À l’heure où l’Europe rencontre une profonde crise migratoire, la municipalité de la Courneuve met à la rue ses habitants en situation d’extrême précarité. Dans le joli parc de la mairie de La Courneuve, trente tentes ont emménagé depuis une semaine. La cause ? La municipalité de la Courneuve a rasé l’un des plus anciens camps Rroms de France sans aucun plan de relogement. Désœuvrées et en colère, certaines familles du camp se sont installées sous la fenêtre de Gilles Poux, maire communiste de la ville. De nouveaux voisins les ont rapidement rejoint. Un groupe d’Ivoirien s’est lui aussi installé dans le parc de la mairie, suite à l’évacuation du squat où il vivait depuis cinq ans.
Angela Manuela, 18 ans, vivait depuis 6 ans dans le campement du Samaritain. Un bébé de six mois dans les bras, elle confie « mon bébé de deux ans a un certificat français, mais je n’ai pas pu lui faire ses papiers ». Prochainement, il faudra l’inscrire à la maternelle. Le problème est que, selon elle, le maire lui exige de travailler trois à six mois pour pouvoir l’inscrire. Du travail, elle en avait. Trois jours après l’expulsion, la jeune fille devait commencer un stage de formation pour être femme de chambre dans un hôtel. En vue de sa situation instable, elle n’était pas présente lors de son premier jour, mais elle ne désespère pas. « J’y retournerai lundi, on verra… »
Devant la mairie, en ce samedi nuageux, la célébration d’un mariage arabe distrait le campement. La foule se rassemble et applaudit les mariés. Le tableau est loufoque. La bienveillance des habitants du campement encourage la mariée, amusée, à poser avec eux pour une photo de groupe.
Plutôt que des solutions, l’expulsion
Si la mairie assure les mariages, elle semble cependant ignorer ceux qui campent sous ses fenêtres. Jusqu’à vendredi dernier, les négociations entre les divers acteurs étaient au point mort. Saimir Mile, président de l’association la Voix des Rroms, explique qu’un projet d’amélioration et d’insertions participatives du camp du Samaritain devait naitre. Ce projet devait être partiellement financé par la Plaine Commune et l’association l’Abbé Pierre. L’idée était d’assainir et de rendre viable le campement du Samaritain. Cette proposition était perçue, par le maire communiste, comme une manière de pérenniser les bidonvilles. Saimir Mile assure que « la décision du maire n’a pas de sens. La ville a légalement le droit de récupérer son bien. Mais il se trouve dans l’obligation de domicilier les personnes qui travaillent, et d’envoyer les enfants à l’école ».
Vendredi 4 septembre le maire a organisé une rencontre avec les associations et certaines personnes du camp. Cette réunion a abouti à la distribution d’OQTF (Obligation de quitter le territoire français) Le préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli, leur a donné 30 jours pour quitter l’Hexagone. Joszef Farkas, 17 ans, est à l’origine d’une pétition sur cette situation. Il a réussi à récolter 40 152 signatures. Néanmoins ce soutien n’a aucun poids face aux décisions du maire et du préfet qui sont selon lui « des trucs politiques ». Il assène comme un leitmotiv « on n’est pas des chiens, on a un cœur, on est des êtres humains ». Sandra, présente le jour de l’expulsion avec ses trois enfants en bas âge, s’indigne elle aussi « On est dehors comme des chiens ». Angela Manuela concède tristement qu’il est impossible pour eux de retourner dans leur pays d’origine. « En Roumanie, on n’a pas de travail, pas de maison… on ne peut pas vivre, on n’a pas de droits ». Tous attendent une solution décente. Saimir Mile espère que « la solidarité et le bon sens l’emporteront, de toute façon les gens ne vont pas disparaitre ».
Pénélope Champault

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