Faire naître une classe préparatoire dans un établissement de Drancy, tel est l’un des objectifs de Jean-Christophe Lagarde (UDI), maire de la ville depuis 2001. Le projet est ambitieux et l’édile a décidé de procéder par étapes. Dans un premier temps, l’objectif est de créer un « pôle égalité des chances » et de « relever le niveau général de Drancy ».
Pour mener cette première mission à bien, la mairie a nommé Soujoud Sarah Khamassi chef de projet de « Une grande école : pourquoi pas moi ? » Cette jeune diplômée de l’ESSEC (École supérieure des sciences économiques et commerciales) et de l’ESCP (École supérieure de commerce de Paris) est passionnée par l’éducation en général et celle pour tous en particulier. Elle apporte à la ville de Drancy le « savoir-faire ESSEC », école pionnière sur les questions relatives à l’égalité des chances et qui a déjà mis en œuvre à Cergy (95) ce qui est lancé à Drancy.
Pour autant, il a fallu adapter les mesures à mettre en place selon les problématiques propres à la ville de Drancy, elles sont au nombre de deux nous déclare la jeune chargée de projet : « le niveau des lycées de Drancy d’abord, qui est faible, mais c’est parce qu’au collège, les meilleurs 4e de Drancy quittent le collège pour des 3e à Paris pour pouvoir intégrer des lycées parisiens ». Une véritable fuite des cerveaux donc qu’il faut essayer de contenir.
Depuis cette rentrée, avec les collèges et lycées qui ont accepté de participer, les élèves peuvent bénéficier d’heures de tutorat dispensées par des étudiants titulaires au moins d’une licence dont certains sont en cours de cursus à l’ESSEC. Un appel à bénévoles est toujours en cours pour trouver des tuteurs aux jeunes drancéens.
« On ne prend pas que les meilleurs »
Au collège d’abord, les séances de tutorat ne sont proposées qu’aux élèves de 3e. Elles sont d’une durée de 3 heures et ne se déroulent qu’une semaine sur deux. Durant ces séances, il s’agit pour les élèves d’acquérir des « compétences transdisciplinaires comme de la méthodologie ». À ces heures de tutorat s’ajoutent six sorties culturelles et deux visites en entreprise ainsi que la participation à des ateliers d’expression en hiver et au printemps. À ce jour, 64 élèves sont concernés par ce dispositif dans quatre collèges, deux privés et deux publics.
Concernant les lycées ensuite, ce sont 48 élèves de trois lycées qui sont concernés. Cette fois, les séances de tutorat se tiennent toutes les semaines et sont plus approfondies. Un travail de « redéfinition du contenu du lycée » y est proposé. « Par exemple, quand on va traiter l’actualité, on va se concentrer sur les réseaux sociaux, l’identité numérique… »
Le nombre d’élèves est toutefois limité à 16 par établissement et une sélection est opérée selon trois critères : le volontariat, le milieu social et les résultats scolaires. Sur ce dernier critère, Soujoud Sarah Khamassi explique « on ne prend pas que les meilleurs, mais il ne faut pas que ces heures de tutorat mettent l’élève en difficulté ». Un véritable processus de recrutement a été mis en place, les élèves désireux de participer sont conviés à une réunion d’information, puis ils doivent rédiger une lettre de motivation avant d’être reçus en entretien.
En parallèle, un MOOC (formation en ligne) existe et reprend les thématiques abordées en tutorat, il sera ouvert à tous dès l’an prochain, et Soujoud Sarah Khamassi réfléchit déjà à comment faire en sorte que ceux qui sont en difficulté se saisissent de ces outils. En attendant, elle a également pour objectif de lever 200 000 € par an pendant quatre années pour ce projet. Quatre années, c’est le temps estimé pour que les lycées pérennisent ces activités et deviennent autonomes et que peut-être, l’égalité des chances soit davantage une réalité qu’un concept.
Latifa Oulkhouir

Une grande école : pourquoi pas les jeunes drancéens
Articles liés
-
À Arcueil, les dispositifs pour élèves non-francophones dysfonctionnent
À l’école élémentaire Henri Barbusse, à Arcueil, des professeurs étaient en grève, jeudi 15 décembre. Ils dénoncent les insuffisances du dispositif destiné aux élèves non francophones. Selon les syndicats, l’établissement est loin d’être un cas isolé dans le département.
-
Assises populaires de l’éducation : « Les initiatives viendront des quartiers »
On pointe souvent la responsabilité des parents de quartiers populaires en cas d'échec scolaire de leurs enfants. Les Toulousaines de l'association Izards Attitude organisaient, le 30 septembre dernier, les Assises populaires de l'éducation. Une journée dédiée à la co-éducation et à la parentalité pour casser les clichés sur la scolarité dans les quartiers. Reportage.
-
Pénurie de places en STMG : des élèves sans affectation ou forcés de redoubler
Des centaines d’élèves se sont retrouvés sans affectation à la rentrée, en particulier dans les classes STMG, filière négligée par les autorités depuis des années. Alors que des lycéens n’ont toujours pas d’établissement, le mutisme du rectorat nourrit un sentiment d’abandon. (Un article d'abord publié chez Mediapart, dans le cadre de notre partenariat).