Le 1 janvier 2011, vers  4h30 du matin, Claudy Elisor, dit « Dj Midimix » fut gratuitement lynché à mort devant ses proches par près d’une dizaine de personnes. Ils venaient d’une cité voisine du lieu où officiait le DJ, au Blanc-Mesnil. Certains participants présumés du lynchage seraient toujours libres.

Après avoir arrêté de travailler, passé près d’un an à essayer de se reconstruire et chercher des contacts pour l’aider dans sa quête de justice, la femme du Dj tué, Fabienne Elisor, s’est confiée sur cette tragédie.

Le couple n’avait jamais eu de soucis. Depuis des années, ils avaient pris l’habitude de louer une salle près de la citée 212, au Blanc-Mesnil pour faire la fête. Ce 31 décembre 2010, comme de coutume, ils passaient donc en famille la soirée du nouvel an, en compagnie d’une centaine de convives.

La soirée se déroula dans la bonne humeur. Vers 4h00 du matin il ne restait plus qu’une trentaine de personnes. Ils attendaient les premiers transports pour rentrer et quelques courageux aidaient à ranger les lieux. Vers 4h30, un individu apparut à l’entrée : « Il s’est présenté au vigile en disant : « C’est ma salle, c’est ma soirée », raconte madame Elisor. Le vigile est venu me voir pour savoir si je le connaissais. J’ai parlé avec cette personne en lui expliquant que c’était une soirée familiale. Mais il insistait toujours en disant que c’était sa salle et sa soirée. Sur le coup, j’ai pensé qu’il n’était pas très net ».

D’après madame Elisor, son mari, qui était juste à côté, décida d’intervenir. Il lui répéta les mêmes mots et l’invita poliment à partir. « C’était très discret tout ça, les invités n’avaient même pas remarqué cette petite scène » précise t-elle.

Toujours selon la femme du DJ, l’importun ne supporta pas le refus. Il aurait menacé de revenir précisant, d’après les confidences de Fabienne, « qu’ils avaient intérêt à appeler la police ». L’incident dissipé fût vite oublié, raconte la femme du DJ, et à peine commenté. Un peu plus tard, elle était dans la cuisine quand : « J’entendis un grand boom. Le temps que je sorte, tout le monde était en panique. Ils couraient à droite, à gauche, c’était la confusion totale. Puis quelqu’un a dit : « Il y a un homme par terre ».

 

Très émue elle poursuit son récit : «  En avançant  je vois mon mari entouré d’une mare de sang. J’ai ensuite vu un type bloquer la sortie avec son pitbull, prêt à le lâcher. On était bloqué. Il était sûrement là pour nous retenir le temps que ses complices partent. Je n’avais vu que lui. Ils étaient rentrés et avaient tout retournés».

Absente lors du crime, on lui raconta que les agresseurs s’étaient directement jetés sur son mari, croyant que c’était lui le « responsable » qui venait de recaler leur ami. « C’était tellement rapide que mon mari n’a rien pu faire. Ils avaient blessé deux autres invités qui s’étaient interposés et maintenu le vigile à distance à l’extérieur». Claudy décède quatre jours plus tard, à l’âge de 33 ans, des blessures reçues lors de ce tragique réveillon.

Quelques jours plus tard, un suspect se rend de lui-même. Sa propre mère l’aurait persuadé de se dénoncer. « Il avouera au bout du troisième interrogatoire être celui qui a été recalé, raconte Fabienne. Il avouera ensuite avoir appelé ses amis. Il ne veut rien dire de plus, alors qu’il connaît sûrement tous les agresseurs. Il doit avoir peur des représailles, surtout qu’il sait que tout est de sa faute ».

A fleur de peau, Fabienne confie : « Dans le quartier où ils vivent, d’autres jeunes doivent savoir qui sont ceux qui ont tué mon mari. Ça m’énerve. Ils ont dû s’en vanter entre eux ». Le cousin du suspect principal qui, selon Fabienne, ferait partie de l’expédition punitive, a été relâché par le premier juge : «Il l’a juste classé comme témoin assisté car il était présent. »

Le premier juge fut « désisté » : «C’est rare de changer de juge » tient-elle à préciser. Le deuxième magistrat, face aux arguments de l’avocat de la victime, décida de lancer un mandat d’arrêt : «  Quand les policiers ont voulu arrêter le suspect, il avait déjà fui. Il est au Sénégal d’après ce que l’on m’a dit ».

Fabienne tient à parler de son mari : « Un homme qui mettait la bonne ambiance. Il était simple, joyeux et chérissant ». La jeune veuve de 32 ans revoit l’année qu’ils ont passée avant le drame : « C’était l’année du changement pour notre famille. On avait acheté une nouvelle voiture et une maison, Claudy était très content de voir la neige tomber dans le jardin. Ensuite, on est parti en famille en Guadeloupe, c’était magnifique ! Surtout qu’on n’avait pas passé des vacances comme celles là depuis des années. On avait aussi fêté son anniversaire le 26 février, où il y avait 150 invités. Il avait tellement aimé qu’il voulait recommencer çà pour son prochain anniversaire. Mais il y a eu le meurtre… »

Prosith Kong

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