Plusieurs rassemblements étaient organisés en France ce lundi soir, quelques heures après la décision du tribunal correctionnel de Rennes dans le procès Zyed Benna et Bouna Traoré. À Lille, des manifestants ont tenu à rendre hommage aux familles.

Devant le Tribunal de grande instance de Lille ce lundi 18 mai 2015, une trentaine de manifestants sont venus exprimer leur mécontentement à l’issue de la décision dans le procès Zyed et Bouna. « Je ne suis pas organisateur, juste énervé » lâche un jeune homme, tenant d’une main la banderole qui faisait office d’hommage. Dessus, on y lit « Zyed et Bouna, on n’oublie pas, on ne pardonne pas ». « C’est vraiment pas un bon jour » glisse un père de famille de trois enfants.

Il peste d’ailleurs contre les morceaux de rap diffusés en fond sonore. « Moi je viens pour manifester mais pas pour entendre ça, je ne veux pas que mes enfantsphoto 5 écoutent ça. Manifester pacifiquement, il n’y a rien de mieux… Et il faut apprendre à nos enfants le respect. Moi je suis algérien, ma femme est française et mes enfants sont français. Ils doivent tenir compte des règles de leur pays. Mais de là à accepter une phrase comme ‘je ne donne pas cher de leur peau’, c’est non ».

Des personnes prennent le micro, rappellent les faits, les enregistrements sonores défilent, essentiellement des témoignages, rompent le silence. Parmi les personnes présentes, Hamid Aït Omghar prend le micro pour extérioriser son ressenti. Lui a perdu son frère, Lahoucine, tué d’une balle dans le foie le 28 mars 2013 à Montigny-en-Goëlle. Mais alors qu’il tente de faire comprendre à quel point il rejoint la douleur des familles de Zyed et Bouna, l’émotion le submerge. Car aujourd’hui, les policiers sont relaxés.

Le visage des manifestants est fermé, les regards sont tristes ou excédés

Mais au 13 Avenue du Peuple Belge, le spectacle est aussi dans le parc qui permet aux badauds de promener leurs chiens… Ou de faire leur footing. Des « pfff » d’agacement ou des haussements de sourcils traduisent le peu d’intérêt pour ce qui se déroule sous leurs yeux. Les voitures qui défilent sont toutes aussi indifférentes. Au mieux on s’arrête pour lire ce qui est écrit sur la banderole. Au pire on passe son chemin.

photo 2Sur le trottoir, qui se vide peu à peu, certains organisateurs rappellent qu’il faut continuer de se battre. Le collectif « Urgence, la Police Assassine » demande ainsi la dissolution de la Bac. « On ne parle pas des policiers pris individuellement, on remet en cause un système entier » martèle le jeune homme.

À 19h30, après avoir entendu des paroles telles que « arrêtez de nous contrôler quand on a rien à se reprocher », diffusées devant quelques agents penauds, après que des avocats, au sortir du Palais de Justice, aient tourné la tête, lu le bandeau avant de filer droit vers leurs voitures, un homme termine le mouvement par une question : « comment peut-on tirer trois fois sur un homme qui n’a qu’une paire de ciseaux à la main ? ». 20 heures, la poignée de personnes encore présentes finit par se disperser…

Pegah Hosseini

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