Ils étaient une trentaine de personnes, ce mercredi 8 mars, réunies au PMU à l’initiative d’Amar Salhi, le propriétaire de ce bar populaire du quartier de Savigny de Sevran : des femmes, des hommes, des voisins, des amis, des clients, des élus locaux rassemblés autour d’un apéritif en ce jour de célébration de la journée des droits des femmes. Une manière de répondre à la polémique déclenchée par la diffusion d’un reportage dans le 20h de France 2, le 7 décembre dernier.

Dans ce sujet sur l’accès des femmes à l’espace public dans certains quartiers, une séquence d’1 minute 25 en caméra cachée réalisée par deux militantes de l’association « La Brigade des mères », Nadia Remadna et Aziza Sayah, était consacrée à cet établissement de Sevran avec cette conclusion : ce bar interdit l’entrée aux femmes. Aujourd’hui, le patron veut en finir avec ce qu’il appelle « un mensonge ». « J’ai organisé ce buffet pour montrer qu’on laisse rentrer tout le monde. Il est important de casser cette fausse image ». Le propriétaire a bien informé quelques journalistes de son événement mais hormis le Bondy Blog, aucun média n’a fait le déplacement.

On nous salit, on nous stigmatise, on nous dénigre, alors que c’est faux. Cette histoire a profondément touché à la dignité des gens

Parmi les élus présents pour trinquer, tous les bords étaient représentés. À droite, Patrick Sinaud et Philippe Geoffroy, conseillers municipaux d’opposition de Sevran, également les maires-adjointes de gauche, Najet Mabchour, en charge de la politique de la ville et Nathalie Bayon, responsable de la tranquillité publique, et les conseillers municipaux, Jean-Pierre Laborde et Gilles Boite. Le Républicain, Philippe Geoffroy, qui connaît bien le patron du bar, dit être venu épauler son ami. « Il venait souvent au magasin de mes parents quand on était petits, on a été à l’école ensemble, pour moi, cette histoire, c’est un coup monté ».

Nathalie Bayon regrette « ces traitements journalistiques qui tapent toujours sur les mêmes ». Et de poursuivre : « J’ai habité dans un immeuble juste à côté de ce bar pendant plus de 15 ans et je n’ai jamais eu de problème, je suis très choquée. Je crois que ce qui m’a le plus marqué c’est lorsque nous avons organisé une réunion de quartier juste après la polémique et que les habitants demandaient à ce que le maire réagisse. On nous disait : ‘Mais on nous salit, on nous stigmatise, on nous dénigre, alors que c’est faux’. Cette histoire a profondément touché à la dignité des gens ».

Au bar PMU, alcool, jeux de grattage et courses hippiques

Au comptoir du Jockey-Club, deux habitués, habitants du quartier, Sevran (Seine-Saint-Denis).

La séquence qui vise le bar PMU est clairement à charge et le commentaire de la journaliste de France 2, Caroline Sinz, sans équivoque. Elle décrit un « bar où il n’y a que des hommes, pas très accueillants », où « les hommes rejettent les femmes ». L’affaire avait été l’objet d’instrumentalisations politiques de tous bords notamment durant la campagne de la primaire à gauche, devenue, encore aujourd’hui,  objet de réactions et commentaires politiques et médiatiques quasi quotidiens, le bar en question étant décrit comme une preuve de la manifestation de l’islamisme radical dans les quartiers. Deux mois plus tard, nous avons voulu aller voir de nos propres yeux ce qu’il en était. Au total, nous nous y sommes rendues à quatre reprises dont deux sans prévenir de notre arrivée, et à chaque fois, nous y sommes restées plusieurs heures.

Le Jockey Club, le nom de l’établissement en question, est ce qu’on appelle un bar PMU, plus qu’un café. Ici, comme dans beaucoup d’autres établissements du même genre en France, les habitués sont surtout des mordus de jeux de grattage et de paris hippiques. À l’intérieur, une grande salle, dénuée de charme, où les clients restent en grande majorité debout à observer les courses sur l’écran accroché en hauteur. Ils défilent au comptoir pour leur petit noir du matin ou leur bière, passent acheter leurs jeux auprès du serveur avant d’aller au travail, quand d’autres squattent quelques minutes, parfois plus longtemps, les machines disposées dans plusieurs coins de la pièce. C’est le cas de Khaled, 46 ans, un fidèle, superviseur chez Air France. « Je viens ici pour l’ambiance familiale, décontractée, raconte-t-il. Ici, les clients sont des amoureux des chevaux !  Au fil des ans, Amar est devenu un ami ».

Ce qu’on vit, c’est une blessure, une souffrance, parce que nous sommes à des années lumières de cette image qui a été donnée de nous

Amar Salhi, propriétaire depuis 2010 du Jockey Club, bar PMU populaire à Sevran (Seine-Saint-Denis)

À notre première rencontre, Amar Salhi avait les traits tirés. Ce père de famille de 59 ans, d’origine algérienne, est le propriétaire des lieux depuis 2010. La dernière fois qu’il s’est rendu dans son pays natal, c’était en 1990. « J’y ai passé 8 jours. Depuis, je n’y suis jamais retourné. La mentalité y est bien trop différente de la nôtre ici ». Il ne cache pas avoir été durement éprouvé par la polémique suite à la diffusion du reportage de France 2. Depuis, il dort mal, se lève aux aurores, l’esprit souvent travaillé par cette affaire, les récupérations politiques, les instrumentalisations. « Ce qu’on a vécu, c’est une blessure, une souffrance, parce que je suis, parce que nous sommes à des années lumières de cette image qui a été donnée de nous, de moi. Ils ignorent le mal que cela fait. D’autres, nombreux, auraient pété les plombs, heureusement que je suis solide ».

Il nous raconte l’impact de la polémique sur ses filles de 22 et 26 ans, toutes deux étudiantes à l’université, qui ont souffert de cette affaire tombée en plein pendant leur période d’examens à la fac. Son épouse, Fatiha, employée d’une collectivité, une brune, très chic, coupe au carré, nous raconte cette lettre de menaces envoyée à l’adresse de son établissement avec ces mots : « On va te brûler« .

La réputation du bar en a pris un sacré coup. Le chiffre d’affaires du commerce a baissé de 10 à 15% depuis la diffusion du reportage. « Il y a des gens qui ne viennent plus et il y a celles et ceux qui passent devant et qui nous lancent des anathèmes, rapporte Amar. Tu te souviens, Khaled, ce qu’on a entendu le week-end dernier ? Tu sais, le couple qui s’est arrêté devant la vitrine et qui a lancé : ‘tiens, c’est le café où les femmes sont interdites de rentrer’? ». Lors de la diffusion du reportage, Khaled était à Hong-Kong pour le travail. « Je n’en croyais pas mes oreilles, se remémore-t-il. J’ai expliqué aux collègues que cela n’avait rien à voir avec la réalité et qu’on irait ensemble s’ils le souhaitaient pour qu’ils voient de leurs propres yeux ».

Sur les murs de l’établissement, un peu partout, des affiches publicitaires de grandes marques d’alcool. Derrière le comptoir, comme n’importe quel bar, des tireuses à bière. Au-dessus de la tête du serveur, des verres à vin, à bière et des dizaines de bouteilles d’alcool. Et il y en a pour tous les goûts : Ricard, Martini, Rhum… Sans parler des machines à jeux et des jeux de grattage. Difficile de voir un quelconque lien entre l’établissement et la religion : l’islam proscrit les jeux de hasard et la consommation d’alcool.

Hélène, Jacqueline, Lucile, Justine, Josette, Marie-Jeanne, Elizabeth, des clientes fidèles

Hélène Cambiou, cliente fidèle du Jockey-Club, Sevran (Seine-Saint-Denis).

Ce qui nous surprend aussi, c’est la fréquentation de l’établissement par des femmes, à aucun moment évoquée dans le reportage de France 2. Certes, elles sont bien moins nombreuses que les hommes à fréquenter l’établissement. « C’est un bar PMU, assure Malika*, une habitante du quartier. Un endroit où ça joue plus au grattage qu’autre chose. Je n’y vais pas parce que c’est pas un endroit où j’ai envie de me poser. Il y a bien d’autres lieux pour cela ».

L’établissement a tout de même une clientèle féminine et fidèle, dont certaines viennent tous les jours. Il y a par exemple Hélène, une voisine qui vient au Jockey Club « chaque jour ». Cette Sevranaise serre des mains, fait la bise à ceux qu’elle connaît bien, rit avec Moustafa, un autre client régulier et dit s’y sentir chez elle. « Ici, je discute, je bois mon café, j’achète mes jeux. Jamais on ne m’a mal parlé, jamais on ne m’a manqué de respect. Et je vous assure que si cela avait été le cas, je ne me serais jamais laissée faire et je sais aussi que ni le patron, ni les clients ne l’auraient accepté ».

Hélène nous raconte le soir où, installée sur son canapé, elle a vu le reportage. « Je n’en croyais pas mes yeux ni mes oreilles, se souvient-elle. Je me suis dit : ‘mais c’est du mensonge !’ Je ne comprenais absolument pas, cela ne correspondait pas à l’endroit que je fréquente. Ici, quand j’arrive, parfois des hommes m’ouvrent la porte ! » Josette, 61 ans, autre cliente fidèle du bar PMU, est aussi très remontée contre France 2. « J’étais devant ma télé quand le reportage a été diffusé. A ce moment-là, j’ai failli jeter ma tasse de thé sur mon écran. Je me disais ‘mais c’est quoi ce bordel ?' »

Au Jockey-Club, Sevran (Seine-Saint-Denis).

Pourquoi la journaliste n’est pas venue nous voir et ne m’a pas interrogée, moi ? Je lui aurais dit que c’est complètement faux !

Il y a aussi Lucile qui vit à Sevran depuis 6 ans. « Je n’ai jamais eu aucun problème ici. Je rentre sans souci. Je viens faire mes jeux, prendre mon café », nous raconte-t-elle.

Même chose pour Elizabeth, une femme connue ici. C’est la maman de Cheick Kongo, un enfant de Sevran devenu star de MMA, parti s’installer aux États-Unis. « Je viens ici en toute sérénité. D’abord, parce que le patron est un homme bien et que je n’ai jamais eu aucun problème. Je viens jouer, ou bien je m’assois prendre mon café ou boire un verre le dimanche. En regardant le reportage, j’ai été extrêmement surprise. Je me disais : ‘mais pourquoi la journaliste n’est pas venue nous voir et ne m’a pas interrogée moi ?’ Je lui aurais dit que c’est complètement faux et que des femmes, il y en a plusieurs qui viennent dans ce bar ! »

Jacqueline Amsellem, une amie du propriétaire et de son épouse, cliente fidèle elle aussi, ne comprend pas non plus ce qu’il s’est produit. « Je suis de confession israélite, juive marocaine. Ils m’ouvrent toujours leur porte, je sais que si j’ai un problème, je peux compter sur eux », avance-t-elle. Et des récits similaires, de la part de femmes clientes du bar PMU, nous en avons recueillis de nombreux autres comme ceux de Justine, Josette ou encore Marie-Jeanne.

Dans ce bar PMU précisément, oui j’ai bien vu qu’il y avait des femmes et que c’était des clientes fidèles

Marie-Jeanne est aussi une cliente régulière du Jockey-Club à Sevran.

La présence de femmes dans le bar PMU d’Amar Salhi, nous ne sommes pas les seuls à l’avoir constatée. Matthieu Fauroux, aussi, journaliste à Complément d’enquête, émission diffusée sur France 2. Début janvier, il a passé plusieurs heures à Sevran dans le cadre de repérages pour un éventuel sujet d’un numéro consacré aux femmes. Il avait lui aussi poussé la porte du bar PMU d’Amar. « La séquence aurait été intégrée dans un reportage plus global sur la place des femmes dans l’espace public. J’ai passé une journée là-bas, j’ai même été voir d’autres cafés. Dans ce bar PMU précisément, oui, j’ai bien vu qu’il y avait des femmes et que c’était des clientes fidèles, je leur ai parlé ». Pourquoi alors ne pas avoir diffusé une enquête montrant que cet établissement ne rejette par les femmes, comme l’affirme pourtant le 20h de France 2 ? « Parce qu’on a décidé de faire autre chose, et moi, j’ai ensuite travaillé sur un sujet consacré à Jacqueline Sauvage », se justifie-t-il.

À cette époque, Amar Salhi s’entretient même au téléphone avec Nicolas Poincaré, le présentateur. « Il voulait venir faire un plateau dans le café en y installant les fameux fauteuils rouges. Nous étions prêts à le faire à la condition de récupérer l’ensemble de l’enregistrement de la caméra cachée. On nous a répondu que ce n’était pas possible, nous avons alors décliné la proposition ».

Finalement, dans ce numéro spécial de Complément d’enquête consacré aux femmes, diffusé le 9 février, il n’y aura eu ni fauteuils rouges dans le bar d’Amar, ni sujet sur Sevran.

Juste après qu’elles soient entrées dans le café, j’ai invité madame Remadna et madame Sayah à s’installer et à consommer mais ça n’apparaît pas dans le reportage de France 2

Amar Salhi, propriétaire du bar PMU, le Jockey-Club, Sevran (Seine-Saint-Denis).

Amar Salhi reproche à la journaliste, Caroline Sinz, de « ne pas avoir fait son travail, c’est-à-dire, venir voir par elle-même. Elle n’a pas mené d’enquête. Confier une caméra cachée à une tierce personne sans ensuite faire son travail de vérification, c’est délirant », nous confie-t-il. « Comment faire un travail journalistique sérieux sans venir sur place. Elle n’est jamais venue ici ! »

Surtout, le propriétaire critique fortement le montage de la séquence consacrée à son établissement. Tout d’abord, sur la durée, Amar Salhi affirme que les deux militantes de « la Brigades mères », Nadia Remadna et Aziza Sayah, sont restées environ 20 minutes sur place, alors que la séquence en caméra cachée consacrée à son bar diffusée à l’antenne ne dure qu’1 min 25 au total. Dans la vidéo telle que diffusée par France 2, on entend le commentaire de la journaliste indiquer que « le patron du bar n’a pas envie de discuter » en référence à celui qui a l’échange avec la militante Nadia Remadna et qui prononce à ce moment-là ces mots  : « Le mieux c’est d’attendre dehors. Ici, il n’y a que des hommes ». Amar assure que ce n’est pas lui que l’on voit et qu’on entend à ce moment-là. « Pourquoi le commentaire dit qu’il s’agit de moi, propriétaire, alors que j’étais à ce moment-là derrière le comptoir? Et pourquoi dire que le patron n’a pas envie de discuter alors qu’à aucun moment elles ne m’ont interpellé?« 

De plus, il jure qu’il manque un élément important, qui contredit l’affirmation du reportage. « Quand elles sont entrées à l’intérieur du café, bien avant le clash que madame Remadna a eu avec un client, j’ai vu qu’elles discutaient avec un groupe à l’entrée. J’ai alors fait le tour du comptoir et suis venu vers elles. J’ai invité madame Remadna et madame Sayah à s’installer et à consommer. J’étais à ce moment-là juste en face d’elles. Pourquoi France 2 n’a pas gardé et diffusé cet élément qui prouve bien qu’elles n’ont pas été interdites et qui est en contradiction avec le reportage ? », s’interroge le propriétaire. Il ajoute par ailleurs, leur avoir proposé, après l’altercation, de leur offrir à boire, ce qu’elles auraient refusé.

Ni moi, ni Aziza n’avons dit qu’il n’y avait aucune femme qui rentrait dans ce bar

Cette invitation à s’installer et à consommer a-t-elle eu lieu comme l’affirme Amar Salhi ? Nous avons posé la question à Nadia Remadna par téléphone. « Je ne me souviens pas. Je ne sais pas, je n’ai pas entendu. J’étais prise dans le truc », nous répond-elle. Pourtant le patron du PMU dit qu’il se trouvait « à 30 centimètres des deux femmes à ce moment-là« . « Elles m’ont forcément entendu », précise-t-il. Nadia Remadna nous affirme que « là n’est pas l’essentiel. On ne voulait pas de nous, voilà tout ». Nous l’interrogeons alors sur les femmes que nous avons vues dans le bar PMU, des clientes d’ailleurs fidèles. »Ni moi, ni Aziza n’avons dit qu’il n’y avait aucune femme qui rentrait dans ce bar. Ce sont les politiques qui ont ensuite surenchéri. Je ne suis pas responsable de ce que disent les gens », affirme Nadia Remadna. Puis, d’interroger : « Qui sont ces femmes qui rentrent? Des blondes aux yeux bleus ! Est-ce que ce sont les femmes comme nous, les femmes d’origine maghrébine ? Non ! » Ce à quoi j’ai répondu que je n’avais pas été mise à la porte et que j’étais entrée sans aucun problème dans ce bar et ce, à plusieurs reprises.

La salle du bar PMU du Jockey-Club, quartier Savigny, Sevran.

Un autre client, présent ce jour-là, assure que juste après l’altercation, il a proposé aux deux militantes de leur offrir à boire. « On se trouvait avec des copains en terrasse ce jour. On nous voit floutés au tout début de la séquence. Après le clash avec le client, j’ai demandé à Nadia Remadna et Aziza Sayah de ne pas mettre tout le monde dans le même panier, de ne pas tout mélanger. Je leur ai alors proposé de leur offrir un verre. Puis, je leur ai dit que je me portais garant pour que personne ne les importune. Mais pourquoi cet échange n’apparaît pas dans le reportage ? Pourquoi France 2 ne l’a pas diffusé ? » , s’interroge Mohamed Siba, technicien de 47 ans, résidant à Sevran.

Karim* est celui qui a prononcé LA phrase : « Dans ce café, il n’y a pas de mixité. On est à Sevran, on n’est pas à Paris. T’es dans le 93 ici ! C’est des mentalités différentes, c’est comme au bled ». « J’étais dans mon coin, tranquille, en train de préparer mes jeux où j’ai l’habitude de me rendre et de boire mon café, raconte-t-il au Bondy Blog. Elles ont commencé à nous parler de la Syrie, de son fils qui était parti là-bas. On lui a répondu que ce n’était pas notre problème. Elle a cherché à me provoquer, elles ont eu ce qu’elles voulaient entendre ». Lui aussi assure avoir proposé de leur offrir une consommation une fois l’incident clos et regrette que ce passage n’ait pas été gardé au montage.

Nous avons cherché à joindre Caroline Sinz, la journaliste auteur du reportage. Elle n’a pas souhaité répondre à nos questions, nous renvoyant au service de communication de France 2 qui nous indique « ne pas commenter le travail d’investigation des journalistes ».

Plainte contre France Télévisions pour diffamation et provocation à la haine raciale

Durant notre enquête, le nom de Nadia Remadna a hérissé bon nombre de témoins rencontrés. Tous disent regretter la stigmatisation de Sevran et de ses habitants à laquelle elle participe, selon eux, à travers ses apparitions médiatiques. « C’est son acharnement contre les musulmans, contre les habitants de Sevran qui a provoqué cela. La preuve, il y a des femmes dans ce bar », explique Mohamed Siba. Un militant associatif très actif à Sevran, regrette, sous couvert d’anonymat, la trajectoire politique prise par Nadia Remadna, qui aujourd’hui « flirte avec les discours d’extrême-droite ». Nous avons voulu interroger Nadia Remadna à ce sujet mais elle a refusé de répondre à nos autres questions.

Désormais, Amar Salhi s’en remet à la justice pour dit-il « retrouver [sa] dignité, celle de [sa] famille, de [sa] clientèle et faire connaître à tous la vérité ». Un huissier s’est déplacé jeudi 9 mars au siège de France Télévisions, avec ordonnance sur requête, pour tenter de récupérer l’enregistrement de la caméra cachée. Fin de non recevoir opposée par le groupe de l’audiovisuel public. Par ailleurs, le propriétaire a décidé de porter plainte contre France Télévisions pour diffamation et provocation à la haine raciale. « Le reportage contient des propos et diffuse des images à caractère diffamatoire à raison de l’origine et de la religion supposée du propriétaire« , explique au Bondy Blog Farid Bouzidi, l’avocat d’Amar Salhi.

Nassira EL MOADDEM avec Sabrina ALVES

Crédit photo : Frédéric BERGEAU

Lire nos autres publications :

Lettre ouverte d’un habitant de Sevran à France 2, lundi 12 décembre 2016

France 2 répond sans répondre, en interne des journalistes s’interrogent , vendredi 17 mars 2017

Reportage de France 2 sur le bar PMU de Sevran : un sénateur saisit le CSA, vendredi 7 avril 2017

Bar PMU de Sevran : aucun manquement de la part de France 2 selon le CSA, mardi 1er août 2017

Hervé Brusini de France Télévisions : Le reportage sur le bar PMU de Sevran a été un « bug »

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