les présumés coupables. Ils sont aidés parfois par les vrais avocats du cabinet de Jean-Pierre Mignard qui leur soufflent des arguments pour convaincre des jurés très attentifs et qui vont devoir délibérer par la suite. A 15h20, la sonnerie annonce l’heure de la récréation. Mais les protagonistesde la pièce restent imperturbables. Tous concentrés dans leur rôle.

Les élèves se sont impliqués dans leur projet. Il y a une volonté de transmettre un message, celui de « non à la violence ». Même dans les quartiers difficiles la justice doit régner. Il y a  volonté de sensibiliser les jeunes de banlieue élevés aux procédures judiciaires. Ils sont peu nombreux ceux parmi eux voulant devenir homme de loi ou homme de paix. A travers cette démarche, Me Mignard espère encourager des vocations dans ce lycée ZEP du 9-3.

« Je souhaite qu’il y ait beaucoup de vocations, de futurs avocats, de magistrats, de gens de lois ou de gens de paix. Et pourquoi pas de policiers issus du lycée Alfred Nobel. Si l’on veut un jour que la police change ses méthodes, le meilleur moyen c’est peut-être aussi que vous y rentriez dans la police », dit-il. Néanmoins, ce n’est pas le métier de policier qui a le plus séduit. « Devenir avocate est maintenant une idée qui me travaille c’est un métier qui me plaît », confie l’avocate d’un jour qui n’a pas été la seule séduite par cette initiative.

Farah El Hadri

Farah El Hadri

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