Le débat sur la burqa n’en finit pas. Et avec lui, les balivernes. Dernière en date, la démonstration du mari de la femme verbalisée pour conduite en niqab. Pour sa défense, Lies Hebbadj a fait savoir que « les maîtresses ne sont pas interdites en France, ni en islam ». Les imams en sont encore tout retournés. C’est qu’il en a mis du temps, le CFCM, à réagir et réfuter les propos abracadabrants de Lies le magicien. D’un coup de baguette, le bougre a travesti l’un des plus valeureux préceptes du Coran.

Si cette affaire a au moins un mérite, c’est d’avoir montré qu’une femme qui porte le niqab en France peut prendre le volant d’une voiture. Pas d’interdiction au tournant, contrairement à l’Arabie Saoudite.

Parce qu’elles seraient opprimées, soumises, rabaissées dans leur dignité, la France veut sauver ces femmes en instaurant une loi pour leur interdire de se couvrir intégralement. Si André Gérin avait pris la peine de venir boire le thé à la maison, la France n’en serait pas là. Il en entendrait des vertes et des bien mûres. La dernière histoire qui tourne dans le quartier montre combien une femme en burqa peut être libre. Avant de me la raconter, on m’a même prévenue avec un bandeau « Avertissement ». Comme dans les films.

Comme dans les films tirés d’une histoire vraie, les prénoms seront modifiés. C’est qu’avec ses quelques 53 000 habitants, Bondy c’est pas très grand. Et des femmes en burqa, y’en n’a pas des masses.

Mariés depuis cinq ans, Lies et Noura forment un couple heureux. Monsieur travaille à l’aéroport de Roissy. Madame est à la recherche d’un emploi. Musulmans très pratiquants, Lies et Noura ont choisi de mener une existence très ascétique. Se contenter des choses simples est leur règle de vie. Et pour prouver son attachement à son amour de mari, Noura a décidé de porter le niqab. Quand Lies part travailler, la copine de Noura est souvent à la maison. Elle aussi, porte le niqab. Lies trouve ça bien. Sa femme s’ennuie moins à la maison. Elle se sent moins seule.

Souvent, quand il quitte le foyer pour aller travailler, Lies laisse Noura et son amie derrière lui. Ce jour là, Lies se rend compte qu’il a oublié son badge à la maison. Sans lui, impossible d’accéder à son lieu de travail. Il retourne donc à la maison pour récupérer son sésame. En rentrant, son attention est attirée par deux niqabs qui jonchent le sol. Pas le temps de les ramasser. Il est assez en retard comme ça.

Il se souvient avoir laissé son badge dans sa veste. Il fait si beau aujourd’hui qu’il ne l’a pas prise. Il aurait peut-être dû. En entrant dans la chambre, le spectacle qui s’offre à ses yeux est effroyable. Dans son lit, Noura et sa copine, qui se trouve en fait être un homme, sont en train de faire des galipettes. Le chat parti, les souris avaient l’habitude de danser. Pas très catholiques comme pratique. Qu’importe, ils sont musulmans. A leur façon.

Hanane Kaddour

Paru le 6 mai 2010

Hanane Kaddour

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