La rentrée est déjà tendue au lycée Suger de Saint-Denis après la mutation d’un professeur, Pascal Stoller. Cet enseignant a appris sa mutation cet été, après 23 ans passés dans l’établissement. Réunis en collectif de soutien, collègues et élèves multiplient les actions pour obtenir sa réintégration. Reportage.

« Pas de Suger sans Stoller ». Lundi 4 septembre, lycéens, parents d’élèves, professeurs, mais aussi élus politiques se sont réunis à quelques pas du ministère de l’Éducation nationale, dans le VIIe arrondissement de Paris -à quelques pas seulement car la police leur a bloqué la route- pour demander la réintégration de Pascal Stoller au sein du lycée Suger de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis. L’enseignant a appris sa mutation fin juin, contre son gré, après 23 ans passés dans l’établissement.

Une décision du rectorat incomprise parmi le personnel éducatif et les élèves et qui marque un nouvel épisode difficile pour le lycée. En septembre 2016, l’agression d’un assistant d’éducation devant le lycée avait déclenché un mouvement de grève de plusieurs jours et en mars dernier, 55 élèves avaient été interpellés après des violences à l’intérieur de l’établissement.

« Touche pas à Suger ! Touche pas à Stoller ! »

Certes, le passage vers le ministère leur est barré par une dizaine de policiers, pour autant, les manifestants, une cinquantaine, n’en démordent pas. Ils multiplient les slogans de soutien, sur les paroles d’une célèbre chanson du groupe HK & Les Saltimbanks : « On lâche rien ! On lâche rien, walou walou ! » Sur la banderole rouge qui signale le début le cortège, on peut lire « Touche pas à Suger ! Touche pas à Stoller ! » Ce professeur, responsable de la section image et son au sein du lycée général et technologique, semble pour tous être un pilier de l’établissement. Sa mutation est vue comme une sanction par les membres du collectif de soutien. « Cette décision incompréhensible a profondément choqué, explique la mère d’un lycéen. Elle affaiblit notre lycée. Une décision arbitraire comme celle-ci ne permet pas une bonne transmission ».

Une sanction, mais pourquoi ? Tout commence au début de l’été, lorsque Pascal Stoller apprend qu’une commission administrative paritaire le concernant va avoir lieu. Celui qui a contribué à la création de la filière audiovisuelle au début des années 2000 prend alors connaissance d’un rapport ayant trait à son action pédagogique et à son comportement. Jusqu’alors, ses évaluations étaient pourtant excellentes.

Selon le collectif de soutien, Pascal Stoller paye le fait de ne pas s’être désolidarisé du mouvement de grève de 2016. Pire, il y a participé. « Il subit peut-être maintenant son défaut de loyauté à l’administration », lâche une collègue du professeur, souhaitant rester anonyme pour, dit-elle, ne pas subir le même sort.

« On ne lâchera rien tant que Pascal Stoller ne sera pas réintégré à Suger ! »

« Stoller sans Suger, c’est inimaginable. Il est nécessaire au bon maintien de la formation image et son qui fait d’ailleurs la réputation du lycée », explique une jeune manifestante qui se vante d’avoir suivi cette formation. Pour les professeurs, le défi est quotidien dans ce lycée situé dans le quartier du Franc-Moisin, classé zone urbaine sensible. « Un lycée et un territoire en danger », avance l’une des instigatrices du mouvement, qui dénonce le mépris du ministère à l’égard de la Seine-Saint-Denis. Et de poursuivre : « Aujourd’hui nous avons alerté, nous nous sommes mobilisés devant le ministère. Nous trouvons porte close. La mobilisation continue ! »

La mobilisation se poursuit également sur Internet : une pétition pour la réintégration de Pascal Stoller rassemble désormais près de 2 300 signataires. « On ne lâchera rien tant que Pascal Stoller ne sera pas réintégré à Suger ! » martèlent les membres du collectif qui organisent une réunion ce mardi à l’issue de laquelle un préavis de grève pourrait être déposé. Autre rendez-vous : un nouveau rassemblement est prévu mercredi devant le ministère de l’Éducation.

Contacté, le Rectorat fait valoir son devoir de réserve.

Célia KADI

Crédit photos : Patrice BRETTE

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