Avec le confinement, cette fratrie aura expérimenté une nouvelle profession, celle de technicien informatique. Unités centrales, écrans, souris, prise ethernet… ça s’active dans le salon pour transformer le salon pour installer en open space. Bien différent de ceux qu’on connaît, le traditionnel sedari marocain a remplacé le canapé en palettes récupérées. Tout est ok, les tests sont concluants, leur confinement connecté peut démarrer.

Elles s’appellent Chérine, Lina et Salima. Elles vivent à Bobigny. Alors qu’elles travaillent dans des sociétés différentes, elles sont devenues collègues le temps d’un confinement à durée (in)déterminée. Lina est assistante administrative dans une société de maintenance des ascenseurs. Chérine est assistante technique pour un opérateur télécom. Enfin, Salima est assistante de direction pour France Télévisions. Elle vit seule mais sa connexion internet est capricieuse, alors elle a rejoint ses soeurs au domicile parental.

Toutes les trois peuvent donc continuer à gérer à distance leurs activités respectives. Fini les « boulot, métro, dodo », c’est désormais « Dodo, boulot, dodo ». Adieu chaussures et escarpins, bienvenue aux chaussons du matin. Adieu belle tenue de bureau, maquillage et strass, voici venir les pyjamas qui prélassent. Fini le stress de rater son métro ou d’avoir une panne de réveil, aussitôt levées les voici devant leur écran avec un bon petit déjeuner, café ou thé d’une main, souris d’une autre.

On bosse en chaussons, pyjama et souvent en musique

Enfin, pour les pannes de réveil, Chérine raconte qu’elle a quand même réussi à trouver le moyen d’arriver en retard… dans le salon. Comme tous les matins, elle a réunion au téléphone à 9h00 avec sa responsable. Un matin, elle n’a pas entendu son réveil et elle a manqué ce rituel matinal. A part ce petit retard, toutes les trois sont opérationnelles à leurs heures habituelles de travail mais plus détendues et moins stressées.

Au bout d’une semaine de confinement, une de leur « collègues » doit rentrer chez elle : Salima a reçu sa box internet. Elle remballe donc tout son matériel et déménage. Mais la triste place vide qu’elle laisse derrière elle ne le restera pas longtemps. Une nouvelle collègue arrive : c’est leur sœur Farida, comptable. Elle a d’abord été mise au chômage partiel avant de recevoir un appel de son employeur qui lui a demandé de récupérer à son tour son PC fixe pour travailler de la maison.

L’open space bat donc son plein avec bonne humeur, chaussons et pyjamas. Parfois une musique joyeuse vient égayer leur espace de travail avec leurs chansons préférées. Bien sûr, qui dit confinement dit baisse d’activité, alors parfois dans les moments de mous, Chérine s’allonge confortablement sur le canapé pour faire sa petite sieste de l’après-midi. Elle n’oublie pas qu’elle travaille et sa sieste n’est que de courte durée. Elle accomplit alors toutes ses tâches jusqu’à sa fin de journée vers 17 heures.

On est moins stressées et on gagne du temps

Farida explique l’avantage d’avoir installé cet open space et à la maison : « A trois c’est encourageant car quand on se lève le matin on n’est pas seule à travailler. C’est convivial, on mange du coup à l’heure que l’on veut, on n’a pas d’heure précise. On peut aussi se lever pour préparer le repas et continuer à travailler pendant qu’il y a quelque chose sur le feu ou dans le four. On est moins stressées. C’est aussi moins stressant vu qu’on n’a pas cette contrainte de transport et d’arriver en retard. Et puis on gagne du temps. »

Vous l’aurez compris, travailler de chez soi a un certain nombre d’avantages même si les sœurs avouent que parfois l’une d’entre elles peut être dissipée et tentée de passer un peu de temps sur les réseaux sociaux. A la fin de la journée de travail, chacune s’occupe comme elle peut. Et quelques journées se finissent par une séance de sport commune. En fin de semaine, comme habituellement, quand le week-end arrive, la joie de voir apparaître le bout de son nez se fait sentir ! C’est alors une semaine (presque) ordinaire qui se termine pour laisser place aux loisirs du week-end… en confinement.

Chahira BAKHTAOUI

Crédit photo : CB / Bondy Blog

Articles liés

  • Dans les quartiers, le nouveau précariat de la fibre optique

    #BestofBB Un nouveau métier a le vent en poupe dans les quartiers populaires : raccordeur de fibre optique. Des centaines d’offres d’emploi paraissent chaque jour, avec la promesse d’une paie alléchante. Non sans désillusions. Reportage à Montpellier réalisé en partenariat avec Mediapart.

    Par Sarah Nedjar
    Le 18/08/2022
  • Privatisation : les agents de la RATP défient la loi du marché

    Après une grève historique le 18 février 2022, les salariés de la RATP, s’estimant négligés par la direction, se sont à nouveau réunis pour poursuivre leur mobilisation. En cause, toujours, des revendications salariales, mais surtout, une opposition ferme au projet de privatisation du réseau de bus à l’horizon 2025. Reportage.

    Par Rémi Barbet
    Le 26/03/2022
  • Dix ans après Uber : les chauffeurs du 93 s’unissent pour l’indépendance

    Une coopérative nationale de chauffeurs VTC, basée en Seine-Saint-Denis, va naître en 2022, plus de dix ans après l'émergence du géant américain. En s’affranchissant du mastodonte Uber, les plus de 500 chauffeurs fondateurs de cette coopérative souhaitent proposer un modèle plus vertueux sur le plan économique, social, et écologique. Après nombre de désillusions. Témoignages.

    Par Rémi Barbet
    Le 14/02/2022