Des carcasses de voitures fumantes témoignent des événements de la veille. Loin de Nanterre, la ville de Strasbourg est devenue le théâtre de violences urbaines après la mort de Nahel, mardi 27 juin. Les soirs suivants, les éclats de mortiers d’artifice ont raisonné dans les quartiers populaires de la ville.
De jour, les heurts se retrouvent dans les discussions des habitants. « Ce qui s’est passé à Nanterre a touché beaucoup de jeunes », analyse Aziz*. Cet Habitant du quartier populaire de Cronenbourg, où le RAID a été déployé, dit avoir « compilé toutes les bavures policières dans [ses] réseaux depuis 2013. »
Pour Aziz, les flammes sont attisées par certains médias. « Nahel s’est fait salir. Est-ce qu’il méritait la mort ? Est-ce qu’il méritait une balle pour ça ? », s’exclame-t-il, en référence aux fausses informations qui ont circulé sur le casier judiciaire Nahel.
« Qui est en train gagner ? C’est l’extrême droite »
Sofiane a 36 ans et habite le quartier sensible du Neuhof, à Strasbourg. « C’est malheureux ce qui se passe, mais je pense que c’est un gros ras-le-bol. Et puis, les conséquences seront sur nous. Qui est en train gagner ? C’est l’extrême droite », professe-t-il. Sofiane le rappelle, en 2005, les révoltes urbaines ont duré trois semaines.
À Strasbourg, cette année-là, elles commencent au début du mois de novembre. Des véhicules sont carbonisés dans les communes limitrophes de Schiltigheim, Lingolsheim et au quartier de Hautepierre. Durant cette période, l’annexe du centre socioculturel du quartier du Marais à Schiltigheim est ravagé par les flammes. « Ce sera peut-être la même chose là », avance-t-il.
Les violences urbaines sont le résultat du mépris de ceux qui nous gouvernent
À Hautepierre, samedi 1ᵉʳ juillet, c’est la fête du quartier. Au milieu des festivités, plusieurs habitants se demandent comment la nuit va se dérouler. Geneviève, 70 ans, brandit une lettre ouverte de la Confédération nationale du logement dont elle fait partie. « Tuer un jeune pour un refus d’obtempérer, on ne peut pas accepter ça, lit-elle. Les violences urbaines sont le résultat du mépris de ceux qui nous gouvernent […] Il faut donner d’autres perspectives aux jeunes », complète Geneviève. Elle sait que son avis n’est pas forcément majorité et que beaucoup « n’ont pas le même regard sur la société ».
Le centre-ville inaccessible par transports
Vendredi, dans l’après-midi, des boutiques ont été vandalisées dans le centre-ville de Strasbourg, dont un Apple Store. En réaction, certains commerces ont fermé plus tôt ce week-end. La Compagnie des Transports Strasbourgeois a cessé toute circulation samedi, à partir de 13 heures. La préfecture du Bas-Rhin a interdit toute manifestation jusqu’au lundi 3 juillet. Interdit également : la vente et du transport d’artifices et d’hydrocarbure au détail, d’acides, de produits inflammables, chimiques ou explosifs.
Abdoulaye Diop