Les derniers journalistes quittent vendredi le Palais de justice de Pontoise à l’issue de la conférence de presse de la procureure de la République. Elle vient d’annoncer le succès de l’opération qui a débuté lundi 18 février à 6 heures du matin. Sur une trentaine de gardés à vue, seize on été mis en examen, pour la plupart écroués, et les autres on été libérés sans aucune charge retenue contre eux pour le moment.

Au même moment, Djibril sort également du Palais de justice pour regagner Villiers-le-Bel, abattu et traumatisé par le sort réservé à ses deux frères, Abou et Adama, âgés d’une trentaine d’années. Ils ont été mis en examen, respectivement écroués à la prison de Fleury-Mérogis et de Villepinte, pour des délits, ou plus, qu’ils auraient commis lors des émeutes de novembre 2007 contre les forces de l’ordre. Le père, infirmier à la retraite, est actuellement en vacances en Afrique et n’a pas encore été informé de la situation de ses deux fils.

Toutes les personnes rencontrées dans la cité de la ZAC sont très sceptiques sur les charges accablant les deux frères, en particulier sur celles retenues contre Adama. Ce dernier est une figure de Villiers-le-Bel, il a été le suppléant d’un candidat lors des élections législatives de 2007 sur la 8e circonscription du Val-d’Oise, et juste avant son arrestation, il participait activement à la campagne municipale de la candidate Sylvie Noachovitch, qui se présente à Villiers-le-Bel, soutenue par l’UMP.

Il était très présent dans le quartier, incitant les jeunes à se responsabiliser et à se prendre en main. Lors des émeutes de novembre, certains habitants nous ont affirmé qu’il a été parmi les premiers à appeler les jeunes à ne pas commettre d’actes délictueux. Selon l’avocat d’Adama et Abou, qui a demandé un contrôle judiciaire au regard de la situation familiale et professionnelle de ses deux clients, refusé par les juges, il semblerait que les seuls éléments retenus contre par la police aient été fournis par des témoignages anonymes.

Les jeunes du quartier de Presmane, où vivaient Adama et Abou lorsqu’ils étaient adolescents, sont sous le choc, ils n’admettent pas leur incarcération, ils sont persuadés que leur passé judiciaire a joué en leur défaveur.

Malgré tout, la plupart d’entre eux veulent l’apaisement et souhaitent que l’enquête sur la mort de Laramy et Moshin avance. Ils n’excluent pas une action pacifique pour protester contre la mise sous les verrous d’Adama et Abou.

Chaker Nouri

Chaker Nouri

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