« Il était un bon mari, un bon père de famille, un frère, un fils, un ami », veut rappeler Djeneba Sangaré. Son frère, Alassane Sangaré, est mort dans une cellule de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, le 24 novembre 2022. « Il a été mis en détention, pour ce qui était à l’origine un simple conflit de voisinage », rappelle sa sœur.

Alassane Sangaré avait 36 ans. Il était marié et père de trois enfants. Le 19 novembre 2022, il est incarcéré dans le cadre d’une détention provisoire pour « violences en réunion, suivies d’une incapacité n’excédant pas 8 jours ». Le procès devait avoir lieu en janvier dernier.

Des marques sur le corps, mais pas de trace de strangulation, selon la famille

« L’institution pénitentiaire nous a expliqué qu’Alassane aurait été placé, la veille de son décès, dans une cellule seul équipée d’un téléphone filaire avec lequel il aurait été retrouvé pendu », explique la famille, qui ne croit pas à la thèse du suicide. « Alassane était un bon père, il aimait ses trois enfants, sa femme et sa famille, il devait passer en procès début janvier, il ne se serait jamais suicidé », s’accordent à dire ses proches.

Contacté par le Bondy blog, le parquet confirme que « les premières constatations sont compatibles avec une pendaison ». À l’annonce du décès, la famille Sangaré a demandé à voir le corps du défunt. « Nous n’avons pas constaté de trace de strangulation, raconte Djeneba. En revanche, nous avons remarqué des traces sur son corps qui nous laissent penser qu’autre chose que la version officielle se seraient passée. »

La famille réclame le rapport d’autopsie

Depuis, la famille réclame désespérément le rapport d’autopsie qui permettrait d’élucider les causes du décès. Le 13 janvier dernier, elle a appelé à un rassemblement devant l’Institut médico-légal de Corbeil-Essonnes, pour exiger le document, mais a essuyé un refus. Le parquet d’Evry en charge de l’affaire a évoqué « le principe du secret de l’enquête ». Autrement dit, la famille ne peut avoir accès à l’autopsie tant que l’enquête est en cours. Alassane a finalement été inhumé le 10 février.

Selon Kelly, l’épouse du défunt, tout serait partie d’un conflit de voisinage qui opposait le couple Sangaré à l’une de leur voisine. Ce qui est qualifié par le parquet de « violences en réunion », est, selon la veuve, « une simple bagarre entre femmes, à laquelle Alassane n’aurait pas pris parti ».

Tout aurait débuté il y a un an, lorsqu’un conflit éclate avec une voisine de leur résidence, de la petite ville de Crosnes. Cette dernière aurait multiplié les dépôts de plaintes à l’égard de leur famille. Les Sangaré assurent, eux, n’avoir pas réussi, malgré leurs nombreuses demandes, à déposer plainte, pour des faits de harcèlement.

« Nous avons essuyé des refus au commissariat de Montgeron qui est notre commissariat de secteur, mais aussi dans un autre commissariat et une gendarmerie. Personne ne voulait nous prendre au sérieux. Nous avons tenté une médiation auprès de la mairie, du bailleur et même écrit au procureur de la République. En vain », affirme Kelly.

La famille, par le biais de son avocat, a déposé plainte contre X pour violences volontaires aggravées ayant entrainé la mort sans intention de la donner. Le samedi 18 février, une marche blanche à la mémoire d’Alassane Sangaré a rassemblé près de 200 personnes à Créteil, la ville d’origine des Sangaré.

Céline Beaury

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