La police a mauvaise presse, à Bondy, pire encore que les journalistes. Et pas seulement chez les jeunes. Mickey est un ami du maire, quadragénaire d’allure bonhomme et souriante, c’est un employé de la commune. De son vrai nom, Mikhaël Ichkhanian, d’origine arménienne, sa famille s’est réfugiée en France après le génocide.

L’autre jour, Mickey a eu le tort de prendre un virage un peu brusquement avec sa voiture au sortir d’une cité: ça a suffi à le rendre suspect aux yeux d’une patrouille qui passait par là. Il était 18h, il y avait du monde dans la rue. Gyrophare, palpations, menaces de l’emmener au poste s’il n’arrêtait pas ses remarques… Mickey trouve que ces manières de faire sont inutilement vexantes et « pas toujours très républicaines ».

Elbekkay Zerouali, lui, parle d' »attitudes de cow-boys ». C’est un gars plein d’énergie, Elbekkay, 26 ans, un emploi, une « petite femme », comme il dit affectueusement, et un club de foot pour enfants dont il s’occupe avec passion. Il raconte une scène. L’an dernier, il était avec les gars de son équipe, des gosses de 13 ans, devant la boulangerie de la place Neuburger, au centre de la ville. Alors qu’un policier passe, un des enfants crache son chewing-gum à terre. A tort ou à raison, le policier se sent visé. Comment réagit-il?

– Baisse les yeux, toi, dit-il à l’enfant, et il lui donne une gifle.

Des histoires comme ça, j’en entends beaucoup. Elles témoignent d’un lourd climat de méfiance entre la police et la population. Tiens, à propos de la police, j’ai adressé une demande écrite, en bonne et due forme, à la Direction départementale de la sécurité publique de Seine-Saint-Denis. Pour pouvoir parler au commissaire Machet, du commissariat de Bondy, et à certains de ses hommes.

Par Alain Rebetez

Alain Rebetez

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