NB :  Alors que le plus grand continent de notre planète compte près d’une cinquantaine de pays, à ce jour, en France, le terme “racisme anti-asiatique” renvoie principalement aux discriminations subies par les populations immigrées ou issues de l’immigration des pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est. 

Insultes,  fétichisations, harcèlement, attaques physiques. Autant de manifestations d’un racisme anti-asiatique auquel font face les Français descendants d’immigrés d’Asie de l’Est et du Sud-Est en France. Pour beaucoup d’entre eux, ils sont issus des vagues de migrations majoritairement chinoises et ex-indochinoises, amorcées notamment pour combattre avec l’armée française et soutenir l’effort de guerre lors des deux guerres mondiales.

Ça a duré jusqu’en 1949, avant les fermetures de la frontière chinoise (sous le régime communiste). Concernant la guerre d’Indochine, il y a eu des vagues de migrations dans les années 1970 et 1980. Parmi eux, on compte des réfugiés ethniquement chinois”, explique Ya-Han Chuang, chercheuse à l’INED. “Après la réforme économique chinoise de 1978, beaucoup de ressortissants du régime populaire chinois sont arrivés en France”. finit-elle.

Le silence des aînés sur des traumatismes ancrés

Une population en partie traumatisée par les conflits liés à la fin des empires coloniaux, notamment les réfugiés de la guerre d’Indochine. Ils ont donné naissance à des enfants, qui comme eux, ont aussi vécu le racisme en France.

Si les anciens n’avaient pas pour habitude de s’étaler sur leurs états d’âmes, leur descendance devient un porte-voix de ce phénomène presque tabou, pourtant mis en lumières par de nombreuses agressions et violences policières parfois mortelles, avant l’explosion des actes racistes liés à la pandémie de Covid-19. “On en parlait pas trop avec ma mère. C’était plutôt le syndrome du parent asiatique. Tu prendras ta revanche en travaillant à l’école. On n’a pas trouvé de réponse chez nos adultes”, confie Eva, jeune femme de 34 ans issue de l’immigration vietnamienne.

Est-ce que j’avais des modèles d’identification asiatiques? Ah tiens, ça c’est une bonne question. Je vais y réfléchir, mais… non.

Pour ces descendants d’immigrés primo-arrivants, il a fallu apprendre à gérer seul ces situations. Eva, fille d’une mère vietnamienne et d’un père franco-italien, avoue peu fière, qu’enfant elle avait recours à la violence. “C’est la seule solution que j’avais trouvé face à des enfants. Mais je ne me faisais plus embêter après”.

Comme la journaliste Linh-Lan Dao, d’autres avaient intériorisé le phénomène : “Pour moi c’était normal, ça faisait partie de la vie.” Pour d’autres, le réflèxe a été le repli total. “J’ai développé une phobie sociale. Je m’isolais de plus en plus, j’avais des idées noires dès le CP. Encore aujourd’hui, je suis renfermée, j’ai du mal à aller vers les autres sauf les personnes que je connais bien, je suis souvent triste sans même savoir pourquoi, constamment anxieuse et je n’ai pas du tout confiance en moi. ”, raconte un concerné qui a souhaité garder l’anonymat.

J’étais la seule Asiatique au primaire. Les enfants se tiraient les yeux et me disaient ‘Ching Chang’. 

Toutes ces expériences du racisme ordinaire, mais aussi le manque de représentation ont créé des complexes vis-à-vis de la culture de leurs parents qui peuvent aller jusqu’à la honte. “Jai un rapport plutôt sain à ma double culture. Heureusement, je n’ai jamais eu ce complexe. C’est plutôt envers les Vietnamiens, j’étais un peu à la ramasse. Mes parents ont arrêté de me parler la langue en pensant que je pourrai mieux m’intégrer.” témoigne Linh-Lan Dao.

“J’avais pas de modèle à qui me rattacher comme Omar Sy ou Zidane. À la rigueur, il y avait  Bruce Lee et Jackie Chan, mais bon… c’était plus des stars”, confesse Lee Djane sans grande conviction. Cet ancien contributeur du Bondy Blog explique : “On était la seule famille Asiatique de ma ville. J’ai grandi en banlieue dans l’Essonne. Quand j’étais tout petit, je pensais que mes ancêtres étaient blancs. C’était l’innocence”, sourit-il.

Est-ce que j’avais des modèles d’identification asiatiques? Ah tiens, ça c’est une bonne question. Je vais y réfléchir, mais… non« , songe Eva, qui a passé presque toute sa vie à la campagne. “Ça fait 35 ans que je me demande comment me définir dans cette société.  Je ne me définis pas comme vietnamienne parce que je n’ai pas les codes, je ne parle pas vietnamien. Et je ne me définis pas comme blanche non plus parce qu’on m’a toujours rappelé ma condition de racisée. ‘C’est vrai qu’avant j’avais toujours le cul entre deux chaises.”

Les Asiatiques, une “minorité modèle” : les dangers d’une sémantique politique au profit d’un racisme systémique

Pour une majorité des concernés, les agressions se manifestent dès le plus jeune âge, notamment à l’école par des mots et des gestes. “J’étais la seule Asiatique au primaire. Les enfants se tiraient les yeux et me disaient ‘Ching Chang’”, raconte Eva. “Quand je sortais de chez moi, il y avait sur le trajet, au moins une remarque raciste, un ‘chintoque’. Des personnes, des adultes, ou bien des enfants qui ne me connaissaient pas et qui dès le plus jeune âge, nous pointaient du doigt comme si on était des extraterrestres…’, nous raconte une internaute  anonyme. Linh-Lan mentionne un “effet de système” pour illustrer le fait que ce racisme est globalisé.

Ce n’est pas comparable aux autres communautés comme les Noirs ou les Maghrébins qui connaissent des discriminations à l’embauche ou au logement. Pour les Asiatiques c’est plus pernicieux. 

Il ne faut pas croire que le racisme est circonscrit aux classes populaires”, affirme Grace Ly, réalisatrice et co-animatrice du podcast “Kiffe Ta Race”. “C’est une forme de racisme qui n’a pas la même visibilité, qui peut être dû au fait de l’immigration récente pour certains, de l’éloignement géographique mais aussi aux clichés sur les Asiatiques qui tendent à les invisibiliser.

Et c’est l’une des particularités de ce racisme qui jouit d’un aspect faussement positif, incarné par la “minorité modèle”. Il s’agit de la représentation de l’Asiatique comme discret, travailleur, docile, obéissant, qui se fond dans la masse. “À l’école, on voulait tricher sur moi parce que j’étais Asiatique donc bon, alors que j’avais eu -2 en maths. J’étais loin du cliché”, plaisante Lee Djane. Il reprend plus sérieusement : “on se sert de moi pour être en charge des stéréotypes racistes.”

Au premier abord, l’étiquette “minorité modèle” permet d’être plutôt bien vu. “Ce n’est pas comparable aux autres communautés comme les Noirs ou les Maghrébins qui connaissent des discriminations à l’embauche ou au logement. Pour les Asiatiques c’est plus pernicieux”, certifie la journaliste Linh-Lan Dao.

Le fait de maintenir cette hiérarchie favorise à renforcer le paradigme des normes d’intégration et la légitimité pour l’Etat de dire qui sont les bons ou mauvais immigrés.

Mais ces clichés qui invisibilisent laissent libre cours aux tentatives de ridiculisation sans que cela ne choque car la communauté asiatique est perçue par beaucoup en France comme vulnérable et inoffensive. “On a un peu plus de mal à admettre qu’il y a un problème de racisme anti-asiatique en France, justement à cause de ce mélange des clichés qui semblent positifs.” commente Ya-Han Chuang, chercheuse à l’INED.

“La minorité modèle est un instrument politique” synthétise Grace Ly. Selon Ya-Han Chuang, l’appellation provient des Etats-Unis, puis a été récupérée en France à l’époque Sarkozy. “Quand Nicolas Sarkozy était président, il disait des populations asiatiques, notamment chinoises, qu’elles s’intégraient bien.” 

La chercheuse avertit de ce  danger sémantique. “Le fait de maintenir cette hiérarchie favorise à renforcer le paradigme des normes d’intégration et la légitimité pour l’Etat de dire qui sont les bons ou mauvais immigrés. Les minorités sont mises en concurrence. Cela contribue à les diviser et créer une haine entre elles, car les minorités vivent sous le regard des dominants. Elles regardent les normes des autres à travers les normes des dominants.

Le fantasme du “péril jaune” : sinophobie et héritage d’une pensée coloniale

Au cours de leurs vies, beaucoup d’hommes et de femmes d’origine asiatique interrogés, ont rencontré des compliments sincères, justes, ou maladroits inspirés principalement par le mythe de la minorité modèle, des blagues qui les ont fait rire et d’autres fois non, du racisme sous couvert de plaisanterie, mais aussi, plus directement, du mépris. “Une année, quand j’étais étudiante, j’avais rendu copie blanche. Un prof de Sciences-Po m’a dit “ même si votre langue maternelle n’est pas le français, faites un effort”. Alors que je suis née en France”, raconte une concernée.

Le “péril jaune” est l’autre versant du racisme anti-asiatique. Selon la sociologue Ya-Han Chuang,  “la majorité des stéréotypes sont liés à la Chine”. Le fantasme du “péril jaune” réunit deux grandes familles de clichés. Il se divise en deux familles: l’archaïque et la menace politico-économique.

Durant la première vague de Covid-19, on a beaucoup  entendu dire que c’était la faute des Chinois car ils mangent des animaux sauvages.

Le premier consiste à penser que les Asiatiques sont archaïques et viennent d’un pays “moins développé ou exotique”, relate la chercheuse. “Ils sont considérés inférieurs et barbares vis-à-vis de la société occidentale. Durant la première vague de Covid-19, on a beaucoup  entendu dire que c’était la faute des Chinois car ils mangent des animaux sauvages.” À ce titre, Linh-Lan Dao complète: “C’est comme quand on nous dit qu’on mange du chien. Les stéréotypes ne viennent pas de nulle part. Oui il y a des régions en Asie où c’est le cas, mais ce n’est pas une généralité. D’ailleurs la Chine l’a interdit.”

On remarque la projection d’une peur de la mondialisation incarnée par la Chine qui est un régime autoritaire. Elle est associée à une menace pour la société et les valeurs françaises.

Le second représente la Chine comme une menace économique et politique. “Pour le racisme anti-asiatique, on remarque la projection d’une peur de la mondialisation incarnée par la Chine qui est un régime autoritaire qui s’assume. Elle est associée à une menace pour la société et les valeurs françaises.” éclaircit Ya-Han Chuang.

“L’hostilité aux implantations des commerces chinois, reflète une peur, comme dans la mafia. Le commerce de gros, lui-même abrite les fatasmes d’une activité opaque, avec du blanchiment d’argent, et qui menace l’activité locale. Il y a aussi beaucoup de blagues sur le Made in China, qui serait une mondialisation cheap, de mauvaise qualité mais qui reste une menace.” Cette peur est ensuite projetée sur les Chinois, et par extension sur la communauté asiatique de France.

La sinophobie est l’un des pans du racisme, mais une large partie est due à la présence française en Indochine. C’est le Code de l’indigénat, inspiré du Code noir, qui a régi les rapports dans ces colonies, où il n’y a pas de justice sociale. 

Grace Ly quant à elle complète que la nature de ce phénomène est aussi un héritage colonial. “La sinophobie est l’un des pans du racisme, mais une large partie est dûe à la présence française en Indochine. C’est le Code de l’indigénat, inspiré du Code noir, qui a régi les rapports dans ces colonies, où il n’y a pas de justice sociale. C’est écrit noir sur blanc. Et il y a aussi une grande partie de cet imaginaire qui est mobilisé quand on parle de racisme en France, les images, les cartes postales, les expositions universels, les corps lascifs, les zoos .” Un héritage qui persiste encore aujourd’hui dans les représentations des femmes, par exemple.

La fétichisation des femmes d’origine asiatique : racisme et sexisme subis.

Lorsque que l’on est une femme asiatique, on subit à la fois le racisme et le sexisme” détaille Grace Ly. La podcasteuse remet l’accent sur les fantasmes entourant la femme asiatique : docile, interchangeable, au service de l’homme. Toujours d’actualité, la “yellow fever”, fétichisme raciste se manifestant par une préférence exclusive pour les Asiatiques, était revenu dans le débat public notamment en 2019 après les propos de Yann Moix.

Mais ce phénomène existe depuis bien plus longtemps. “Moi, au collège, on m’appelait Katsuni (NDLR: célèbre actrice pornographique). Il y a cette espèce de fétichisme dégueulasse. C’était déjà là à 13, 14 ans”,se souvient Eva. La trentenaire nous expose son rapport aux clichés. “Des fois, on me dit ‘les filles exotiques vous êtes trop belles’. Exotiques? Mais what the fuck! Je suis pas un fruit”, s’indigne-t-elle. Elle complète: “en général, c’est les 50 ans et plus qui utilisent ce mot”.

Quand vient l’heure de la séduction, quelques mots peuvent refroidir. “Il y a aussi le ‘oh, je ne suis jamais sortie avec une Asiatique’”, soupire Linh-Lan. “Un jour, un homme me suit dans la rue. C’était creepy. Il me dit ‘Chinoise!’. Je me retourne en lui disant ‘Quoi!?’. Il me répond ‘Oh je voulais juste vous dire que vous êtes jolie’. Le Malaise.”

Eva évoque également une “drague lourde” à l’âge adulte. “C’est un peu les mêmes thèmes qu’au collège. Avec le temps, j’ai moins de colère car j’ai plus l’habitude. On s’attend pas à grand chose des garçons. Je pense que ça vient de l’imaginaire colonial. Un jour, je suis tombée sur des cartes postales coloniales. J’ai vu des femmes toutes nues au milieu d’une rivière. Ça me rappelait un peu l’exotisation des femmes africaines. Ça a fait ‘tilt’ dans ma tête.” 

Un point de vue également soutenu par Grace Ly. “C’est en partie dû à la présence de bordels militaires en Indochine et à la réglementation des travailleuses du sexe dans les colonies. Quand on parle de femmes  soumises, ça signifie en fait soumises à la réglementation coloniale.” Une vision de femmes rendues disponibles, qui font partie  des guerres de colonisation. S’ajoutent à cela les nombreuses productions culturelles qui participent à renforcer ces représentations, telles que les films hollywoodiens autour de la figure de la Geisha, présentée comme au service des plaisirs des hommes.

Mais les hommes asiatiques sont aussi concernés. Ils sont fréquemment raillés sur leurs attributs anatomiques, considérés comme plus petits. Ridiculisés, ils se retrouvent face à un tableau qui les diminue et quelques fois, les asexualise. “La représentation de la virilité est différente selon le point de vue local. Les gens sont tellement différents dans le monde, il existe de tout”, expose Lee Djane. “De mes expériences personnelles, ça s’est toujours bien passé. Ce n’est pas mon cas, mais je sais qu’il y a des personnes qui vivent mal ces moqueries. Ça perturbe la construction de beaucoup de monde. Ils se sentent rabaissés sur quelque chose qu’ils ne contrôlent pas. C’est dangereux de s’en prendre aux gens sur leur physique”, avertit le militant.

La diversité culturelle continentale et insulaire essentialisée en une seule entité : “Le Chinois”

Durant l’adolescence, les insultes, les blagues, et les atteintes physiques pour certains, s’accumulent et s’intensifient, pour d’autres elles s’amenuisent. “Les blagues de mes amis, moi je m’en fous. Mais ce qui me dérange c’est celles de gens qui ne me connaissent pas”, lâche Lee.  Il y a toujours quelqu’un pour leur rappeler leur “condition de racisés”, comme l’explique Eva.

Pour elle, Linh-Lan, Lee et d’autres, c’est le festival des classiques. “Jaune d’oeuf” “chinetoque”, “bol de riz”, “face de citron”bouffeur de chien”, “mangeur de chat”. Au masculin ou au féminin, la liste peut encore se poursuivre longuement. Sans oublier les “Viet kong”, “noichi”, “le jaune”, “le bridé”, “Bruce Lee” ou encore “Jackie Chan”.

D’après eux j’ai pas de prénom, alors ils m’appellent Chinois.

Mais en tête de liste des références du corpus raciste, il y a un mot très commun qui a pris une autre signification. “En soit c’est pas rabaissant mais c’est la manière de le dire qui est humiliante” lâche Lee. Ce terme c’est “Chinois”. Toute la diversité culturelle continentale et insulaire, Est et Sud-Est asiatique est essentialisée en une seule entité : le Chinois.

Mais Chinois ou pas, l’association reste insultante pour les concernés car c’est un mépris lourd de sens pour toute la communauté. “C’est le propre du racisme de réduire les gens”, précise Grace Ly. “Un jour j’étais dans les transports avec mon ex, et un homme me dit: T’as pas l’heure, Chinois?” rappelle Lee Djane. C’est l’une des nombreuses anecdotes qui l’a incité à sortir le morceau de rap “Ils m’appellent “”Chinois”” en 2015.

“Les gens sont-ils stupides, ignorants ou maladroits? Entre les insultes et les incultes je reste droit. Seul, c’est toujours  facile  de bien s’en prendre à moi, d’après eux j’ai pas de prénom alors ils m’appellent ‘Chinois’.”

Une essentialisation que l’on retrouve aussi malheureusement dans certains de la presse nationale, lors d’agressions meurtrières de personnes issues de la communauté asiatique ou de violences policières dramatiques.

Le syndrome du “parent asiatique” silencieux mais une jeunesse qui libère sa parole

“Une grande partie des primo-arrivants sont la cible de remarques quotidiennes. Soit ils ne veulent pas parler, car c’est trop douloureux, soit ils n’ont pas les mécanismes pour identifier et nommer une expérience de racisme”, éclaire Ya-Han Chuang. “La première génération d’immigrés après la guerre du Vietnam était occupée à survivre et à s’intégrer. Il n’y avait pas de réelle conscience politique”, expose Linh-Lan Dao.

Nos différents entretiens pour cet article, ainsi que les campagnes de mobilisation au sein des différentes communautés concernées montrent qu’il arrive que la parole se libère dans les familles, mais globalement le syndrome du “parent asiatique” reprend le dessus.

“Je pense que mes parents ont vécu pire que moi. Ils ont combattu le racisme plus frontalement. Ils ont été confrontés à des barrières, comme la langue. Grâce à ma double culture, j’ai bénéficié d’une grande richesse des savoirs et des transmissions. J’avais à coeur de ne pas transmettre à mes enfants le malaise de toutes ces identités à mes enfants”, raconte Grace Ly. “ Trente ans après, mes enfants vivent le racisme. c’est un constat accablant pour une mère”. C’est l’électrochoc qui l’a mise sur la voie de l’engagement.

La mort de Chaolin Zhang en 2016 a fait prendre conscience à beaucoup de la réalité du racisme.

Des agressions mortelles qui ont fait prendre conscience de la réalité du racisme

On n’est pas les premiers à dénoncer, il y a eu des militants, des sociologues qui ont étudié la question”, certifie Grace Ly. Les premières prises de consciences militantes ont eu pour origine des réactions à des agressions, parfois mortelles, des vols, des violences policières aussi. Selon Ya-Han Chuang, ils étaient présents avant 2016, mais la mort de Chaolin Zhang (couturier agressé tué à Aubervilliers en 2016) a fait changer le regard de beaucoup sur le racisme subi.

Je suivais la lutte anti-raciste de loin mais je ne militais pas. Quand on est touché de près comme ça, ça change tout.

Robert Na Champassak a rejoint le collectif Sécurité pour Tous après le décès de sa mère victime d’une agression en 2017. “Je suivais la lutte anti-raciste de loin mais je ne militais pas. Quand on est touché de près comme ça, ça change tout.” Linh-Lan Dao nous a raconté sa prise de conscience “tardive” et sa rencontre avec les militants suite à sa vidéo sur le racisme anti-asiatique en 2017. Eva a confirmé ses engagements politiques anti-faschistes et anti-raciste de par son vécu.

 

Tous ces engagés, appellent à témoigner, écouter, sensibiliser, et s’organiser, pour combattre les racismes. Ils en appellent aussi à la responsabilité des pouvoirs publics. Et même si l’élan raciste de l’explosion du racisme liée à la crise du Covid-19 les a secoués, nombre des jeunes personnes interrogées incitent sur l’importance de l’émergence de nouvelles figures de représentation au sein de la société française.

La sociologue Ya-Han Chuang conclue : “Une nouvelle génération de français d‘origine asiatique veut nommer le racisme, et résister. Ces enfants sont allés à l’école républicaine où on leur a dit que malgré les différences, ils restent tous français. Ça leur donne aussi le courage de nommer le racisme et de combattre le racisme, c’est ça qui est différent de leurs parents”.

Amina Lahmar

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