Un énorme grillage blanc et vert encercle le campus de l’université de Villetaneuse. Un grillage qui n’est pas encore achevé d’ailleurs. C’est l’agression d’un étudiant en licence de droit par des personnes extérieures à la fac, l’an dernier, qui a motivé la construction d’une grille autour du campus et c’est aussi parce qu’il ne s’agissait pas de la première agression du genre. Des vigiles ont également été placés aux différentes entrées. Leurs rôles ? Vérifier les cartes étudiantes des individus qui souhaitent entrer.

« Je ne comprends pas, on dirait une prison ! » s’exclame une dame âgée qui habite la zone pavillonnaire située à côté de l’université. « On a signé une pétition contre la construction de ce grillage mais la maire (Carinne Juste, PC) a dit que ce serait plus pratique, que les voitures seraient protégées. » Elle ajoute : « On traversait la fac pour se rendre au marché. Mon petit-fils aussi étudie ici, il n’est pas d’accord ! » L’université, composée de plusieurs bâtiments, permettait aux habitants des quartiers qui l’entouraient de la traverser pour se rendre d’un endroit à un autre, certains en profitaient pour entrer à l’intérieur des bâtiments sans se faire contrôler. Plusieurs incidents dont des agressions sont le fruit d’intrusions dans l’enceinte de la fac.

Une bataille juridique entre la municipalité et l’université a eu lieu récemment. « La commune de Villetaneuse a perdu en appel, mais ça n’a pas empêché la fac de construire la grille avant le résultat du procès », raconte une enseignante de l’IUT. « L’université c’est le monde de la culture, avec cette grille on se sent rejeté de la société. On ne sait même pas combien a coûté cette grille », s’attriste un commerçant à proximité.

Côté étudiant, les avis sont partagés. Certains pensent qu’il ne s’agit pas de « la meilleure solution », d’autres que si. « Cela ne va pas empêcher ces personnes de s’introduire dans la fac, ils verront cela comme un défi. C’est de l’argent jeté par les fenêtres, de l’argent qui pourrait servir à autre chose au sein de la fac », estime une étudiante. « On aura le sentiment d’être à la fois protégé et en prison surtout avec les vigiles postés à chaque entrée qui demandent une fois sur deux la carte étudiante, enfin, à la tête du client », souligne une autre étudiante qui trouve « dommage d’en arriver à de telles mesures pour étudier en sécurité ».

Certains se sentent plus rassurés par ce dispositif. Une étudiante voit une fac « plus fréquentable » depuis que les vigiles sont aux grilles de l’établissement. « Je ne me sens pas en prison, la fac est assez vaste pour ne pas se sentir enfermée. » Chez les enseignants, les avis divergent également. « Je suis personnellement pour : je considère que l’université est là pour donner toutes les chances de réussite à ses étudiants. Issus de population souvent très défavorisées, ceux-ci doivent disposer du meilleur lieu d’étude qui soit et je pense que la tranquillité est l’un de ses attributs. Par contre, je ne suis pas pour une université « fermée » : je suis chargé, au sein de mon UFR, de mettre en place un dispositif permettant d’admettre des étudiants étrangers (qui font l’objet de contrôles de plus en plus stricts) et j’entends leur faire toute la place possible. Ceci toujours afin de leur donner les meilleures conditions d’enseignement », explique un enseignant de l’université.

La grille est là et difficile de croire qu’un jour on l’enlèvera.

Imane Youssfi

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