La Seine-Saint-Denis n’est pas forcément le premier lieu auquel on pense pour séduire une fille. Et pourtant. Wael Sghaier s’est fait une spécialité de dévoiler la beauté de ce département. Il nous montre que le 9-3 regorge de lieux qui se prêtent tout à fait à conter fleurette.

La Seine-Saint-Denis est pleine de charmes. Il suffit de savoir la regarder. Wael Sghaier s’en est fait une spécialité. Il a arpenté pendant 5 mois à pieds, en bus, à vélo le département de son enfance à la recherche des petits émerveillements et des rencontres du quotidien. Cette expérience qui devait à l’origine être un mémoire de fin d’études de tourisme est devenue un récit de voyage : Mon incroyable 93, documentaire publié en septembre 2016. Alors quand Le Bondy Blog lui demande conseil pour faire craquer une fille (ou un garçon), évidemment, c’est dans le 9-3 qu’il nous emmène. Allez, venez, on vous montre.

Tout commence sur l’Île Saint-Denis, dans le parc départemental. Il n’y a quasiment personne l’été sur les chemins de terre battue qui traversent ses pelouses vallonnées. Des lapins se courent après sur le gazon fraîchement tondu. Derrière une haie d’arbustes, la Seine coule paisiblement. Quelques nénuphars flottent sur l’eau. « Les peintres impressionnistes, comme Édouard Manet et Alfred Sislay, venaient puiser leur inspiration ici », précise Wael Sghaier. En 1872, Sislay peint d’ailleurs Les berges de l’Île Saint-Denis. À gauche d’un petit chemin qui longe le fleuve, des touffes de petites fleurs violettes dans les hautes herbes font planer une douce odeur d’origan…

Dans le parc de l’Île-Saint-Denis, avec L’entrée du parc de la Haute-Île, avec Wael Sghaier.

À propos d’origan, vous n’avez pas un petit creux ? L’une des meilleures pizzas du pays, ça vous dit ? Direction Neuilly-sur-Marne. Le restaurant ne paie pas de mine. Décoration simple sur une avenue des plus banales. Et pourtant. « En 2015, je suis arrivé 21ème mondial au championnat du monde de pizza », sourit fièrement Saïd, le chef de la pizzeria « À toutes faims ». Wael Sgahier ne tarit pas d’éloge. La note est excellente sur Trip Advisor. « Dans la catégorie ‘éthique’, je suis arrivé sixième, reprend le pizzaiolo. Pas mal pour un mec qui a bac moins 5, non ? »

Maintenant, que diriez-vous d’une petite balade au bord de l’eau, pour digérer tranquillement ? Descendez sur le bord de la Marne. Longez les quais en remontant le courant. À l’endroit où la rivière se sépare en deux, traversez le petit pont de bois. Vous arrivez dans le parc départemental de la Haute-Île. Un petit coin de campagne au milieu de Neuilly-sur-Marne. « Ici, il y a le seul camping du 93 », s’amuse notre guide. À droite, un petit port de plaisance. À gauche, le canal de Chelles part tout droit, longé par une allée de graviers bordée de grands arbres. Au bout du chemin, le vrai parc commence. Une prairie, des plans d’eau et de tout petits sous-bois… Parfait pour se déconnecter deux secondes de la ville et du chuintement des voitures.

L’entrée du parc de la Haute-Île, avec Wael Sghaier.

Sur l’autre rive de la marne, on aperçoit une rue de Gournay-sur-Marne avec son ambiance de village. Mais déjà, le jour décline. Il est temps de rejoindre la ville et ses lumières. « Pour la soirée, on peut aller chez Fifi. Une vrai guinguette à l’ancienne, avec des bals musettes », s’enthousiasme l’amoureux du 93. Marche arrière. On longe le canal dans l’autre sens, on retraverse le petit pont de bois et on suit les berges de la Marne jusqu’à la fameuse guinguette.

Petit port de plaisance près du camping de Neuilly-sur-Marne.

On aime ou on n’aime pas mais le lieu a le mérite d’être singulier. Durant la journée, on y trouve des personnages qu’on dirait sortis d’un film de Jean-Gabin. « Attention à ta copine ici hein. Fifi risque de la piquer ! » Fifi, c’est le patron de la guinguette. Un personnage fort en gueule avec une gouaille de titi parisien. Et le soir venu, il organise des bals musettes. Des vrais. Les clients dansent au bord de la rivière au son de l’accordéon. C’est totalement désuet. C’est bien pour ça que c’est si charmant. Comme le baiser final à l’écran dans un vieux film en noir et blanc.

Alban ELKAÏM

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