La rentrée scolaire a commencé officiellement mardi dernier, sauf pour les lycéens qui n’ont toujours aucune affectation. Parents et élèves se battent pour trouver des solutions.  

« C’est pas le problème de quelques élèves, c’est beaucoup d’élèves qui sont concernés » s’inquiète  Rodrigo Arenas, président de la FCPE (Fédération des parents d’élèves) en Seine-Saint-Denis. Difficilement quantifiable, le nombre élèves sans affectation au lycée à la rentrée scolaire s’amplifie chaque année dans le 93, comme dans d’autres départements. « On reçoit plus de familles que d’habitude » constate-t-il.

Injoignable par téléphone, site Internet piraté, l’inspection académique de Seine-Saint-Denis cumule les points négatifs en cette rentrée scolaire. Sur place, une foule se forme à l’entrée. Parents et enfants ou élèves seuls viennent à la recherche d’informations. L’accueil ne tarde pas à se vider ; les élèves sans affectation au lycée sont priés de revenir le lendemain, après la commission d’appel. Énervement et lassitude se lisent sur les visages.  Les va-et-vient cesseront rapidement dans l’après-midi.

Stéphane* lui ne sait plus où donner de la tête. Après son échec au bac en juillet dernier, il constitue un dossier avec trois vœux de nouveaux lycées pour septembre. « Je n’ai pas eu de réponse pendant deux mois. J’ai des amis qui ont été contactés pour s’inscrire dans un lycée et moi toujours rien. J’ai appelé mon ancien établissement à Villemomble (93), ils n’ont aucune trace de mon dossier, c’est comme si je ne leur avait rien donné ! Je ne sais pas ce qu’ils en ont fait ! Je suis allé à l’académie de Créteil il m’ont dit de venir ici [à l’inspection académique de Bobigny]. Et ici, je n’ai même pas eu le temps de leur exposer mon problème qu’ils m’ont demandé de revenir demain pour la commission d’appel« . Le temps passe, il en a conscience et s’inquiète « j’ai raté ma rentrée, ça fait déjà deux jours !« .

« Des élèves restent sur le carreau jusqu’en octobre, voir début novembre » explique Rodrigo Arenas. Les problèmes d’affectation peuvent effectivement mettre du temps à être résolus et faire perdre un temps crucial aux élèves qui se voient faire leur rentrée avec deux à trois mois de retard. Le « manque d’information« , « d’orientation » peuvent en être la cause comme le pointe le syndicaliste, mais pas seulement « c’est pas qu’un problème de moyen, c’est un problème de fond. C‘est une question de fonctionnement du système éducatif, l’administration, qui fait son boulot, gère des effectifs mais pas des avenirs ».  

« Il y a des situations où on dit aux élèves ‘tu veux faire de la menuiserie’ ? Bah non, tu vas faire de la mécanique parce qu’il y a de la place » affirme Rodrigo Arenas. Sans affectation, les élèves se retrouvent bien souvent avec une affectation subie, qui ne correspond pas à leurs perspectives d’avenir, parfois même à cause de la sectorisation qui les obligent à se scolariser dans un lycée dit de secteur et restreint l’élève dans ses choix.

Jaouad Henoun, est employé au PIJ (Point d’information jeunesse) de Bondy. Habitué à recevoir un public de 15 à 25 ans et à les orienter sur diverses thématiques, il connait ce problème d’affectation « parfois les jeunes refusent même certaines affectations et se retrouvent bloqués. Elles ne correspondent pas à leur premier choix. »

Les difficultés en matière d’éducation et d’orientation se creusent toujours autant en Seine-Saint-Denis. Mais, que dire des zones rurales où l’affectation se complique de la même manière, ajouté à cela le manque de transport et de moyens pour des parents qui ne peuvent payer l’internat…

* Prénom modifié

Imane Youssfi

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