« C’était Bagdad. Ça tirait de partout.» Les éclats de balles de Flash-Ball, à  même le sol, devant l’école Jean Rostand, en témoignent. Les habitants de la rue Martin Luther King sont encore sous le choc de la descente des forces de l’ordre qui a eu lieu ce mardi matin. Vers neuf heures, la gendarmerie de Senlis a mené une perquisition au domicile familial d’un habitant de la cité Blanqui.

Une descente de police qui a très mal tournée, « la mère de famille a fait un malaise. Elle est décédée. Rupture d’anévrisme ou malaise cardiaque d’après les pompiers… mais il paraît qu’elle a été bousculée… Elle n’est pas morte comme ça, témoigne un habitant, son fils, tabassé et sous le choc, a été embarqué en sang ».

Quelques minutes plus tard, la Brigade criminelle de Bobigny, le Samu et deux camions de pompiers débarquent. Des témoins affirment : « Quand ils ont descendu le corps, les pompiers et ambulanciers étaient très tendus et faisaient des messes basses, comme s’ils cherchaient à cacher quelque chose ».

Une thèse qui a vite fait de tomber dans les oreilles de Christian Lambert. Le Préfet de Seine-Saint-Denis, présent, a promis qu’une autopsie sera effectué pour soulever le moindre doute sur la cause du décès. Le service départemental de la police judiciaire a effectivement été saisi par Sylvie Moisson, procureure de la République de Bobigny, pour déterminer les causes exactes du décès. Présent aussi, le commissaire de Bondy, dont les habitants regrettent « des propos malheureux sur le décès de la mère ».

Sur place, une quarantaine de voitures de police est encore stationnée aux environs de 14 heures. Des CRS, appelés en renfort, quadrillent la cité aux quatre coins. « C’est de la provocation, pourquoi ils cherchent à faire monter les nerfs des jeunes ? », questionne un voisin. Présent sur les lieux depuis le début, il poursuit, « dès que la nouvelle du décès est tombée, quelques gamins  se sont révoltés. Les policiers ont répliqué de manière disproportionnée. Ils ont  lancé des bombes lacrymogènes en direction de l’école primaire qui jouxte la cité. C’est scandaleux, les instituteurs et les enfants étaient en panique. »

Dans le milieu de l’après-midi, le calme est revenu à la cité Blanqui. Repartis bredouilles, « les CRS n’ont rien eu à se mettre sous la dent, même s’il n’attendaient que ça pour jouer de la matraque » affirme un jeune. Un calme précaire.

Hanane Kaddour

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