Dorénavant, les écoliers de France n’auront plus classe le samedi matin. Bonne nouvelle pour certains parents, désastre pour d’autres, qui devront s’organiser afin de faire garder leur progéniture. Pour des enseignants et la FCPE*, ce n’est rien moins qu’une « arnaque », équivalent à une suppression de 60 heures de cours pour les enfants. Ils craignent de manquer de temps pour boucler le programme scolaire dans les délais.

J’ai profité d’un après-midi d’anniversaire au parc de La Villette pour récolter quelques paroles de parents et d’enfants qui se trouvent être les premiers concernés par cette mesure. Je lance ma question à la cantonade : « Que pensez-vous du fait que les enfants n’aient plus classe le samedi matin ? » Les réponses fusents.

Max, 8ans en classe de CE2 : « Ben, il faut dire que j’ai aimé aller à l’école le samedi matin parce qu’on m’a appris des poésies que je connaissais déjà. Mais ça me plaira d’arrêter l’école le samedi, comme ça, on aura deux jours de pause pour pouvoir réviser les cours de la semaine. »

Sofia, 6 ans et demi, rentre en classe de CP : « En fait, moi, je voulais être au CP avant cette année pour voir ce qu’ils faisaient le samedi matin. J’aurais bien aimé qu’il y ait toujours école le samedi matin. Moi j’adore l‘école, j’adore écrire, j’adore lire. »

Malik, 8 ans : « J’aimais bien aller à l’école le samedi matin, parce qu’on faisait la chorale, on fabriquait des origamis (des pliages de toutes sortes, étoiles en papiers, maisons, etc.). On répondait à des questionnaires sur les leçons de la semaine. On travaillait mais c’était en jeu. On allait plus longtemps dans la cour, des fois, on faisait même des jeux de société. »

Khadija maman d’un enfant de 8 ans : « Je me demande s’ils ont prévu d’ajouter une heure de travail aux heures de repas ou après 16h30, je n’y comprends rien, on n’est pas vraiment informé. Ce n’est pas lisible, même les directeurs d’école sont dans le flou. C’est bien de pouvoir se reposer le samedi pour les enfants mais il ne faut pas qu’ils perdent leurs heures d’apprentissage. J’espère que pour les élèves en difficulté, ils vont leur rajouter des heures de soutien pour qu’ils puissent se hisser au niveau des bons. Déjà, avec les 26 heures de classe par semaines, certains enfants avaient du mal à suivre, je me demande comment ils vont pouvoir faire mieux avec des heures en moins.

» Seuls les parents qui ont des moyens financiers pourront payer des heures de soutien scolaire à leurs enfants. Les familles plus démunies auront encore moins de chance de réussir. Quand tu vois que la majorité des élèves qui arrivent en classe de sixième ne savent pas lire, qu’est-ce que ça va être pour ces jeunes ? J’ai bien peur que l’on fabrique de futurs analphabètes, malheureusement, avec cette jeunesse qui arrive. Dans ce pays, il faudra être riche pour mettre ses enfants dans une école privée afin de leur donner la chance de ne pas devenir de futurs illettrés qui feront de futurs ouvriers à bas prix. J’ai l’impression que tout est calculé à l’avance. »

Yamina, mère de deux enfants de 8ans et 11ans : « Le temps qu’ils avaient en plus pour découvrir des choses culturelles diminuera, certes, mais je pense que c’est aux parents de faire découvrir ce domaine à leurs enfants. Les enseignants me semblent démotivés car ils ont des élèves plus difficiles qu’auparavant et ils n’ont pas été formés pour gérer des classes aussi diversifiées, avec tout le lot de problèmes sociaux que cela suppose. »

Fatima, mère de trois enfants, de 5, 8 et 11ans : « Mes enfants, qui sont dans une école privée, bénéficiaient d’ateliers arts plastiques animés par les parents d’élève les samedis matin, ce qui fait que ces activités disparaîtront faute de temps. C’est vraiment dommage. Par contre, pour les parents séparés ou divorcés, ça simplifiera les échanges de garde. »

Dalila, mère de deux enfants, de 3 et 8ans : « Je n’y trouve que des avantages. Je suis mère célibataire et je travaille toute la semaine. C’était très difficile de réveiller les enfants, de les habiller. C’est une course en moins pour moi. J’ai juste peur qu’ils les blindent d’un peu plus de devoirs et que ce soit à nous parents de prendre plus qu’un relais à la maison. »

Benoît, père de deux enfants : « Et comment que je suis pour la suppression du samedi matin ! Je n’y trouvais aucune pertinence pédagogique. »

Vanessa, deux enfants, coiffeuse de métier, devra prendre une nourrice pour toute la journée du samedi, car ses horaires de travail ne sont pas modulables.

Nadia Méhouri

*FCPE : Fédération des conseils de parents d’élèves, proche du PS.

Nadia Méhouri

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